Scandale! Aboisso : comment 137 mineurs en provenance du Bénin et de Togo sauvés des mains de trafiquants d’êtres humains

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stop au trafic d’enfants

Un reportage sur une opération de police financée par le Comité National de Surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS) et dirigée par la sous-direction de la police judiciaire en charge de la lutte en charge de la lutte contre la traite des enfants et la délinquance juvénile et l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT) à Aboisso met en lumière l’action qui a sauvé 137 enfants de l’exploitation et de la traite. Les enfants sauvés lors de cette opération ont été conduits au village SOS d’Aboisso en attendant de mener des enquêtes pour retrouver leurs parents. Voici l’opération.

Le vendredi 10 janvier 2020, un équipage de l’UCT siffle un car en provenance de Noé pour Abidjan. A son bord Diaby, un chef convoyeur d’une société de transport ivoirienne qui dessert la destination Abidjan-Cotonou au Bénin. En plus de sa profession, ce cinquantenaire révolu à l’apparence frêle, entretien un juteux business qui lui permet d’arrondir ses fins de mois. Depuis quelques temps, il est en rapport d’affaire avec Tchokpohoue Kou Segnanou, un togolais de 43 ans. Malheureusement pour ces deux personnes, leur magouille sera mise à nu par les fins limiers de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT) conduits par l’Adjudant Toh Salif.

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Les deux lascars essaient de faire passer entre les mailles des forces de l’ordre des mineurs en provenance du Bénin et de Togo. La supercherie sera fort heureusement découverte lors des contrôles. Ces enfants n’étant pas accompagnés ont tôt fait d’attirer l’attention des policiers. Face aux questions des policiers, les enfants dénoncent Tchokpohoue Kou Segnanou, leur convoyeur. Malheureusement pour ce dernier, il ne dispose d’aucune procuration des parents biologiques des enfants lui donnant le droit et la responsabilité pour convoyer ces enfants à Abidjan. Harcelé de questions, il se mettra à table en citant son acolyte Diaby à qui il remet de l’argent à chaque passage pour assurer son business.

Un drame parmi tant d’autres découvert à l’occasion de l’opération de police dont le nom de code est « Bia III » initiée et financée par le Comité National de Surveillance des actions de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfants (CNS) présidé par Madame Dominique Ouattara, Première Dame de Côte d’Ivoire et conduite conjointement par la Sous-Direction de la Police criminelle en charge de la lutte contre la Traite des Enfants et la délinquance juvénile et l’unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT) avec l’assistance d’Interpol. Ainsi, après Bia I en 2009 et Bia II au Ghana en 2011, cette nouvelle opération « Bia » III a eu pour théâtre d’action la zone d’Aboisso dans la région du sud-comoé. Zone de production du cacao et porte d’entrée de la Côte d’Ivoire en venant du Ghana, le département d’Aboisso est un point névralgique dans la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Une réalité sociologique que la Première Dame Dominique Ouattara, Présidente du CNS et les structures impliqués dans cette opération de police ont décidé d’exploiter pour donner un signal fort aux exploitants et aux trafiquants d’enfants.
Nom de code « Bia III ».

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la police a  promptement réagit face aux trafiquants d’enfants à Aboisso

En effet du jeudi 09 au vendredi 10 janvier 2020 soit des jours ouvrables où les enfants sont censés être en classe, une trentaine de policiers de ces deux unités appuyés par des policiers locaux ont investi la ville d’Aboisso. Leur objectif : mener une opération de recherche des enfants exploités dans les plantations ou sous d’autres formes dans la localité d’Aboisso. Cette mission de répression s’inscrit dans le cadre global de la lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants. Aussi, les acteurs impliqués dans la lutte contre la remédiation de ces phénomènes ont décidé de passer à la phase de la répression. C’est pourquoi pour plus d’efficacité sur le terrain, le modus operandi de Bia III a consisté pour la première journée à investir les plantations et les villages à la recherche d’enfants en situation d’exploitation et de travail. Pour la seconde journée, il a consisté à procéder à des contrôles de véhicules aux fins de rechercher des enfants non accompagnés et donc susceptibles d’être convoyés pour des fins d’exploitation et de traite. Dès la première journée, au regroupement, le commissaire divisionnaire Kouadio Yéboué Marcellin, Préfet adjoint de police d’Aboisso a donné les couleurs de l’opération. «( …) Vous conviendrez avec moi que la Côte d’Ivoire est un grand pays agricole. Nous sommes le premier producteur au monde du cacao, et aussi, nous avons un rang honorable pour le café et d’autres matières agricoles. Mais l’actualité fait que l’image de la Côte d’Ivoire est ternie par la traite des enfants. On colle cette sale image à la Côte d’Ivoire », a-t-il déclaré avant d’appeler les policiers à s’approprier cette visite pour se lancer à la recherche des enfants exploités dans les plantations. Gonflés à bloc après ce discours, les policiers chapeautés par le commissaire Zaka Luc, sous-directeur de la sous-direction de la police criminelle en charge de la lutte contre la traite des enfants et de la délinquance juvénile et du capitaine (..) de l’UCT ont investi le terrain selon le découpage fait par leur hiérarchie.

