Abidjan-il y a 20 ans-la légende john pololo-forever: janvier 2000 janvier 2020 un géant de la rue naissait !

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Il était une fois un gentleman à une autre allure dans les rues de la capitale économique ivoirienne.Chacun de ses passages est un scandale ou crée l’émeute Un Nouveau style et maître de la rue. SAHIRI GNADRE LAZARE alias JOHN POLOLO dit SOGBI JONATHAN. Il est né en 1962. La génération actuelle ne l’as pas connu. Mais à évoquer son nom et tous ceux des années 1980 à 2000 se souviennent. Tant ses frasques dans les rues ivoiriennes étaient retentissantes. Il reste pour bon nombres d’admirateurs et mêmes détracteurs, le loubard de charme le plus populaire de Côte d’Ivoire. Cela fait 20 ans qu’il n’est plus du monde des vivants. Une visite chez John.

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Le caïd des années 1970-1980. Les banlieues abidjanaises s’en souviennent encore. JOHN POLOLO était un expert en arts martiaux.Son coup de pied était d’une grande précision et laissait difficilement ses adversaires sur pied. Au point où le mythique maître d’arts martiaux des yangs, feu Jules Badauds Arthur tombe sous le charme de ce jeune lion aux dents longues. Il a marqué l’adolescence de millions de jeunes ivoiriens. Grand pratiquant d’arts martiaux, grand danseur alliant karaté et gestuelle musicale. Il crée un style, une démarche et style d’habillement. C’est de cette atmosphère de violence, où les gangs régnaient sur les communes du district d’Abidjan que Pololo construit sa notoriété. Des gang tels, les « Dalthons » à Koumassi, les « Mapléciens  » à treichville, les « Faraimois  » à Marcory et les Yangs -système à Adjamé etc. ont régné dans les différentes communes d’Abidjan. Une influence sur la jeunesse qui se répandait sur tout le territoire ivoirien. Début de la création du  »noussi » argot ivoirien qui est devenu, aujourd’hui un véritable langage de la société ivoirienne. Avec lui, naît la danse gnamagnaman, le ziguéhi, les néologismes dans le langage populaire ivoirien comme  »ya fohi, enjaillement, je vais te kouman, gawa, yèrè etc. Il vulgarisé la musique de nombreux artistes comme l’ivoirien Kéké kassiry.

Plusieurs anecdotes concernant le caïd virevoltant circulent toujours dans le milieu des gros bras

C’est que les adversaires les plus redoutables de john Polo reconnaissaient en lui son leadership et son charisme. Son combat avec « Grand Vegas, candidat déclaré à la tête de l’association des ziguehi de Côte d’Ivoire n’a pas été un succès pour lui à l ‘époque ». Las Vegas deviendra son ami avec qui, il a séjournera quelques années en France. L’on se souvient encore de la bagarre évitée de justesse à la rue princesse de Yopougon, entre lui et « Alassco de Paris », un autre monstre des combats de rues. Sachant qu’il ne pouvait remporter l’épreuve de muscle face à Alasco de Paris qui était l’etoile montante du mouvement ziguehi, Pololo a usé de malice pour éviter le combat. Après cet affrontement évité « Alasco de Paris » met alors tous les loubards aux respects parce qu’il venait de faire reculer le »géant de la rue ». La plus grande tactique était de parvenir à vaincre psychologiquement les adversaires apparemment plus forts que lui avant de les battre physiquement. Il était avec tous les groupes de loubards tels que les Mapléssiens, les Farèmois, les Youpléss, la Gestapo d’Abobo…

