A deux mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, l’ancien patron du Crédit Suisse Tidjane Thiam incarne le visage de la transition qui pourrait rapidement se mettre en place à l’initiative de la France. Alassane Ouattara doit faire le point à Emmanuel Macron sur la situation politique en Côte d’Ivoire marquée par une flambée de violence ces dernières semaines. Selon Jeune Afrique qui avait rendu publique l’information, l’entretien entre les deux hommes est prévu soit ce premier jour de septembre soit ce mardi.
26 MORTS, 400 BLESSES
La Côte d’Ivoire est en effet prise de convulsions depuis la disparition tragique du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. C’est pour lui faire la passe qu’Alassane Ouattara avait décidé de transmettre le pouvoir à la nouvelle génération. Mais depuis cette disparition, le chef de l’Etat ne voit plus de raison de ne plus se représenter et se moque de ses adversaires qu’il accuse d’être des peureux.
LA PRÉSIDENTIELLE EN POINTILLÉ
Ces violences ont aussi attiré l’attention sur les risques que court le pays si l’élection présidentielle prévue le 31 octobre prochain devait se tenir dans les conditions actuelles marquées par de graves crispations. L’opposition réclame toujours une CEI consensuelle et un processus électoral global impartial. Ce qui n’est pas encore le cas à deux mois du scrutin. Elle récuse aussi le président de la Commission Electorale Indépendante Ibrahime Kuibiert Coulibaly, proche du président du Conseil Constitutionnel, Koné Mamdou, qui lui-même a été ministre d’Alassane Ouattara qui l’avait dans le gouvernement d’union nationale formé par Laurent Gbagbo.
Et puisque le président n’entend pas revenir sur sa décision, l’heure est désormais à la confrontation brutale puisque, par ailleurs, les deux candidatures que la justice ivoirienne comptait décourager en condamnant leurs auteurs à 20 années d’emprisonnement ont été enregistrées par la Commission Electorale Indépendante. Même si cela ne relance pas à proprement parler le suspense, il est en revanche difficile de prévoir la réaction des militants de ces deux partis le jour de la publication de la liste des candidats retenus.
LA TRANSITION, SEULE CHANCE
Tidjane Thiam s’oppose aussi fermement à l’idée d’organiser des élections dans le contexte sociopolitique actuel puisque « cette élection sera contestée et mènera à la violence », a-t-l justifié. Avant lui, les américains avaient également insisté sur une élection inclusive, tout comme l’ONU dont le porte-parole a appelé à un dialogue des acteurs politiques nationaux.
LA PEUR DES POPULATIONS
Car quelques jours du début de la rentrée scolaire, les parents d’élèves ne se ruent pas sur les librairies à la recherche de fournitures et d’uniformes pour leur progéniture. En revanche, les grandes surfaces ne désemplissent plus parce que les Ivoiriens ont peur.
Il avait, pour ce faire, vivement félicité le président ivoirien à l’issue de son discours du 5 mars dernier. Mais depuis, Emmanuel Macron n’a plus commenté les revirements de M. Ouattara plus que jamais dans la course puisqu’il peut compter sur ses relations avec le patron du Conseil Constitutionnel qu’il a nommé à ce poste lorsque Francis Wodié rechignait à le rendre éligible en 2015. Mais cette fois, son soutien risque de ne pas suffire.
SEVERINE BLE
Aujourd’hui n°1709