GRAND-BASSAM-El Hadj Dramé Moussa:«LES FEMMES IVOIRIENNES POURRONT FAIRE CE QUE LES HOMMES N’ONT PAS RÉUSSI», Imam principal de la mosquée FATIMAT ZAHARA

Entouré de ses proches collaborateurs,  il reçoit une délégation de l’ONG Fondation des Archanges basée à Akouédo Village-Abidjan, dans la soirée du vendredi  26 février dans sa mosquée à Grand Bassam, ville touristique ivoirienne classée au patrimoine culturel de l’Unesco. El Hadj Dramé Moussa Imam principal de la mosquée Fatimat Zahara de Grand-Bassam, membre du bureau exécutif du Conseil supérieur des  imam de Côte d’Ivoire-Cosim,

ambassadeur de la paix, distingué par la fédération paix universelle affiliée au système des nations unies et membre du groupe de contact de haut niveau, travaille en amont pour la paix notamment en période électorale…Selon lui, dans cet entretien au terme de la rencontre avec ses invités, il est temps de placer la femme au centre des activités de recherche de la paix et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.

  »’AIMER LA FEMME, C’EST AIMER LA RACE HUMAINE » 

IMG_20160226_181924Actif dans la lutte pour la cohésion sociale et la promotion de la paix, comme lors de la dernière élection présidentielle ivoirienne, qu’est-ce que cela vous fait d’être sollicité pour des actions de paix au sein des communautés?
Depuis 2009 nous avons commencé ce travail d’ambassadeur de paix avec le Forum des confessions religieuses. Nous avons quelques fois interpellé les autorités  et des  responsables des partis politiques sur le besoin de paix. La Côte d‘Ivoire est différent des autres pays de la sous-région. Il est riche au plan culturel et au plan spirituel. Toutes les communautés y cohabitent ; avec le nord qui se transfert dans  toutes les villes de la Côte d’ivoire avec des communautés que l’on baptise ‘’dioulabougou’’ dans l’harmonie totale.

Malheureusement, les politiciens ont voulu transformer cette cohésion qui existait depuis longtemps entre les Ivoiriens en une histoire politique. Mais Dieu nous a interpellés  pour dire: attention ! Et que les pays qui ont refusé le dialogue  ont fini par dialoguer après avoir mesuré les dégâts. Donc il ne fallait pas arriver  à la fracture. Malheureusement   notre  pays n’a pas pu échapper.

IMG_20160226_181851Lors de la dernière élection présidentielle d’octobre 2015, c’est le même travail que nous avons repris et nous avons été écoutés ; même si les débats ont été longs avec certains candidats, comme le jeune frère KKB avec qui nous avons  mis trois heures. Mais  tout s’est bien déroulé, ils ont fini par placer la Côte d’Ivoire en avant. Nous avons donc été écoutés  par les leaders politiques qui nous ont suivis et  tout le monde voit aujourd’hui le résultat. Mais comme les cœurs ne se sont pas encore retrouvés, nous n’allons pas  dire que notre mission est achevée. Nous continuons  notre mission pour que les Ivoiriens se retrouvent à nouveau comme ils étaient  unis par le passé.

 IMG_20160226_181459Est-ce dans le même ordre de mission votre choix par la Fondation Archanges qui est basé à Abidjan-Akouédo pour présider la journée internationale de la femme édition 2016 ? Comment interprétez-vous votre choix alors que Grand-Bassam est loin d’Abidjan!

J’ai compris autrement  que les initiateurs de cette grande cérémonie dédiée à la femme ont compris le message que la Côte d’Ivoires se transfère du nord au sud, de l’est à l’ouest. Et que l’Ivoirien du nord n’est pas différent de l’ivoirien  du sud, que celui de l’ouest n’est pas différent de celui de l’est. Sinon Grand-Bassam-Abidjan il y a une distance. Il n’y a pas d’ivoirien de l’autre côté.

Nous sommes tous les fils d’un même pays. C’est le seul pays au monde où il y a un forum de l’ensemble des confessions religieuses. Choisir un imam, c’est comme choisir l’évêque d’Abidjan à Akouédo, c’est comme choisir le pasteur de Korhogo, c’est  comme choisir le prédicateur de l’Eglise Harriste d’Aboisso. Choisir un seul chef religieux en Côte d’Ivoire, pour présider votre action,  c’est comme mettre la main sur l’ensemble des religieux en Côte d’Ivoire.

Les ivoiriens doivent reconnaitre que  les femmes ivoiriennes ont beaucoup travaillé pour le maintien de la paix dans notre pays. Bien avant l’indépendance,  il y a eu la glorieuse marche des braves femmes de Grand-Bassam sur le pont de la victoire pour réclamer la libération de leurs époux. Tout près en 2011, lorsque la situation était difficile ce sont les mêmes femmes qui ont interpellé les leaders politiques et l’appel a été attendu.

IMG_20160226_180731C’est pour dire que Dieu ne s’est pas trompé à travers  le saint Coran pour dédier le chiffre quatre(4), la maison mystique,  à la femme. Le chapitre 4 du Coran est dédié à la femme. Les gens pensent que l’islam a toujours été contre la femme. Et qu’il n’y a pas de différence avec nos traditions malinké africaines qui n’accordent  pas une place de choix à la femme, alors que l’islam, toujours été du côté de la femme.

L’islam lutte pour l’égalité ente l’homme et la femme à partir du moment  où Dieu a donné une place  importante  à la femme dans le saint coran  pour qu’elle puisse se prononcer en assemblée annuelle. Du temps du prophète, elles participaient aux discussions très avancées hommes-femmes. La femme  occupe une place très importante dans la religion. Il faut faire la différence entre religion et nos traditions. Je serai le  12 mars aux côtés de  nos mamans à Akouédo.

IMG_20160226_181943 Alors, en prélude de la journée  internationale de la femme, que dites-vous  à toutes ces femmes qui œuvrent pour la paix?

Tous  les guides religieux et l’ensemble des décideurs doivent aimer la femme. La femme est celle qui donne la vie, elle ne la crée pas et elle l’entretien…Même dans la bible  vous verrez la position de la Vierge Marie dans la foi catholique  ou chrétienne. Dans la religion musulmane vous verrai la position de Fatima Zahara  la fille du prophète. Aimer la femme, c’est aimer la race humaine ! Chacun de nous doit le comprendre et y adhérer.

Pour le 8 mars, les femmes nous ont déjà devancé, elles étaient là au moment  où personne n’était là ! Bien avant la Côte d’Ivoire, pendant que la Côte d’Ivoire et après, elles seront là pour éduquer l’humanité. Éduquer une femme comme le dit le prophète c’est éduquer toute l’humanité, éduquer un homme, c’est éduquer un individu.

IMG_20160226_180951Les femmes ivoiriennes doivent être soutenues. Et reconnaitre leur bien fait et les envoyer en mission  pour travailler pour la cohésion nationale. Les hommes ont échoué dans ce domaine, nos  mamans  pourront faire ce que nous les hommes n’avons pas pu réussir : l’unité  et la cohésion nationale.

Depuis Grand-Bassam

Par HERVE MAKRE

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