Entente des Indépendants de Côte d’Ivoire EDICI: «La Côte d’Ivoire doit se débarrasser du régime dictatorial présidentiel’’
À l’approche des futures échéances électorales de 2020, le President du parti l’Entente des Indépendants de Côte d’Ivoire (EDICI), Sékou Samba Koné livre son analyse sur la situation sociale, politique et économique ivoirienne. L’homme croit savoir d’où provient l’erreur qui donne aujourd’hui du zèle à Soro Guillaume, endurci par la violence et l’agitation sans objectivité. Mieux, il milite pour la fin du régime présidentiel. Dans la tête d’un Sékouriste.
SSK : Merci pour l’opportunité que vous me faites en me permettant, une fois de plus, pour me prononcer sur l’actualité de notre pays. Il faut dire que concernant le bilan du RHDP durant ces 10 ans de règne, je pourrais dire que le constat est à moitié satisfaisante, si l’on s’en tient aux différentes réalisations en matière d’infrastructures routières, à la réhabilitation de certaines universités, à l’électrification de plusieurs villages, ect. Mais si nous mesurons l’apport de ce règne au pouvoir au profit de nos populations, le constat est toujours négatif. Le panier de la ménagère a plus que triplé en faiblesse. Les mesures prises par le gouvernement afin de remédier à certaines situations liées au social, notamment, la question du logement, ne sont pas appliquées sur le terrain et la politique du gouvernement en matière de logement social n’est pas faite pour les pauvres.
EST-CE UN ÉCHEC ?
Non, pas tout à fait, mais il est à regretter de voir le phénomène de racket et de corruption qui gangrènent le quotidien des ivoiriens. La promesse de l’interdiction de l’achat des concours n’a pas été respectée et les citoyens continuent de payer pour accéder à la fonction publique. Le racket dans les établissements scolaires publiques s’est intensifié, pire, savez-vous que même les compositions, autrefois gratuites, sont payantes ? L’accès à des soins de santé de qualité à la portée de tous n’est pas visible. Au sein de la population, on ressent le mécontentement en ce qui concerne la politique mise en place dans le cadre de la couverture maladie universelle. Le coup est beaucoup trop, 1000 F CFA par mois et par personne. Imaginez un instant, une famille de plus de 10 membres. J’estime que c’est le rôle et le devoir du Gouvernement de permettre à chaque citoyen de vivre mieux et à moindre coût et non le contraire.
PENSEZ-VOUS QUE LE GOUVERNEMENT PEUT SE RACHETER ?
À mon avis, ce n’est plus possible, parce que nous rentrons dans le processus électoral et bientôt la campagne.
DEPUIS UN CERTAIN TEMPS, SORO GUILLAUME, L’EX-CHEF DE LA RÉBELLION IVOIRIENNE ET LE PRESIDENT ALASSANE OUATTARA SONT EN CRISE, QUEL EST VOTRE POINT DE VUE ?
ALORS, FAUT-IL CRAINDRE UN AUTRE CONFLIT A L’HORIZON ?
Oui, il faut craindre une grave crise. Parce que chaque camp recherche à se justifier et à prouver que l’autre est coupable de trahison, pendant ce temps, les plus frustrés qui sont les parents des victimes exigent une justice équitable, de part et d’autre.
NOUS SOMMES A L’APPROCHE DES FUTURES ECHEANCES ÉLECTORALES, QUELLES SONT VOS REMARQUES ?
Nous, au niveau de notre parti, nous avons fait savoir notre Vision de la politique africaine, en particulier, celle de la Côte d’Ivoire, conformément à la vision de notre leader, Sékou Sanogo. Nombreux sont les ivoiriens qui ignorent que le premier gouvernement formé, avant l’indépendance, était un gouvernement parlementaire, avec un premier ministre, comme c’est le cas en ce moment partout en Europe, sauf en France. Le système du régime présidentiel est une erreur de gouvernance démocratique. Ce type de régime donne plein pouvoir aux présidents africains d’enraciner la dictature et l’autocratie. Sinon, comment voulez-vous qu’un président, candidat à sa propre succession, puisse avoir le droit unilatéral de nommer le président de l’institution qui organise les élections, de nommer tous les commandants d’unité en charge de la sécurité de cette élection, de nommer le président de la cour constitutionnelle chargée de déclarer le vainqueur ? D’instaurer un couvre-feu, de protéger des personnes accusées de détournement de fonds ou de crimes économiques ?
