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France-prison à vie ? Fondateur de deux associations ce que risque l’homme qui a giflé Emmanuel Macron

Mardi 8 juin, Emmanuel Macron a été giflé par un citoyen lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage, dans la Drôme. Interpellé juste après les faits, l’auteur de cette gifle risque très gros.

C’est une image peu banale : celle d’un président de la République victime d’une gifle. En déplacement à Tain-l’Hermitage (Drôme) pour aller à la rencontre de restaurateurs à la veille de la réouverture des salles de restaurant, Emmanuel Macron a été pris à parti par un citoyen. Alors qu’il s’approchait de personnes présentes devant le lycée hôtelier de la ville pour les saluer, le chef d’État a été giflé par un homme s’écriant « Montjoie Saint-Denis, à bas la Macronie ».

Les gardes du corps d’Emmanuel Macron ont rapidement neutralisé l’individu qui a été interpellé, ainsi qu’une autre personne l’accompagnant. Le déplacement du président n’a pas été interrompu et a même repris son cours très rapidement.

Trois ans de prison et 45 000 euros d’amende ?

Interpellé, l’auteur des faits, qui a également tiré le bras droit du chef de l’État avant de lui assener le coup, devrait être placé en garde à vue pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » et risque jusqu’à 3 ans de prison. En effet, l’article 222-13 du Code Pénal prévoit que « les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises sur (…) toute personne dépositaire de l’autorité publique. »

Macron giflé : qui est Damien Tarel, l’homme interpellé ?

Toujours placé en garde à vue ce mercredi matin, l’homme qui a giflé le président de la République est présenté par ses connaissances comme quelqu’un de discret et « sans histoires ». Il était jusqu’ici inconnu des services de police. Damien Tarel, un jeune drômois de 28 ans, a marqué l’actualité ce mardi en giflant Emmanuel Macron à Tain-l’Hermitage. Un geste qui a indigné toute la classe politique française et qui a même surpris son entourage, le décrivant comme un « gamin sans histoires ».

« Cela m’a laissé abasourdi parce que pour moi il était pas capable de faire ça », affirme sur BFMTV Loïc, un ami du jeune homme.

« Il n’a jamais montré d’opinion politique »

Ce proche était interrogé quelques heures avant l’agression par une équipe de journalistes travaillant pour l’émission Quotidien. Sur des images diffusées mardi soir, on peut également y voir Damien Tarel et Arthur C., arrêté à ses côtés pour avoir filmé la scène.

Si face à la caméra de TMC, Loïc estimait que « la France est en « déclin » car « le président dit qu’on n’a pas de culture » et se disait « assez engagé politiquement », avec des idées anarchistes, Arthur C. affirmait lui ne pas être « spécialement » proche de la mouvance, ce à quoi aquiescait silencieusement Damien Tarel.

Damien « n’est pas quelqu’un qui a un tempérament violent, c’est quelqu’un qui a un tempérament très réfléchi », poursuit Loïc auprès de BFMTV. « On m’aurait dit ‘Damien est capable de gifler le président’, je vous aurais dit non. » « C’est pas du tout le style de la personne », abondent encore deux anciennes camarades de collège et de lycée croisées par l’AFP dans Saint-Vallier. « Et il n’a jamais montré d’opinion politique, à ce qu’on sache. »

Abonné à des comptes d’extrême droite

Présenté comme « timide » par son ami, Damien Tarel vit de petites missions d’intérim après avoir entamé, sans les achever, des études de thanatopraxie.  En parallèle, son profil numérique est plutôt actif. Il suit plusieurs chaînes YouTube dont celles de personnalités d’extrême droite, comme Henry de Lesquen, condamné pour négationnisme et provocation à la haine, ou royalistes comme celle du Cercle Richelieu. La chaîne YouTube de Julien Rochedy – un ancien cadre du Front national – figure également parmi ses abonnements.

En outre, il suit également l’activité de TV Libertés, fondée par un autre ancien cadre du Front national. Présentée comme la « première chaîne de réinformation » en France, elle a reçu il y a quelques semaines Papacito, un militant royaliste d’extrême droite qui s’est récemment mis en scène en train de tirer sur un mannequin illustrant un électeur de la France insoumise.

Sa page Facebook indique qu’il « aime » celle du groupe Action Française Lyon, parmi d’autres des mêmes mouvances.

Interrogé sur ces fréquentations en ligne, Loïc répond à l’AFP qu’il n’est « pas surpris » car son ami « est de nature curieuse ». Mais « il n’a pas ces idées-là ». « Il est contre les royalistes. Pour lui, ils ont des idées à la con », ajoute-t-il.

Fondateur de deux associations

Juste avant de gifler le président de la République, Damien Tarel a cependant prononcé un slogan: « Montjoie Saint-Denis, à bas la macronie ». Un cri dont la première partie est une référence royaliste remontant au temps des Capétiens au XIIe siècle. Il est depuis devenu un signe de ralliement de l’extrême droite, déjà prononcé en 2018 par un jeune qui avait entarté le député insoumis Éric Coquerel.

Faut-il donc voir derrière le geste du jeune homme un acte politique assumé? « Je pense vraiment que c’est un coup de sang personnel », affirme Loïc. « On n’est pas engagés en politique, on est plutôt apolitique parce qu’on est déçus de tous les partis », assure-t-il à BFMTV.

Il ne faut donc pas y voir, selon lui une référence royaliste, mais davantage une allusion au film Les Visiteurs dans lequel le personnage de Jean Reno, un chevalier, reprend cette devise. « C’est quelqu’un qui veut faire vivre son village grâce à son association médiévale », assure son ami.

Damien Tarel a fondé deux associations. La première – l’AMHE, à Saint-Vallier (Drôme) ,d’où il est originaire – est consacrée aux arts martiaux historiques européens. La seconde est quant à elle dédiée aux jeux de plateau à figurines. Deux structures visant selon Loïc à faire vivre la commune et son histoire, « assez riche avec Diane de Poitiers » (qui fut comtesse de Saint-Vallier), et à « défendre la belle image de la France ». Toujours placé en garde à vue pour « violence volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique », Damien Tarel encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

Sarkozy et Valls victimes d’incidents similaires

Jamais un président de la République n’avait été giflé de la sorte, même si Nicolas Sarkozy avait été bousculé et fortement tiré par sa veste de costume lors d’un déplacement dans le Lot-et-Garonne en 2011.  L’homme avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d’Agen. Le tribunal avait assorti sa condamnation d’une mise à l’épreuve de 3 ans et d’une obligation de soins en milieu hospitalier ainsi que d’un stage de citoyenneté de deux jours. L’individu était jugé pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail (ITT).

En janvier 2017, Manuel Valls, alors candidat à la primaire socialiste, avait quant à lui été giflé par un jeune homme de 18 ans dans les Côtes d’Armor, et avait été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 105 heures de travail d’intérêt général (TIG). Il avait également dû verser un euro de dommages et intérêts à Manuel Valls, conformément à la demande de ce dernier qui avait porté plainte.

ledebativoirien.net avec autre presse

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