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«Pas d’indépendance politique• Pas d’indépendance économique et financière• Pas d’indépendance militaire• Pas d’indépendance structurelle et comportementale »
Décryptage de l’ind&épendance avec la 4ème Voix, la Voix des sans Voix avec Théophile Soko Waza
A/ Où en sommes nous avec l’indépendance politique ?
A-1 Félix Houphouët-Boigny : un choix de la France dès le départ
1958 : territoire français d’outre-mer depuis 1956, la Côte d’Ivoire devient République autonome dans la cadre d’une association avec la France appelée Communauté. Félix Houphouët-Boigny accède à la présidence en 1959. Il sera constamment réélu jusqu’à sa mort, en décembre 1993. Août 1960 : la Côte d’Ivoire accède à l’indépendance. Félix Houphouët-Boigny a déjà une longue carrière politique derrière lui quand il proclame l’indépendance de la Côte d’Ivoire le 7 août 1960 et en devient président de la République. Depuis 1958, il plaide pour le maintien prolongé des républiques africaines autonomes dans la structure de la Communauté française. Il n’est donc pas un chaud partisan de l’indépendance pour l’indépendance mais apparaît, au contraire, comme un défenseur du rapprochement étroit avec l’ancien colonisateur.
A-2 : Henri Konan Bédié : un choix de Félix Houphouët-Boigny avec le soutien de la France
A-3 Guéi Robert : coup d’Etat militaire pour un ancien de Saint Cyr/ la France
A-4 Laurent Gbagbo : la force de la rue pour un ancien exilé en France
A-5 Alassane Ouattara : guerre avec une intervention de particulière de la France
Nous notons que tous les cinq chefs d’Etat que la Cote d’Ivoire a connu ont tous des liens étroits avec l’ex-puissance coloniale notamment la France. Ce qui sous entend directement ou indirectement que la France continue de jouer un rôle essentiel dans l’accession au pouvoir d’Etat en Cote d’Ivoire d’une manière ou d’une autre. Cela met donc en cause la notion d’indépendance politique. La cote d’ivoire n’est donc pas politiquement Indépendante. Nous devrions avoir le courage de l’affirmer et garder cette réalité politique présente dans notre esprit et cesser de jouer les rêveurs.
B/ Où en sommes nous avec l’indépendance militaire ?
La question que nous nous posons est la suivante : Qui détient le pouvoir militaire ? Le Président de la République est le chef des armées. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités. Il décide l’emploi des forces et détient à cet effet la responsabilité et le pouvoir d’engager le cas échéant les forces militaires.
Alors qu’en Cote d’ivoire, il ne peut donner des ordres ni instructions aux forces militaires françaises présentes à Abidjan et établies à proximité du principal aéroport de Cote d’Ivoire. La présence d’une armée française en Cote d’ivoire depuis 1960 sans que les chefs d’Etat ne soulèvent cette problématique d’aucune façon sous le prétexte d’accord de défense que nul ne connait les tenants et les aboutissants, ne fait pas de la Côte d’Ivoire un Etat souverain. C’est preuve manifeste de la domination française sur l’Etat de Cote d’ivoire qui se dit indépendant. Pouvons-nous parler d’indépendance militaire ? Nous répondons NON.
C/ Où en sommes-nous avec l’indépendance économique ?
La monnaie
Le franc CFA arrimé au franc français et maintenant à l’Euro grâce et par la France. Les colonies africaines de la France faisaient partie de la zone Franc, un ensemble monétaire économico-monétaire fondé sur la monnaie française. Dans la zone Franc, les pays membres partagent la même monnaie, le franc CFA (Colonies françaises d’Afrique). Après 1958, le privilège de l’émission est conféré, pour l’Afrique occidentale, à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) le franc CFA – qui est le symbole de leur colonisation passée. Le compte d’opérations est au Trésor français qui garantit intégralement le franc CFA.
