OUATTARA FACE À LA PRESSION DE MBÉKI
L’ancien président sud-africain Thabo Mbéki a publié, mercredi, une tribune dans les colonnes d’un journal local «News 24» intitulée «il est temps que la classe politique ivoirienne franchisse le pas», selon la traduction google du texte original écrit, bien évidemment, en anglais. Dans cet article, le successeur de Nelson Mandela démontre l’urgence qu’il y a à voir l’ancien président ivoirien retourner dans son pays maintenant qu’il a été libéré par la cour pénale internationale et rappelle l’appel du forum des anciens chefs d’Etat africains et de gouvernement.
En effet en novembre 2004, lorsque le président sud-africain arrive en Côte d’Ivoire mandaté par ses pairs de l’Union Africaine dont il assure la présidence tournante, le régime de Laurent Gbagbo fait face à la France qui ne rêve que d’un changement de régime en ce moment-là. Quelques jours plus tôt, la tentative de libération de Bouaké s’était transformée en une confrontation militaire houleuse avec des soldats français dont neuf ont péri dans des bombardements de la flotte ivoirienne.
La France en position de belligérance
Paris est littéralement en guerre en Côte d’Ivoire dont elle connaît chaque recoin du théâtre par cœur. Le même jour, des centaines de chars, opercules ouvertes, déferlent sur le quartier présidentiel de Cocody, à Abidjan, et tentent d’abord d’occuper le domicile présidentiel avant de se rétracter et d’assembler soldats et matériels militaires lourds à l’hôtel Ivoire, à moins d’un kilomètre du palais de Gbagbo. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’une soixantaine de patriotes trouveront la mort, mitraillés par les soldats français qu’ils surveillaient parce qu’ils les soupçonnaient de vouloir faire un coup de force contre le président ivoirien.
Thabo Mbeki découvre un pays occupé
Mais grâce à Mbéki, Gbagbo peut souffler un peu. Et c’est déjà beaucoup en ce mois de novembre. Sous la férule du président sud-africain à qui Gbagbo est obligé de montrer patte blanche, de nombreux blocages institutionnels sont levés et Alassane Ouattara est ainsi autorisé, le 27 avril 2005, à être candidat à la présidentielle à venir à travers l’article 48. Cette loi est aussitôt promulguée le 16 juillet de la même année, soit trois mois plus tard.
Durant cet épisode, le président sud-africain a su suffisamment se familiariser avec le marigot politique ivoirien. C’est donc en connaissance de cause qu’il publie cette tribune, à cinq mois de l’élection présidentielle alors que tous les voyants sont au rouge. Mais Mbéki n’est pas le seul. Dans la tribune, il rappelle notamment le courrier que le forum des anciens chefs d’Etat et de gouvernement africains avait écrit à Alassane Ouattara le 19 décembre 2019 pour le presser de faire la réconciliation nationale. Le forum s’inquiétait en ces termes :
C’est précisément pour cette raison que nous partageons l’opinion que la Côte d’Ivoire a plus que jamais besoin de cette unité nationale et de cette réconciliation. Nous craignons que tout retard dans la progression du programme de réconciliation puisse saper la nouvelle démocratie inaugurée par les récentes élections législatives. Nous faisons ces commentaires, Excellence, car nous sommes profondément troublés par la crainte qu’en l’absence d’une véritable réconciliation nationale, à laquelle vous êtes attaché, la Côte d’Ivoire ne puisse à nouveau, à terme, sombrer dans une guerre civile. »
Le retour de Gbagbo, une chance pour la paix
Avec
SEVERINE BLE