SI L’ON VOUS COMPREND BIEN, VOUS VOULEZ LA SUPPRESSION DE L’ELECTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE AU SUFFRAGE UNIVERSEL DIRECT ?
Bien sûr que Oui ! Nos pays n’atteindront jamais l’Etat-Nation tant que des individus continueront de s’appuyer sur leur communauté, leur ethnie ou même leur religion pour s’assurer d’être président de la République. Il faut que le devoir du peuple se limite aux élections législatives, ensuite, les députés éliront un premier ministre. Ce dernier n’est pas obligé de connaître son village natal ou même les chefs de sa tribu. Il faut penser à nos frères et sœurs qui vivent à l’étranger et qui peuvent, un jour, servir le pays.
QUELLE EST LA PROPOSITION DE VOTRE PARTI CONCERNANT L’EDUCATION ?
Je ne vais pas tout citer ici, mais nous établirons la journée continue pour les élèves du primaire et de la maternelle, c’est-à-dire, les cours débuteront à 08h pour s’achever à 13h00 et non plus à 17h 30. Ce qui permettra aux enfants de mieux se reposer, de mieux étudier et de profiter des temps de sport. Cette réforme permettra aux parents de mieux encadrer leurs enfants, face à une société de plus en plus en proie à la violence. Par ailleurs, le congé du mois de Février sera supprimé. Ensuite, nous accorderons plus d’importance à la pratique du Sport. Pour cela, ce rôle sera la responsabilité des moniteurs, en raison d’un moniteur pour 6 classes. Ce qui va générer des emplois pour les jeunes.
TOUT RÉCEMMENT, L’EGLISE CATHOLIQUE AVAIT ANNONCE UNE MARCHE PACIFIQUE EN FAVEUR DE LA PAIX, MAIS CELLE-CI A ETE ANNULÉE PAR LA SUITE, QUELLE EST VOTRE REACTION ?
N’EST-CE PAS DANGEREUX QU’UNE COMMUNAUTE RELIGIEUSE ORGANISE UNE MARCHE ?
Où est le mal? Au contraire, c’est plutôt le gouvernement qui devrait encadrer cette marche. Il nous faut penser à prévenir les crises plutôt qu’à les souhaiter. Avant la crise postelectorale de 2010, j’ai pu rencontré, successivement, le Cardinal Kutwa, à l’époque Archevêque et le Cheick Boikary Fofana, guide de la communauté musulmane, c’était pour parler de paix et de cohésion nationale. Je n’ai vu en aucun des deux leaders un sentiment d’homme politique, au contraire, ils m’ont tous fait savoir que leurs propositions en faveur de la paix étaient ignorées. Alors, il faut que les hommes politiques respectent nos religieux et évitent d’impliquer la religion dans la politique.
ACES HEURES QUI COURENT, QUE POUVEZ-VOUS DIRE AU PEUPLE IVOIRIEN ET A LA CLASSE POLITIQUE ?
Je voudrais dire aux hommes politiques que lorsque l’on choisit de faire la politique, c’est pour apporter un changement, à travers un projet de société. On ne vient pas pour se servir du peuple comme bouclier pour accéder au pouvoir par la violence, pendant que nos enfants fréquentent et vivent en Europe. Que les débats soient orientés vers les idées, vers la préoccupation de nos populations, leur santé, leur économie, l’éducation de leurs enfants, leur logement. À nos populations, voyez-vous, quand vous décidez de vous abonner, d’abandonner vos propres intérêts
Par HERVE MAKRE