Guillaume GBATO Coordonnateur par intérim fait l’état des lieux et propose
ETATS DES LIEUX
En ce début d’année 2020, notre pays, la Côte d’Ivoire est de plein pied dans l’organisation de l’élection présidentielle prévue à la fin du mois d’octobre prochain. Et, le moins que l’on puisse dire c’est que cette prochaine élection ravive les souvenirs de la radicalisation des positions politiques, en 2010, qui se sont soldés par des violences importantes, ayant entrainé la mort de plus de 3000 personnes selon un bilan des Nations Unies. Les populations sont d’autant plus inquiètes que l’année 2019 s’est achevée dans la confusion générale, avec l’émission d’un mandat d’arrêt contre M. Soro Kigbafori Guillaume, ancien président de l’Assemblée nationale et candidat déclaré à la prochaine présidentielle, accusé par les autorités d’atteinte à la sûreté nationale.
Suite à ce mandat d’arrêt, plusieurs proches de M. Soro, dont des parlementaires ont été mis aux arrêts dans des conditions dénoncées par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme comme étant illégales et gravement attentatoires à leurs droits fondamentaux. C’est dans ce contexte de vives tensions que le gouvernement a convié, les 8 et 9 janvier 2020, les partis politiques et les organisations de la société civile à des discussions sur le code électoral. Selon le calendrier du gouvernement, ces discussions doivent se poursuivre dans des comités restreints, à déterminer ultérieurement, et devront s’achever au plus tard fin janvier 2020.
Notre position
Le déroulement de l’ensemble des processus électoraux, depuis 2010-2011, a mis à nu la fragilité de la situation, résultant d’une appropriation insuffisante, par les Ivoiriens, de la démocratie dans notre pays. Il a également mis en exergue la récurrence de la violence sur la scène politique ivoirienne, comme en témoigne le fait que les élections législatives et locales de 2011, 2013, 2016 et 2018 ont été marquées par des menaces, violences, et de multiples contestations des résultats. Il a enfin mis en évidence la confiance limitée, voire insuffisante, dans la Commission électorale indépendante (CEI), accusée, à tort ou à raison, de partialité dans l’organisation ou la proclamation des résultats.
Tirant les conséquences de ce qui précède, il nous paraît important pour toutes les parties prenantes au processus électoral en Côte d’Ivoire, de profiter de l’opportunité de ces nouvelles discussions, pour mettre toutes les questions relatives au processus électoral, dans son ensemble sur la table, afin de trouver des solutions consensuelles qui rassurent les populations. A commencer par la mise en place d’une CEI véritablement inclusive et impartiale, en passant par la question de la carte nationale d’identité (CNI), notamment son coût jugé trop élevé, le découpage électoral, l’inscription, notamment des jeunes sur la liste électorale, la sécurisation du processus électoral etc. Malheureusement, les premiers propos du premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, qui dirige les débats, ne semblent pas aller dans ce sens.
Nos recommandations
Nous, Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest, section Côte d’Ivoire (FOSCAO CI), préoccupé par la situation sociopolitique qui se radicalise de plus en plus à travers les discours à un moins d’ un an de l’élection présidentielle de 2020 : Félicitons la communauté internationale notamment les Nations Unies, l’Union Européenne, l’Union africaine, la CEDEAO et les partenaires bilatéraux tels que la France, les Etats unis, le Canada et la Grande Bretagne et l’Allemagne, pour leur soutien constant à la Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies
- Félicitons le gouvernement pour la reprise du dialogue politique sur les conditions générales d’organisation des élections
- Félicitons les partis et groupements politiques qui ont décidé de rejoindre la table de discussion
Au Gouvernement
- Demandons une plus grande implication des parties prenantes, par l’ouverture des discussions à tous ceux qui le souhaitent, à commencer par notre organisation, le FOSCAO Côte d’Ivoire
- Demandons d’étendre les sujets de discussions à la CEI et à ses démembrements dans les régions, départements, communes et sous-préfectures.
- Demandons que toutes les questions pouvant concourir à l’organisation d’élections crédibles, inclusives et démocratiques soient débattues et traitées de façon consensuelle
- Demandons la libération de tous les prisonniers civils et militaires, y compris les dernières personnalités mises aux arrêts suite à la procédure contre M. Soro Guillaume pour créer un climat propice à la sérénité des débats
- Aux partis et groupements politiques
- Demandons de persévérer dans la voie du dialogue et de ne recourir qu’à des moyens pacifiques et légaux dans la recherche de solutions à tous les différends qui pourraient subvenir au cours du processus électoral.
- A la Société civile
. Demandons de s’impliquer fortement et à tous les niveaux dans un suivi-évaluation rigoureux de tout le processus politique et électoral, en vue de contribuer, par ses observations et critiques, à la mise en place de mécanismes efficaces pour l’organisation d’élections transparentes, inclusives, démocratiques et équitables en 2020.
- Aux partenaires au développement
Demandons de soutenir les initiatives de la société civile ivoirienne, en mettant l’accent sur la construction d’un mouvement citoyen impartial, capable de se déployer sur toute l’étendue du territoire national, pour accompagner toutes les étapes du processus électoral.
Fait à Abidjan, le 14 janvier 2020
Pour le FOSCAO Côte d’Ivoire
Le Coordonnateur par intérim
Guillaume GBATO
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