ABIDJAN-OUAGA:ECOUTES TELEPHONIQUES ROCH KABORE PREFERE REGLER LE SALE COUP A ABIDJAN

 PAC_1749  D’aucun  y voit un camouflet pour le N° 1 ivoirien ! Mais  pour certains diplomates,  il n’en est rien ! Juste une belle pratique  politique en gentlemen.

«Il y a des affaires que l’on règle et gère avec  diplomatie surtout lorsqu’elles engagent  la vie de deux  ou plusieurs  nations. La simple présence du chef de l’Etat  ivoirien à l‘investiture du  président Burkinabé  qui se déroule après  une transition qui a failli tourner au vinaigre avec  un coup d’Etat manqué, dont des personnalités sont accusées d’en être les instigateurs au nombre desquelles,  l’on cite, le N°2 ivoirien ne pouvait être abordé au clair soleil. Mais rassurez-vous que les yeux et les cœurs des deux hommes Ouattara et Roch Kaboré se sont parlé. D’où la prochaine visite de nouvel homme fort du Burkina-Faso à Abidjan en  2016…»,

a confié un diplomate  proche du pouvoir d’Abidjan, interrogé par ‘’ledebativoirien.net’’. Il réagit  à plusieurs analyses des médias. Entre autres celles-ci.

Plus que les huées que l’entourage du chef de l’Etat ivoirien redoutait, c’est finalement la mauvaise surprise de Roch Kaboré à Ouattara qui inaugure les tensions entre Abidjan et Ouagadougou à l’occasion de l’investiture du nouveau président burkinabé qui s’est présenté hier à ses concitoyens, dans un parc des sports des grands jours, comme le président de tous.

Roch et OuattaraEn raison des écoutes téléphoniques, elles-mêmes consécutives à la tentative de coup d’Etat raté de septembre dernier et aux accusations à peine voilées des autorités de la transition contre le voisin ivoirien, Alassane Dramane Ouattara avait envisagé un tête-à-tête avec son homologue burkinabé dans la foulée de l’investiture de celui-ci pour mettre tout à plat et pacifier les relations des deux capitales de plus en plus tendues.

Il n’en a rien été et le chef de l’Etat ivoirien est revenu, pour ainsi dire bredouille de son voyage au Burkina Faso.  Hier, son entourage a tenté de dédramatiser ce camouflet en affirmant que l’investiture étant une fête, ç’aurait été maladroit en ce  moment-là de vouloir coûte-que-coûte un tête-à-tête avec le nouvel homme fort du Burkina Faso.

C’est pourtant Ouattara lui-même qui a annoncé cet entretien, début décembre, pour parler des écoutes téléphoniques et apaiser les tensions entre Abidjan et Ouagadougou. Des tensions qui, depuis le coup d’état raté du Général Diendéré ont connu une importante poussée de fièvre. Prévisible.

Même si la bonne conduite des populations burkinabé a déjoué les pires pronostics du jour, l’arrivée de Ouattara dans la capitale burkinabé n’a pas gommé tous les malaises. On le sentait à l’applaudimètre mais aussi à travers l’absence du chef de l’Etat de la photo de famille, avec les autres chefs de l’Etat.

Finalement, l’annulation du tête-à-tête, qui était encore prévu dans la matinée, a montré qu’il va falloir plus que les discours pour que les deux capitales retrouvent leur sérénité d’autrefois. D’ailleurs, les burkinabé n’ont pas été à ce point courtois.

Les présidents sénégalais et béninois qui ont offert leur médiation, au nom de la Cedeao, lors de la tentative de coup d’Etat l’ont payé cash, puisqu’ils n’ont pas été pardonnés. Particulièrement à l’applaudimètre lors de la présentation des délégations. Mais   à ce jeu, c’est le président nigérien qui a battu le record, sans doute parce que son pays a fermement condamné le putsch du Général Diendéré. Ce qui ne fut pas le cas du voisin ivoirien qui va visiblement avoir du mal à pacifier ses relations avec Ouagadougou.

adoDiscorde. La pomme de discorde, elle, se nomme Blaise Compaoré. L’ancien président burkinabé est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice militaire de son pays.  Quoique pas encore en fonction en ce moment-là, le nouveau président burkinabé n’a néanmoins jamais fait mine de gérer autrement que par la justice le cas de son ancien mentor. Lors de sa première interview, il n’a d’ailleurs pas caché  la peur que Blaise Compaoré lui   inspire. «J’espère que Blaise Compaoré n’est pas en Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Burkina Faso», avait-il mis en garde. Depuis, de nouveaux signaux ont renforcé sa méfiance. Notamment, le refus des autorités ivoiriennes de livrer l’ancien homme fort de Ouagadougou.

Abidjan a en effet multiplié, ces derniers jours, les dénégations pour justifier son silence sur la délivrance d’un mandat d’arrêt international visant Blaise Compaoré. Cette situation a même fini par agacer le voisin burkinabé dont le procureur militaire a voulu connaître l’identité de l’autorité politique ou administrative ivoirienne qui démentait encore l’existence de ce mandat d’arrêt.

Or en plus du vieux contentieux sur la mort de Thomas Sankara, l’affaire des écoutes téléphoniques constitue une nouvelle pomme de discorde entre Abidjan et Ouaga. La justice militaire burkinabé vient ainsi de lancer de nouveaux mandats d’arrêt visant tous ceux dont les noms ont été cités dans le cadre de l’enquête. D’ailleurs des sources bien informées sont d’ores et déjà formelles sur la délivrance d’un nouveau mandat en direction d’Abidjan visant le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro.

000_6R6YQ_0Anticipant sur la question de l’immunité de Soro, lors de sa conférence de presse à Ouagadougou, le procureur militaire burkinabé a tranché la question en assurant que ce n’est pas le président de l’Assemblée nationale qu’il voit mais un individu dont le nom est mêlé à la tentative de coup d’Etat de septembre dernier. Toutes ces questions devraient être abordées hier au cours du tête-à-tête qu’Alassane  Ouattara avait annoncé à son retour de France début décembre.Mais visiblement, elles vont encore hanter les deux pays pendant longtemps. Abidjan devra donc accueillir ce vrai tête-à-tête manqué de Ouaga.

Avec autre presse

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