Urgent-le dossier ‘‘d’aujourd’hui’’ : troisième mandat et la guerre est dite, le RHDP un bonheur national

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Marches, malgré les restrictions sanitaires en vigueur, déclarations, meeting, menaces, messes basses politiques abondantes, corruption à vue d’œil parfois, rencontres dites de haut niveau… Au RHDP, le troisième mandat d’Alassane Ouattara est devenu une question de survie pour ses dirigeants. Peu importe, dans ces conditions, ce que dit la Constitution sur le sujet.

3 EMANDA T ADO 1 Nous y voilà donc ! Alors que la mise en scène est prévue pour s’arrêter mercredi, lors d’un conseil politique de couronnement qu’organise le RHDP à cet effet, le magazine Jeune Afrique assure déjà dans sa publication  à venir qu’Alassane Ouattara briguera un troisième mandat. Personne n’est dupe mais cette manière de transformer le reniement d’une parole doublé du viol d’une  Constitution qu’on a soi-même fait adopter en un acte héroïque est totalement affligeante.

Mais, comme le répète inlassablement un ancien ministre de Laurent Gbagbo, on sait ce que vaut le soutien de Jeune Afrique. On imagine donc pourquoi, François Soudan va jusqu’à puiser dans l’échec d’Alassane Ouattara les raisons qui justifieraient aux yeux du journaliste qu’il fasse un troisième mandat. « Les circonstances exceptionnelles qui ont amené Alassane Ouattara à faire le choix de se représenter le 31 octobre sont longuement analysées dans ce numéro de Jeune Afrique par Marwane Ben Yahmed, seul journaliste à s’être entretenu avec le président ivoirien, en marge des obsèques d’Amadou Gon Coulibaly.

Je n’y reviendrai donc pas. Si ce n’est pour dire ceci: en 2011, dans son discours d’investiture, Alassane Ouattara plaçait sa présidence sous le sceau de « l’écriture d’une page nouvelle » de l’histoire de son pays. Deux mandats RHDPplus tard, si la volonté de stabilisation par le biais de la croissance économique a incontestablement porté ses fruits, il n’en va pas de même de la stratégie de réconciliation nationale et de réduction des inégalités sociales», écrit-il toute honte bue.

Il y a une semaine, le directeur de la rédaction du magazine panafricain assurait que l’important n’était pas d’aller à la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire mais  de savoir si le chef de l’Etat sortant sera candidat ou pas. De toute façon, il est rare que les défenseurs du troisième mandat d’Alassane Ouattara ne se contredisent pas sur toute la ligne et le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi jeunes Touré Mamadou l’a d’ailleurs appris à ses dépens.

Lui qui assurait en 2016, pendant les débats sur l’éligibilité d’Alassane Ouattara, que le président ivoirien  n’est pas comme son prédécesseur Laurent Gbagbo qui dit une chose et pense son contraire, a en effet justifié le pire que ce qu’il prêtait hier à Gbagbo. Lors d’une marche organisée ce week-end à Daloa, malgré des mesures sanitaires strictes, faut-il le dire, dûment rappelées il y a quelques jours par le ministre de la Sécurité qui menace tout contrevenant, Touré Mamadou a signifié que l’opposition peut toujours parler mais Ouattara sera candidat à un troisième mandat.

Le RHDP un bonheur national

3è mandat Alassane Ouattara LEDEBATIVOIRIEN.NETDepuis une décennie, les élites du RHDP comptent sur la force de l’Etat pour imposer leur agenda au pays tout entier. C’est ce qu’ils font à nouveau pour justifier le troisième mandat d’Alassane Ouattara. Depuis le 8 juillet en effet, le parti mobilise ses forces vives. Tout y passe d’ailleurs : meeting, marches, déclarations, réunions, corruption d’élites, menaces aussi… Le seul mot d’ordre qui compte est le troisième mandat d’Alassane Ouattara.

Kandia Camara s’en explique en affirmant, dans une vidéo où on la voit affligée et au bord des larmes que la politique est la saine appréciation des réalités du moment. Mais cette réalité qui veut que le RHDP n’ait pas de successeur pour remplacer Alassane Ouattara n’est valable que pour son camp et se limite à la menace d’une perte du pouvoir et des ors qui vont avec.

kandia pleureLa ministre de l’Éducation nationale craint en effet, comme les autres, d’être renvoyée en exil par les arrivants parce qu’ils n’auraient qu’une seule envie : se venger. Alors, pour résorber cette peur qui la paralyse autant qu’elle paralyse les autres, il faut qu’Alassane Ouattara soit à nouveau candidat. De toute façon, un héros menteur n’en est pas moins un héros pour les cadors du parti dont les contradictions sont néanmoins apparues au grand jour ces temps-ci à de nombreuses reprises. Comme au cours de la rencontre de conciliation qu’a convoquée Alassane Ouattara à la présidence de la République et que raconte Jeune Afrique avec forces détails.

Samedi dernier, une déclaration du Woroba lue par Hamed Bakayoko est intervenue dans la journée pour montrer un front uni derrière le président. Ces derniers jours, les partisans du ministre de le Défense avaient rué dans les brancards contre la décision du troisième mandat d’Alassane Ouattara et le directeur exécutif a dû monter au créneau, d’une part sur des plateaux de médias et, de l’autre, en présence de Ouattara à la présidence pour dire que le golden boy n’est pas de taille pour faire office de successeur à l’investiture. Tout comme à la Primature où les prochaines décisions d’Alassane Ouattara sont scrutées avec une certaine frénésie.

Une guerre de pouvoir

hamed bakayoko premierLes partisans de l’ancien Premier ministre attendent de pied ferme ces nominations. Selon Jeune Afrique, ils menaceraient même de démissionner si le ministre de la Défense est promu à la Primature.

D’ailleurs, pour cette raison, Alassane Ouattara attend toujours alors que le pays n’a plus de Premier ministre depuis dix-huit jours. Il n’a pas non plus de vice-président parce que l’Etat est replié sur son camp. De toute façon, la Constitution n’a jamais réellement compté dans la gouvernance du président. Et à plus forte raison quand on a hérité d’un régime présidentialiste, clef de voûte d’une sorte de dictature consentie.

L’ayant bien intégré, les partisans d’Alassane Ouattara ont tenu à menacer ceux de l’opposition qui oseraient organiser des marches de réplique, puisque celle de Daloa est intervenue quelques jours après les mises en garde du ministre de la Sécurité, Diomandé Vagondo dans le cadre du strict respect des consignes sanitaires.

3è mandat de Alassane Ouattara LEDEBATIVOIRIEN.NETLe RHDP se permet en effet des libertés qui sont interdites aux autres Ivoiriens. C’est l’autre guerre qui vient s’ajouter au viol constitutionnel auquel les médias internationaux préparent les opinions nationales et internationales depuis plusieurs semaines.

Le secrétaire exécutif du PDCI, lui,  regarde de haut cette propagande et considère toute cette campagne comme du bavardage tant que le président de la République ne s’est pas encore déclaré candidat à un troisième mandat. On attend donc le mercredi, pour savoir quelle tournure va prendre cette guerre.

Avec SEVERINE BLE  (Aujourd’hui 27/7/2020)


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