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«Je veux que la Côte d’Ivoire revienne aux ivoiriens…»
Par HM
Retour sur des archives de ledebativoirien.net: Août 2020, août 2021 comme si c’était, hier le 6 aout 2020. Ces déclarations pleines de vie de Charles Konan Banny qui résonnent encore. Retour sur un article diffusé, en août 2020 durant les festivités de la célébrations du 60è indépendance de la Côte d’Ivoire.
(…) Une journée avec Charles Konan BANNY et vous vous rassurez que la Côte d’Ivoire n’est pas encore anéantie.
Les raisons de son silence depuis des années fendent le silence à la veille de la célébration du 60è anniversaire de l’indépendance de la République de Côte d’Ivoire. Avec surtout un puissant écho en fond sonore, le discours à la nation du chef de l’Etat attendu sans suspense, pour lui. L’ancien-gouverneur de la BECEAO, l’ex-président de la CDVR, l’ancien premier ministre, l’ex-chef de file de la CNC (Coalition Nationale pour le Changement), l’actuel vice-président du PDCI a été secoué. Mais pas par la politique.
Charles Konan Banny, l’homme est très solide comme, son honneur. Le prenant de court par une visite surprise de courtoisie, il sort d’une séance de sport et là, il peut tranquillement deviser. Et nous prenons plaisir à parler de tout avec lui, et lui prenait plaisir à tout expliquer. Surprenant non ! Ce n’est pas que cela arrive toujours. Nous étions ce jour-là du bon côté. Et nous avons eu du plaisir à écouter la vision d’un homme qui refuse de laisser la Côte d’Ivoire dans l’état sociopolitique actuel.
Raison du long silence de Charles Konan Banny l’homme présent pour la Côte d’Ivoire
L’homme est toujours égal à lui-même. C’est que, coup sur coup, en l’espace de trois ans, il est frappé par la séparation d’êtres qui lui sont chers, allant de la perte de son grand frère ancien ministre de la défense, à la perte de son fils, puis son neveu, nièces et d’autres parents encore. Une terrible situation le plongeant tout net, dans un silence ontologique. Et depuis, il y est. Mais à l’occasion de notre visite, à la veille d’un grand événement de la vie de la nation ivoirienne, le 60è anniversaire d’indépendance, il délie souplement le lien du silence voulu !
«C’est vrai que j’ai gardé le silence, mais je suis là ! Je suis ébranlé, mais pas anéanti. Successivement, la perte de plusieurs personnes de sa famille, il faut vraiment être fort pour être encore là comme je le suis. Je suis là, je vois et j’écoute et je suis, tout. Si je ne parle pas pour le moment, c’est parce que je ne suis pas un observateur et un commentateur de la vie politique. Je suis un acteur. L’observateur fait ses observations, le commentateur fait ses commentaires. L’acteur agit. Je suis un acteur. C’est pourquoi l’on ne m’entend pas parler. Je suis acteur. Et quand je veux agir, je fais l’action », explique-t-il. Il est emporté par une espèce de force qui le sort de plus de son silence.
Avec l’ancien gouverneur de la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et ex-premier ministre qui a connu les besoins des ivoiriens, nous échangeons sur l’évolution actuelle de la vie sociale et politique en côte d’Ivoire. «Alassane Ouattara et moi, nous ne sommes plus amis, nous ne sommes plus frère. Parce qu’un ami ne fait pas ce qu’il fait, un frère ne fait pas ce qu’il fait. Tout nous divise dans le fond et dans la forme. Je ne suis pas pour le communautarisme qui favorise un groupe ethnique…Il faut mettre fin à cela. Il faut mener ce combat. Je suis ébranlé, mais pas anéanti». Les pieds sont dans le sujet très présent dans les débats publics et tous les agoras.
«Je sais que le président Alassane va essayer d’imposer sa candidature, mais les ivoiriens seront debout. Les Ivoiriens restaureront leur pays. Ils seront là pour restaurer leur pays. Ce sont les mêmes Ivoiriens qui l’ont divinisé, qui vont se lever pour dire NON ! Les ivoiriens ont fait de lui un dieu sur terre. Ils lui ont tout donné. Mais, ils sont encore ivoiriens. Ils seront en face de lui…».
Echange à bâtons rompu, il livre sa vision pour la Côte d’Ivoire
Il n’y a qu’à voir les résultats des listes aux concours publics pour ne pas parler des nominations. Je veux refermer la politique communautaire qui favorise une ethnie au plan économique, politique et social. Il faut qu’on mette fin à cela ». Une affirmation, les poings fermes. Nous découvrons, un homme qui refuse de marcher à reculons pour une Cote d’Ivoire débarrassée de tavelures
Son combat actuel avec sa famille politique le PDCI
« On veut gouverner autrement la Côte d’Ivoire en remplacement de ce pouvoir…
Je suis engagé aux côtés du président Henri Konan Bédié. En tout cas, moi je ne suis pas rancunier. Je suis fils du président Félix Houphouët-Boigny, homme de paix. Le PDCI-Rda doit prendre le devant de la libération de la Côte d’Ivoire. J’ai dénoncé la liste électorale. Si j’étais le président du PDCI, c’est moi qui prendrais la tête des marches et manifestations contre cette Commission Électorale Indépendant pour que la liste électorale soit expurgée des noms qui n’y ont pas leur place. Je ne suis pas président, je suis militant. Mais le Pdci-Rda doit être devant la lutte et non assister aux manifestations». Comme pour sonner la fin du sit-in volontaire des militants à leurs domiciles
Que compte-t-il faire exactement pour la nation ivoirienne à l’état actuel des choses ? nous demandons. Il coupe: «Je vais contribuer au changement en Côte d’Ivoire. Et je veux gouverner avec tout le monde en remplacement de ce qui est là actuellement, pour mettre fin au communautarisme, à l’ethnicisme, pour voir naître la nation ivoirienne. C’est un devoir pour moi d’y contribuer et de le faire. Il faut faire bouger les lignes maintenant». Le réveil sonne !
L’horloge a commencé à tourner vers le levé du jour ? «Ce sont les Ivoiriens qui ont donné le pouvoir à Alassane Ouattara. Ce sont les mêmes Ivoiriens qui récupéreront leur pays. Moi je ne suis pas politicien, parce que les politiciens, ils savent comment ils changent. C’est vrai, mais on peut faire quelque chose pour la Côte d’Ivoire. N’est-il pas mieux que nous soyons tous unis?…». Dernière note que fredonne à nos oreilles, le gouverneur Charles Konan Banny, très jovial dans l’ambiance de la célébration du 60è anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire en attendant, le 30 octobre 2020.
HERVE MAKRE