Le modus opérandi : quadriller Aboisso

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la police déjoue un grand trafic d’enfants à Aboisso

Ainsi, les localités d’Aboisso ont été segmentées en quatre postes de commandement et placés sous la responsabilité d’un officier de police. Le poste de commandement d’Aboisso a été placé sous les ordres du commissaire Alingra Marie Léa. Le poste de commandement Bianouan qui couvre la zone de Bianouan et Songa a été placé sous la responsabilité du capitaine Gbra Jérémie. Quant à celui de Soubré couvrant le village de Soubré et Ketezo, il a été placé sous le commandement du lieutenant N’Guessan Koffi Jérôme. Enfin, le commandement de Yahou a été placé sous la responsabilité du capitaine Angah Rosa d’Isabelle. Ainsi, quadrillé les hommes du commissaire Zaka Luc ont investi le terrain. Cette première journée a permis de secourir une quarantaine d’enfants découvert en situation d’exploitation et de traite dans les plantations ou exerçant un métier dangereux pour son âge. L’âge de ces enfants sauvés lors de cette première journée varie entre 6 et 17 ans.

Une moisson plus qu’honorable : plus d’une centaine d’enfants arrachés aux mains des trafiquants

Après la première journée, la seconde a constitué en des contrôles de véhicule. Pour la seconde, trois (03) postes de contrôle ont été établi. Il s’est agi d’Aboisso, Ayamé et enfin Noé. Pour cette seconde journée, les contrôles ont permis d’extraire 15 enfants non accompagnés dans un car en provenance du Bénin sur l’axe Noé-Aboisso. Et six (06) jeunes nigérianes destinées à l’exploitation et à la traite ont été découvertes dans un car en provenance de Noé. Les différents contrôles à Aboisso et à Ayamé ont également permis de sauver des enfants.  Après 48 heures d’opération, la moisson a été plus qu’honorable. Faisant le point à la presse, le commissaire divisionnaire Kouadio Yeboué Marcellin, Préfet adjoint de police d’Aboisso a exprimé sa satisfaction suite au bon déroulement de l’opération. En effet, il a indiqué que ce sont 137 enfants victimes qui ont pu être sauvés des griffes des trafiquants ou d’une situation les mettant en danger. Parmi ces enfants, 15 seront transférés à Abidjan.

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non à l’exploitation des enfants

«(…) De hier à ce jour, nous avons pu secourir 137 enfants victimes de traite et d’exploitation. Sur les 137, il y a 15 qui sont en état de risque et aussi 12 trafiquants qui seront mis à la disposition de la Justice. Et parmi les 12, il y a 03 qui seront transférés à Abidjan pour la suite de l’enquête. Les enfants sauvés sont de nationalité nigériane, nigérienne béninoise, ghanéenne et togolaise. Et selon leur nationalité, ils étaient destinés à la prostitution pour les nigérianes, le pneumatique et le commerce pour les togolais, les béninois et les nigériens. «Cette lutte qui est menée nécessite la contribution de chacun de nous et de toutes les populations dans leurs différentes composantes. La Côte d’Ivoire est un pays qui compte dans le concert des nations. Ce qui fait sa richesse c’est son agriculture. Nous avons donc des acquis énormes à préserver. On doit faire de sorte pour faire mentir toutes les personnes qui collent cette image salissante à la Côte d’Ivoire à savoir que le cacao ivoirien se nourrit de la sueur des enfants. (…) Nous lançons un appel à tous nos parents.

La place des enfants est à l’école et non dans les plantations. L’avenir d’une nation appartient à la jeunesse. Mais qu’est-ce qu’un jeune peut faire s’il n’a aucune éducation et aucune formation. La bonne éducation et la bonne formation de nos enfants fera de nous un pays émergeant», a recommandé le préfet adjoint d’Aboisso. Pour terminer le commissaire Zaka Luc a tenu à remercier la Première Dame pour le financement de cette opération il a émis le vœu que les pas de l’épouse du chef de l’Etat soient emboîtés par d’autres partenaires.

HM info Sercom CNS


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