ABIDJAN :AFFAIRE « LE RÔLE DE L’OPPOSITION EST DE S’OPPOSER »- LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE DANIEL KABLAN DUNCAN  

KEAN ZOH 2 «Excellence Monsieur le premier ministre, quand je m’allie à un homme je ne passe pas derrière lui pour le tirer en arrière. Et quand cet homme trébuche, je suis toujours là pour le soutenir et empêcher qu’il tombe.

La présente lettre que j’ai expressément voulue ouverte se veut l’expression de l’intérêt particulier que je porte au second mandat de son excellence le président Alassane Ouattara et aux actions du gouvernement que vous avez la lourde responsabilité de diriger.

C’est pourquoi, avant de continuer mes propos, je voudrais encore une fois affirmer mon soutien à son excellence le président Alassane Ouattara avec qui je partage l’ambition d’œuvrer à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et à l’avènement de l’Ivoirien nouveau. Vous remarquerez aussi, excellence monsieur le premier ministre, que peu de temps après votre démission passée, je vous ai rendu hommage et salué le travail abattu par votre précédent gouvernement.

Cependant, et parce que pour moi le concept de l’Ivoirien nouveau est loin d’être un simple slogan politique, je tiens à attirer votre attention sur le rôle dans lequel vous semblez vouloir confiner l’opposition ivoirienne. En effet, le mardi 12 janvier 2016 dernier, vous exprimant sur l’absence de l’opposition du nouveau gouvernement, vous avez dit et je vous cite: « les partis au pouvoir doivent gérer le pouvoir et l’opposition doit s’opposer, pour l’heure actuelle, c’est comme ça que nous voyons les choses…»

lettreL’HISTORICITE DES FAITS

Excellence monsieur le premier ministre, quand on connait l’histoire de la Côte d’Ivoire, notamment celle allant de 1990 à nos jours, n’est-il pas risqué de considérer que le rôle de l’opposition est seulement de s’opposer?

Si par cette déclaration, vous avez voulu dire que l’opposition doit pouvoir s’organiser pour constituer un véritable contre-pouvoir, alors je vous comprends, même si là encore, il ne suffira pas simplement à l’opposition de le vouloir pour constituer un contre-pouvoir.

Par contre si votre déclaration exprime le désir de maintenir, vaille que vaille, l’opposition loin de la gestion des affaires de l’état, alors j’y vois une décision contraire à la nécessité pour les Ivoiriens de se mettre ensemble pour redonner la paix à notre pays.

J’avoue, excellence monsieur le premier ministre, qu’à l’étape actuelle de son histoire, la Côte d’Ivoire ne saurait s’accommoder de gouvernement de transition et de toute autre gouvernement de nature belliqueuse qui ne correspondrait pas au profond désir de paix des Ivoiriens. Toutefois, pour que la réconciliation et le renouveau soient effectifs, il nous faut nécessairement imaginer des voies et des moyens de travailler ensemble.

Non seulement notre passé récent et les ambitions actuelles de notre pays nous l’imposent, Mais aussi, l’Ivoirien nouveau qui constitue le cinquième chantier de votre gouvernement risque d’être considéré comme l’affaire d’un seul camp si rien n’est fait pour associer tous les partis qui le souhaitent à la construction de notre pays; qu’ils soient de la coalition au pouvoir ou de l’opposition.

Excellence, monsieur le premier ministre, si j’ai pris la liberté de vous adresser cette lettre ouverte, c’est aussi et surtout parce que le 18 novembre dernier, bien que mon parti, l’Union des Masses Populaires, n’appartienne pas à la coalition au pouvoir, j’ai écrit à son excellence le président Alassane Ouattara pour lui signifier notre décision de travailler avec lui.

Ma démarche se voulait un acte républicain et visait à mettre l’UMP à la disposition du président élu, afin de relever avec lui lettreles défis majeurs qui se posent à notre pays, au nombre desquels figurent en bonne place la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la paix. Dès lors, votre déclaration m’a semblé être une réponse directe à cette démarche pourtant républicaine.

Au nom de ma foi en la Côte d’Ivoire nouvelle et parce que l’Ivoirien Nouveau se construira aussi bien dans nos idées, dans nos actes que dans nos paroles, je me devais de vous répondre pour attirer votre attention. Car c’est ensemble, dans la vérité que nous avancerons sur le chemin de la réconciliation et de l’Ivoirien nouveau. Cordialement »

 Sylvain Kean Zoh ; Président de l’Union des Masses Populaires (UMP).

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