83456203 884015672020325 8835116558188544000 nEn bon stratège John Polo pouvait faire de ses adversaires ses alliés. Son aura planait sur le mouvement Ziguehi au point où il devient le chef de tous les loubards en 1990. Ceux que l’on appelaient les « vagabonds salariés » à l’époque. Son courage lui a ouvert les portes du palais présidentiel. Il a été ainsi, le seul sinon, l’un des seuls loubards à avoir rencontrer Félix Houphouet-Boigny, premier président de la République de Côte d’Ivoire. Une rencontre qui permit de réorganiser le mouvement ziguehi avec une bourse mensuelle de la présidence de la république. Il conduit de nombreuses hautes personnalités à reconsidérer les loubards. A la première rencontre au domicile du président Houphouet-Boigny, il leur dit, selon témoignage laissé par John Polo:  » On dit c’est vous les loubards d’Abidjan ». John Pololo qui était le chef dit qu’ils ont tous pris peur. Et le président de les rassurer et qu’il leur demande de s’assagir. Il ne les arrêtera pas, mais qu’il a besoin d’eux comme garde du corps pour sécuriser son staff et l’accompagner dans ses tournées et campagnes partout le pays. Il leur promet science tenante un salaire mensuel. Ce jour-là, Houphouet-Boigny leur remettra 10 millions F CFA. A la mort du président Houphouet-Boigny, son successeur Henri Konan Bédie ne suivra pas sa vision visant à canaliser toute cette énergie de la rue positivement.

John Pololo aura perdu quatre combats de rue: contre Ben Chico, contre le grand Blocus, champion de boxe dans les années 1970 et 1980, contre Maître Jules Arthur Bado du Yang System et contre un Para commando burkinabé.

Au niveau culturelle et son héritage

83772845 529340444347419 6328758478160527360 nJohn POLOLO est auteur d’un album et créateur de la danse GNAMAN-GNAMAN mis en lumière par le célèbre groupe RAS avec Power et Turbo (Guy Vincent Kodja devenu aujourd’hui Bishop, un chef religieux). Tous les mélomanes ont encore en mémoire sa colère contre la méga star du reggae Alpha Blondy au sujet de sa chanson « ya fohi ». Polo exige que la star lui reverse des droits pour avoir utilisé son néologisme « ya fohi’ sans son accord. Pour parvenir à un accord entre les deux s hommes, la star de la rue a mis au tapis le gros bras d’Alpha Blondy en sa présence. L’affaire entre les deux hommes est réglée.
John Polo a connu la prison, la célèbre prison d’Abidjan la MACA qui lui permit de faire la connaissance de Soro Guillaume, Blé Goudé Charles, Damana Pikass. Il devient leur gros bras dans la prison. Un vrai champion qui affronte ses adversaires sur leur propre terrain. Ce qui fait sa particularité, il prenait à maintes fois la défense des plus faibles, ce qui accroissait sa notoriété dans la rue. Il crée une grande société de gardiennage pour occuper tous ses compagnons ziguéhi.

Une nouvelle ère s’ouvre sur la Côte d’Ivoire. Le 24 décembre 1999 avec la junte militaire dirigée par le général Robert Gueï. Il prend le pouvoir. L’une des priorités de la junte militaire, était de se débarrasser de ceux qui constituaient le bras séculier du régime PDCI du président Konan Bédié en fuite. Il faut neutraliser tous ce qui pouvait constituer les obstacle. Et JOHN Polo en faisait partie. Un jour, en début d’après midi, suite à une altercation avec un chauffeur, dans la commune d’Abobo le PC CRISE, la force d’intervention rapide mise sur pied par la junte au pouvoir est alertée et JOHN est interpellé. Selon les sources concordantes, il sera durement torturé avant d’être exécuté sur ordre des autorités militaires. C’était un 13 janvier 2000. Une date qui restera gravée dans la mémoire de ses partisans, car la nouvelle qui fait d’un trait le tour de la capitale a semé l’émoi. Un gros bras aimé et détesté à la fois. Deux semaines plus tard, c’est au tour d’un autre caïd « Alasco de Paris » qui sera abattu par un officier de la marine après avoir battue violemment sa conjointe. Avec ces deux exécution extrajudiciaires, le mouvement Ziguehi alors à son apogée connaîtra un déclin spectaculaire avec la disparition de ces icônes.Le mouvement s’est réorganisé. ici a vécu une icône mal aimée ou bien aimée. John Polo! Forver!

par Martial Tahou (avec H.M)

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