Abidjan-crise militaire, grève des fonctionnaires, crise dans l’agrobusiness-Zady Djédjé explose : «Notre pays s’éloigne tout doucement de  la démocratie…attention !»

par H.MAKRE

La situation sociopolitique ivoirienne dominée  par la révolte des soldats et des fonctionnaires, mais aussi par l’actuelle crise dans l’agrobusiness interpelle les acteurs politiques. «J’invite cette année, le président de  la république  à engager un dialogue franc avec toutes les forces vives de la nation afin d’éviter le chaos à  notre pays», lance, le président du Front Populaire Uni, Zadi Djédjé. Cet  opposant centriste estime que seul un dialogue de vérité pourra permettre au gouvernement d’apprécier le ton donné par les soulèvements en ce début d’année. Un avertissement ! Dans la peau de l’opposant Zadi Djdjé avec ledebativoirien.net.

zadi
Vous avez été candidat, disons malheureux aux législatives 2016, pensez-vous que cette législature qui s’ouvre sera différente de la précédente ?

Je voudrais remercier les  populations de Gagnoa, qui  nous ont accordé leur confiance, mon colistier Youssouf Diabaté, un fils bien aimé de la cité du Goh et moi. Il faut savoir que Gagnoa est  le bastion pro-Gbagbo et arriver derrière le Rhdp qui est roue libre à l’échiquier politique national a été un excellent résultat pour nous.

Nous disons merci aux populations qui se sont  mobilisées pour nous. Nous préparons  les échéances de 2020. Cette législature, qui est la première sous la 3ème république sera-t-elle différente de  la précédente, je n’en sais rien ! Cependant, j’espère que cette Assemblée  nationale ne sera pas celle qui prend ses  lois dictées depuis la présidence de la république.

Que les députés avant d’adopter  ou de voter des textes se rendent auprès de leurs électeurs pour les leur proposer, expliquer avant tout vote. Ce sont les  populations qui les ont élus et non le contraire.

 Mais voilà que l’Assemblée nationale n’a pas encore siégée que le gouvernement en début de la nouvelle année est secoué  par deux graves crise, l’une avec les militaires et  l’autre avec les fonctionnaires. La 3ème république est-elle mal partie ?

zadi djedjeJe pense que tout le monde, observateur national ou extérieur, apprécie. Je ne suis pas membre du gouvernement donc je ne mesure pas l’ampleur de la situation qu’il vit. Mais ce que je sais, c’est que c’est la population qui souffre. Il n’y a pas que la population qui empathie quand  l’environnement politique bouillonne, il y a que les activités économiques sont  bloquées. Et là, c’est  toute l’économie du pays qui prend le coup.

La situation sociopolitique suit la marche du  gouvernement. Si le gouvernement  au nom de  la continuité de  l’Etat respecte les engagements  pris, tout va. Si c’est  le contraire, c’est  déplorable. Donc je ne sais pas si la 3ème république est mal partie. J’invite toutefois, le gouvernement  à tout mettre en œuvre pour  un pays stable.

Pensez-vous qu’il a bien géré ou réglé cette situation de tension ?

Je ne sais  pas si le gouvernement a réglé les problèmes posés. Ce sont des questions corporatistes et sociales.  Mais je dis de penser au peuple. C’est lui qui souffre et qui sort perdant de telles situations. Parfois, nos dirigeants négligent les  problèmes  et certains détails, or le mal se trouve dans les détails. Quand je vois ce qui se passe et qui arrive, j’ai un regard triste et je pense à Houphouët-Boigny.

Il faut éviter les situations provoquées par certaines décisions dont les conséquences  ne sont pas mesurables. Je pense  à ce qui est arrivé à Henri Konan Bédié avec le retour des soldats de la Centrafrique en  1999. Il faut faire attention !

Mais les nouvelles nominations au sein de l’armée ivoirienne, ne sont-elles pas une réponse adéquate devant la colère des militaires ?

zadddJe pense bien  que les  militaires ont revendiqué 5 millions FCFA, une villa. Je n’ai  pas vu ou entendu dire qu’ils ont revendiqué pour des nominations. Encore moins les fonctionnaires. Notre pays s’éloigne tout doucement de  la démocratie. Les frustrations entrainent  toujours des révolutions ou des révoltes.

