Initiateur du récent mouvement citoyen dénommé Miradobed (Millions d’Ivoiriens pour Réconcilier Ado et Bédié), l’écrivain Sylvain Takoué monte de plus en plus au créneau pour donner sa vision sur les enjeux actuels et futurs de la politique nationale. Sans détours. Interview.
Pourquoi un mouvement précisément pour réconcilier les Présidents Ouattara et Bédié ?
Parce qu’il faut le faire ainsi, et parce que nous ne croyons pas qu’il faille le faire autrement.
Juste, pour les Présidents Ouattara et Bédié ?
Oui, mais d’aucuns diront que votre mouvement, c’est juste pour les Présidents Ouattara et Bédié…
Ecoutez, il n’y a pas à chercher midi à quatorze heures. Ne cherchez pas à dire autre chose qui ne soit correct et hors contexte. Je vous ai donné, tout à l’heure, l’exemple sur la femme têtue, entêtée à dire non, quand on lui fait la cour. Si l’homme qui la veut pour lui, n’est pas un fin stratège, il ne l’aura jamais pour lui. Sachez faire seulement et finement avec de pareilles femmes, et vous en serez heureux. L’autre exemple que je vous donne, est celui de la maison que l’on construit. Vous serez le plus riche homme sur terre, mais jamais vous ne demanderez à votre maçon de vous la construire en un coup.
Oui, mais n’empêche que d’aucuns y verront toujours un mouvement juste pour rapprocher les présidents Ouattara et Bédié, alors que…
Mais il ne faut pas voir que cela. Ce serait être borgne. Or, je ne connais pas quelqu’un qui vivrait bien s’il était borgne. Allons au-delà du superficiel dont que vous évoquez. Et je vous explique comment il faut raisonner. Donc, j’ai d’abord donné l’explication du concept. Maintenant, on nous rétorque qu’il s’agirait uniquement des Présidents Ouattara et Bédié. L’explication plus juste, qu’il faut donner, est qu’il est question de revoir les Présidents Ouattara et Bédié main dans la main. Ça ne veut pas dire qu’il soit interdit à d’autres leaders politiques de tenir aussi la main du Président Bédié ou du Président Ouattara.
Ce n’est pas cela notre démarche. Et nous ne censurons pas ceux qui se bousculent en ce moment pour tenir aussi la main du président Bédié. Chacun, de son côté, fait ce qu’il peut pour se sentir faiseur de réconciliation nationale. Mais, la démarche du Miradobed, c’est de travailler à ce que les millions d’Ivoiriens revoient les Présidents Ouattara et Bédié se tenir à nouveau les mains, et plus fermement, et je vais vous dire maintenant pourquoi…
Allez-y, éclairez-nous… C’était d’ailleurs ma question suivante…
C’est d’abord être ensemble pour regarder dans la direction, et aussi pour passer plus facilement outre les quelques malentendus de parcours, qui peuvent arriver, qu’on les fait. Et puis, on continue à mieux s’entendre jusqu’à atteindre l’objectif commun. Mais nous disions que cela va de soi, que les Présidents Ouattara et Bédié se retrouvent à nouveau, car ce sont avant tout des alliés naturels. Ils viennent de la même famille politique et idéologique. Ça, tout le monde le sait. Donc, les revoir ensemble, ne signifierait aucunement que ce serait un frein au processus de réconciliation nationale, comme certains veulent absolument le faire croire dans ce pays.
C’est ce qui marchera, et marchera bien, dans un tout premier temps. On rallume plus facilement ce que l’on appelle, chez nous, l’ »ancien feu ». Il fut un temps tout récent où les deux Présidents étaient comme des « jumeaux » politiques, et ceux qui, juste en face, crient aujourd’hui au loup, ne tarissaient pas d’éloges à leur égard. Il y a quand même eu l’ »Appel de Daoukro », qui a longtemps bien marché, avec tous ses avantages créés, et que des esprits revanchards et autrement inspirés veulent aujourd’hui remplacer par ce qu’ils appellent le « Pacte de Daoukro ». Soyons honnêtes. L’Appel de Daoukro est encore et toujours en marche.
Mais c’est que les enjeux politiques ont tout de même changé. Vous ne l’ignorez pas…
C’est-à-dire ?
C’est-à-dire, la lancée de la gouvernance pour la reconstruction de la Côte d’Ivoire, en tous points de vue. Et vous m’amenez maintenant à achever mon argument de début. Oui, nous disons, au Miradobed, que les Ivoiriens doivent revoir les deux Présidents Ouattara et Bédié main dans la main, parce qu’ils ont l’impérieux devoir d’achever, tous les deux, le travail promis aux Ivoiriens, à savoir leur bâtir un pays propre, organisé, sécurisé, discipliné, qui fonctionnerait comme si on était en Suisse, qui serait un pays ultramoderne, où les pouvoirs publics auront construit à merveilles, non pas le bavardage public gratuit, servi comme moyen d’endoctrinement théorique,
mais un pays doté d’infrastructures sociales et économiques réelles et concrètes, et tout à fait lancé sur la voie d’un second miracle économique qui ferait mieux vivre les Ivoiriens. C’est de cela qu’il s’agit. C’est-à-dire évoluer, progresser, se satisfaire d’une vie comblée en tout. Dites-moi qui est au pouvoir, actuellement, qui puisse y faire parvenir ou y rapprocher le pays ? Si vous donnez la réponse à cela, qui est d’évidence, alors vous verrez que le Miradobed voit juste en travaillant au rapprochement des Présidents Ouattara et Bédié. Les revoir ensemble sur cette voie-là, préoccupe, plus encore, les Ivoiriens qu’autre chose.
et qu’il n’est nullement besoin de remuer si on recherche vraiment l’apaisement et la cohésion au sein de notre société. On ne va quand pas passer le temps à tourner en rond dans ce vase clos, et à y être tous enfermés, alors qu’on doit tous survivre aux intempéries des crises, et surtout vivre l’air des temps nouveaux, qui est à l’ouverture sur la modernité. Dites-moi ce que gagne vraiment un pays, qui doit évoluer dans ce sens, à revenir à une crise passée !
Vous dites bien qu’il n’y a plus à crier au loup, et que la réconciliation nationale est en marche…
Oui. Et pour vous faire mieux comprendre le fait, je reviens à mon exemple donné sur la femme dure, que l’on courtise. Parce que c’est l’exemple le plus courant, que tout le monde peut comprendre sans effort. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, disons que la réconciliation nationale est comme une femme qui ne se laisse pas facilement faire dans les bras du premier homme venu à elle. Vous comprenez ? Car il y a des femmes, comme ça, dans la vie de tous les jours. Elles fatiguent, au départ, elles disent non, non et non. Et puis, vers la fin, elles cèdent aux assauts amoureux continuellement donnés par le soupirant le plus chevronné, qui a su la prendre. Ceux qui font la cour à de telles femmes ne vont pas crier cela sur tous les toits, n’est-ce pas !
Si les trois quarts des problèmes existentiels des Ivoiriens sont résolus par une politique hardie de la social-économie, telle que la pratique avec pragmatisme le Président Ouattara, on oubliera, pour beaucoup, les ressentiments anciens dont certains voudraient encore se servir pour se refaire une place politique. Nous ne pensons pas que le Président Bédié travaillerait à rebrousser chemin, plutôt que d’aider à faire progresser le pays dans le sens d’un nouveau départ tolérant et compréhensif avec le Président Ouattara. Et c’est chose possible. Le reste, qu’on voit en dehors de cela, c’est de la politique bling-bling.