Que doit-on faire pour bénéficier des largesses du gouvernement ivoirien au titre du Programme Hospitalier National afin de mettre fin à la souffrance des femmes enceintes dans les hôpitaux à l’intérieur du pays? Une impressionnante demande des populations de la Région du Béré, alertées par l’action du Premier ministre Jérôme Patrick Achi, ce weekend à Abidjan. Tant l’action de l’Etat semble de plus en plus lointaine en matière sanitaire dans ladite région et notamment, sa capitale Mankono. «A quand notre tour, monsieur le Premier ministre?», se lament-elles. Pertinent, indiquent certains cadres de la région! Suivez.
«Or, dans la région du Béré plus précisément à Mankono, l’indigence sanitaire est criante, depuis plusieurs années. Le gouvernement est informé que l’’hôpital général de Mankono ploie sous le poids de la vétusté et du manque de services de soins nécessaires pour les populations de l’une des vastes régions de la Côte d’Ivoire en ce vingt-unième siècle. Et de surcroît une population qui vit à chaque élection au son de la fanfare de l’émergence. Monsieur le Premier Ministre, Patrick Achi, à quand le tour de l’hôpital général de Mankono dans le Programme Hospitalier National pour mettre fin à la souffrance des populations en général et des femmes enceintes en particulier ?», confie des cadres de Mankono qui affichent au micro de ledebativoirien.net un sentiment de négligence, lors d’un échange.
question politique des contrats?
Remontant dans un passé récent relativement à la chronologie des contrats du gouvernement ivoirien pour la santé publique en Côte d’Ivoire, ils indiquent que, le 29 octobre 2019, dans le cadre du Programme Hospitalier de l’État, une signature de marchés a été effectuée entre le ministère de l’Economie et des finances dirigé, alors par Adama Coulibaly et le Groupe SETAO Bouygues Bâtiment International. Et ce, pour un montant de 40,819 milliards de FCFA. Ces marchés publics de réhabilitation et d’amélioration des prestations sanitaires au profit des populations ont pris en compte le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Yopougon et la construction de nouveaux services de santé à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Notamment dans les hôpitaux généraux de Toumodi, Daoukro, Séguéla et Abengourou. Par ailleurs, l’hôpital général de Bouna n’a pas été oublié dans ce vaste chantier des infrastructures sanitaires.
«Cependant, l’hôpital général de Mankono dans la région du Béré est pour le moment ignoré par le Gouvernement ivoirien. Aucune lueur d’espoir dans les yeux des populations de cette partie du nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Des femmes et des bébés souffrent le martyr entre Mankono et Bouaké faute de bloc opératoire ni de services d’accouchement adéquats. Pour une simple opération d’appendicite, les populations sont obligées de se rendre au CHR de Séguéla ou de Bouaké. À quand le tour de l’hôpital général de Mankono dans le Programme Hospitalier de l’État de Côte d’Ivoire ?
La lutte contre la pauvreté n’est pas uniquement l’affaire de projets de rentabilité économique pour les populations à l’intérieur du pays, mais elle recommande également l’accès facile de ces populations aux infrastructures sociales de base ; dont une maternité équipée à l’effet de réduire le coût d’un accouchement pour des familles majoritairement démunies. L’ironie dans toute cette grisaille est que, « la dépouille » de cet hôpital général de Mankono est en passe d’être érigée en Centre Hospitalier Régional (CHR) sans les services opérationnels dignes d’un simple hôpital général» dévoilent-ils.
L’OMS s’inquiétait déjà de la détérioration continue du système de santé à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Certes, après la crise postélectorale, plusieurs membres du personnel de santé qui avaient déserté leur poste y sont retournés, mais dans quel état ont-ils trouvé les infrastructures victimes des crises militaires? Et depuis la normalisation de l’environnement sociopolitique, aucun réel rapport de surveillance épidémiologique n’est fait ou du moins disponible dans plusieurs régions du pays. La situation à ce jour reste criante dans des districts de santé, où une faiblesse notoire en ressources humaines qualifiées et matérielles est constatée.
Par ailleurs, certains médicaments essentiels se raréfient dans plusieurs structures de santé en Côte d’Ivoire. L’audit diligenté par l’Etat devrait de plus en plus s’accentuer du côté de la Pharmacie de la Santé Publique, opérant à partir d’Abidjan, impactant l’accès aux soins et services médicaux. «Nous sommes préoccupés par cette situation » s’inquiétait en son temps, le représentant de l’Oms en Côte d’Ivoire, Dr Mamadou D. Ball. Quelque chose a changé ?
Et pourtant, des contrats de marchés à vau-l’eau pour l’amélioration du système de santé en Côte d’Ivoire sont signés. Et en face, les préoccupations des populations demeurent urgentes en matière de santé publique dans plusieurs localités de la Côte d’Ivoire où, le minimum n’existe pas encore pour sauver des vies.
H.KARA
Ledebativoirien.net