Même avec ces nominations dans l’armée nous constatons qu’elles sont dominées par les ressortissants du nord, alors que c’est contre ce genre de vision que le président  Ouattara s’est opposée. Et c’est ce qui a causé la rébellion de septembre 2002 parce que dit-on, les gens du nord étaient exclus des nominations et autres.

Face  à ce que nous voyons et constations, que  vont penser tous ceux qui ne sont pas du nord ? Je voudrais  inviter  nos dirigeants  à penser au bien de  la Côte d’Ivoire et non  au bien de certains  individus ! 

Il n’y a pas que la mauvaise humeur des militaires et des fonctionnaires en ce début d’année 2017. Il y a aussi une forte grogne des souscripteurs dans l’agrobusiness. Qu’en savez-vous ?

Là où l’on parle de souffrance de nos  populations, je suis concerné et je dois être là avec le peuple. Ce  que j’apprends en ma qualité de président d’un  parti  politique n’est pas bon! Nous avons des amis, des frères et des militants qui sont dans ce  problème. Donc je réagis en tant que président du Front  Populaire Uni.

Ma question c’est que, où était le gouvernement lorsque que des opérateurs économiques  ont lancé ce business ? Durant des années ils ont laissé des opérateurs agir et au moment où les populations attendent le retour de l’investissement, c’est en ce moment que le gouvernement parle d’arnaque. Non, ce n’est pas clair !

Je voudrais inviter les  populations au calme et appeler  le gouvernement  à une gestion claire de cette situation qui doit être appréciée sainement. Nous pensons que là où il est question de l’argent des populations, l’Etat doit veiller aux intérêts de celles-ci. La télévision nationale a fait de larges diffusions de la réussite de l’initiateur de cet agrobusiness qui a même reçu un prix des mains d’un ministre de la république.

zadfy 1D’où vient-il que le gouvernement subitement, alors que la population réclame  son argent parle d’arnaque et bloque les comptes des entreprises en question pour ne pas que les souscripteurs entre en possession de leur argent. Ce n’est pas clair ! Le gouvernement est-il complice de cette arnaque ? Il est  là  pour le bien des populations.

Je demande  à la population d’être vigilante. Et je demande au président de la république de trouver un cadre pour la restitution de l’argent des souscripteurs. Le gouvernement parle de 22 milliards FCA pour des milliers de souscripteurs, c’est trop d’argent. Qu’un cadre soit trouvé pour recevoir le principal acteur de l’agrobusiness.

C’est une affaire délicate qui doit être gérée avec dextérité, c’est pourquoi nous ne sommes  pas d’accord quand  le porte-parole du  gouvernement dit que les  ivoiriens aiment l’argent facile. Non ! C’est  une affaire. Que l’argent des souscripteurs  leur soit versé.  On ne sait jamais d’où peut partir un violent vent !

A quoi pense le  FPU ?

zadiNous préparons l’organisation des échéances de 2020. Nous procéderons dans les semaines  à venir à  l’investiture de  nos fédérations d’Abidjan. Je formule pour les ivoiriens une année de paix, une année qui verra la libération de tous les  prisonniers politiques, une année  qui verra le retour de tous les exilés, une année de respect de la liberté d’expression où le vivre ensemble sera  une réalité.

J’invite cette année, le président de  la république  à engager un dialogue franc avec  toutes les forces vives de la nation afin d’éviter le chaos à notre pays. Car c’est dans le dialogue qu’on obtient la paix. C’est pourquoi je salue la levée de mot d’ordre de grève des fonctionnaires.

J’invite le gouvernement à trouver une solution  à tous les problèmes soulevés pour éviter une année blanche à la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi je voudrais demander au gouvernement de penser à la population qui a trop souffert cette décennie. Nous ne voulons plus de violence, de grève mais  une Côte d’Ivoire en paix.

Entretien réalisé  par H.MAKRE

© 2017, redaction. All rights reserved.

Du même auteur