Les monopoles abusifs du Capitalisme politique
Voyons juste les secteurs de domination :
Les télécommunications avec Orange
L’eau et l’électricité avec CIE/SODECI
Le port et l’aéroport avec le groupe Bolloré
Les ponts et routes avec le groupe Bouygues
L’automobile avec CFAO
La banque avec la SGCI et BICICI. Etc.
L’endettement
La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit. » Ce que dit le proverbe africain. Il vaut mieux donner que recevoir. Le don est sage mais le recevoir est humiliant. En Côte d’Ivoire, l’encours de la dette publique a franchi la barre de 17 000 milliards FCFA fin mars 2021 pour s’établir à 17 676,1 milliards FCFA contre 13 993 milliards FCFA à la même période de l’année précédente, soit une augmentation de +26,32% (+3 683,1 milliards FCFA), selon les chiffres officiels du ministère de l’économie et des finances
En 2019,
- 65,7 % de la dette publique était extérieure ;
- la moitié étant constituée d’euro-obligations (Union Européenne) ;
- un quart de la dette publique détenue par des institutions multilatérales ;
- moins de 20 % composés de prêts bilatéraux ;
- et le reste, de prêts privés.
Nous avons prés de 70% de notre dette publique venant de l’extérieure. En clair, c’est l’extérieur qui nous prête à 70%. En d’autres termes, ceux qui nous prêtent nous imposent directement et indirectement leur loi d’où une perte substantielle de notre indépendance économique et politique.
Tout ceci nous amène à nous poser cette dernière question :
Où en sommes-nous avec l’indépendance structurelle et comportementale ?
- Pas d’indépendance politique
- Pas d’indépendance économique et financière
- Pas d’indépendance militaire
- Pas d’indépendance structurelle et comportementale
Pourquoi alors une fête de l’indépendance ?
Comme nous l’avons analysé et défini plus haut, la Cote d’ivoire depuis 1960 ne bénéficie d’aucune indépendance réelle. Nous ne devrions donc pas alors fêter. Nous fêtons donc un rêve d’indépendance que nos gouvernants depuis 1960 nous promettent. Mais il ya encore là un autre souci majeur qui est celui d’impliquer ou d’inviter tous les ivoiriens a cette fête. Nous constatons que plusieurs ivoiriennes et ivoiriens ne sentent pas la république, ne sentent pas l’Etat hors mis quelques uns qui sont des privilégies. Quand vous interrogez plusieurs entrepreneurs et dirigeants d’entreprises, ils ne sentent la République et l’Etat que dans les differentes pressions fiscales et sociales
Pendant que les ivoiriennes et ivoiriens des secteurs agricoles, des secteurs dits informels ne voient l’indépendance quand dans les drapeaux devant les administrations mais rien dans leur quotidien et dans leur activité. Pour d’autres encore, c’est juste une autre occasion de voir le président de la République s’adresser aux ivoiriens et s’attendre a des libérations de prisonniers. Enfin d’autres s’interrogent sur l’intérêt d’une fête dite de l’indépendance tout simplement et préfère vaquer tranquillement a leur préoccupation quotidienne sans aucune célébration festive.
Une réflexion profonde et sérieuse mérite d’être menée
Après ces constats
amers, la 4ème voix, la voix des sans voix appelle l’ensemble de la classe politique ainsi que les intellectuels sous l’autorité du pouvoir exécutif ou législatif à mener une profonde réflexion sur comment atteindre une réelle indépendance pour la Côte d’ivoire à tous les niveaux. Que l’ensemble de ces réflexions soient déclinées en un plan stratégique à moyens et long terme qui servira de boussoles au détenteur du pouvoir exécutif. C’est pourquoi, nous demandons à toute la classe politique ivoirienne, à la société civile de se joindre à la 4ème Voix, la Voix des Sans Voix, afin d’œuvrer à arracher la vraie indépendance de la Côte d’Ivoire à la France, à la suite du combat des pères fondateurs africains.
Dr Theophile Soko Waza
Président de la 4me voix, la voix des sans voix