Vous avez dit, paradis fiscaux
Lundi 4 septembre 2021. Onde de choc dans l’entourage du premier ministre ivoirien Achi Patrick. Une bonne raison à ce tremblement de terre dans la ME, les populations ajoutent à leur vocabulaire : Pandora Papers. Ainsi, au levé du jour, il n’a plus été que de lui toute la journée du lundi, dans le dossier Pandora Papers. Certainement qu’il sera la tasse de café pour un bon moment. Mais pas rassurant pour l’image de l’homme, car déjà, les sympathisants pensent que «c’est un coup» contre le dauphin putatif.
Et pourtant, il n’a pas à rougir, ce sont au moins, un roi, sept présidents, quatre Premiers ministres qui sont épinglés dans le dossier dit d’évasion fiscale Pandora Papers. Il y a même le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les présidents du Kenya et d’Equateur qui ont aussi dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, certainement eux, à des fins d’évasion fiscale, comme publiée dimanche par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Mais en Côte d’Ivoire, les populations ne sont pas trop coutumières de ce type de belles informations.
Pour preuve, l’ex-premier ministre Guillaume Soro a déjà été cité dans pareille affaire, panama papers. Mais les Ivoiriens ont vite oublié sans que cela n’affecte la courbe de sympathie des admirateurs de l’ex-président de l’Assemblée nationale, malheureusement en exil. Pour le premier ministre actuel succédant au défunt Hamed Bakayoko qui lui aussi avait été cité, toujours par des enquêtes de journalistes dans une affaire, tout autre, c’est que Patrick Achi jouit d’une embellie et très reluisante côte de popularité auprès d’une belle couche de la population, qui reçoit un coup de massue, cette couche pas trop propre pour la conscience citoyenne. «Ah, lui aussi, il fait ça aussi!», entendait-on, dans toutes les causeries et même d’ajouter pour certains passants qui ne veulent pas s’attarder sur l’affaire : «Pensez-vous qu’il y a un politicien propre en Côte d’Ivoire ? ». Et pourtant, il est présenté comme celui qui fait l’exception.
Sa self défense a-t-elle suffi pour rassurer les esprits, à Abidjan, Adzopé, en traversant toute la Mé et prendre le large vers les trente autres régions du pays ? Ce qui est rassurant pour l’ambiance c’est que son dossier vient calmer un peu cette débauche d’énergie dirigée vers son jeune ministre KKB (Kouadio Konan Bertin), lui, accusé de viol par une actrice. Un sale jeu !
«Le premier ministre Patrick Achi contrôlait une société aux Bahamas sous de prête-noms» ont entendu les populations de la Mé, sur l’usage des paradis fiscaux par des personnalités politiques et étatiques dans leurs affaires. Il est sur la liste de ces personnalités politiques citées dans l’enquête internationale menée par des journalistes du monde entier. Il y a au moins un journaliste ivoirien dans le groupe qui a fouillé sur ces pratiques d’évasions fiscales et dissimulations d’avoirs dans des comptes offshores. C’est-à-dire, un compte ouvert pour soi-même auprès d’une banque située à l’étranger. Donc d’un compte «hors des côtes», un compte ouvert en dehors de son pays de résidence, comme la Côte d’Ivoire. Il dira plus tard pourquoi il l’a ouvert ailleurs alors que les Ivoiriens ont besoin de son argent pour la création d’emplois.
Mais le Premier ministre rassure parents et amis, (en tout cas pas le chef de l’Etat qui a un œil sur tout), puisqu’il dément la main sur le cœur, toute «action illicite». Il a mis à contribution ses services de la primature ivoirienne pour expliquer le contour sur l’existence de la société enregistrée aux Bahamas, révélée par les Pandora Papers, comme si ses services étaient là au moment de la création. Il ressort qu’en 1996, Achi Patrick monte sa société de consulting en stratégie à Abidjan. Deux ans plus tard, dans le cadre de ses activités, il crée cette société offshore dévoilée 22 ans plus tard, dimanche 3 septembre 2021 par un consortium de journalistes.
«Dans la perspective de missions à l’international que son activité de consultant pouvait impliquer légitimement, une société a été immatriculée en 1998 à l’étranger avec toutes les formalités légales. Cette société n’a jamais servi de support à la moindre évasion fiscale, à la moindre transaction illicite, au moindre détournement de fonds publics, à la moindre activité illégale», ont expliqué aux parents et amis de la Mé, les services de la primature à Abidjan. Ce qui peut rassurer, Patrick Achi n’est pas la seule personnalité ivoirienne mentionnée dans l’enquête internationale. Les mêmes journalistes promettent de citer les autres noms. Patrick Achi confie à ses proches qu’il ne se reproche rien en matière d’évasion fiscale ou de pillage des ressources étatiques dans son pays, puisqu’il n’avait aucune fonction étatique ni gouvernementale en ce moment là en ouvrant un compte bancaire offshore.
Mais pourquoi ?
L’ouverture d’un compte offshore peut être motivée par diverses raisons, le plus souvent d’ordre professionnel. Certains pays permettent l’ouverture d’un compte bancaire à des non-résidents afin d’attirer des capitaux étranger. Le Premier ministre ivoirien Patrick Achi est indexé pour s’être livré à une pratique qui ne cadre pas forcément avec les volontés affichées contre les mauvaises pratiques financières en Afrique. Le plus souvent, ces sociétés sont mises mis sur pied, dans des conditions jugées opaques. En 1998, alors qu’il conseillait le ministre de l’énergie, Achi Patrick est parvenu à créer la société Allstar Consultancy Services qu’il aurait logée aux Bahamas, d’après les journalistes enquêteurs qu’il a réussi par l’intermédiaire d’un spécialiste basé à Londres que Patrick Achi. Les comptes offshores des Bahamas sont principalement reconnus pour la grande confidentialité et sécurité qu’ils peuvent offrir aux actifs. Qu’est-ce qu’il voulait dissimuler aux yeux des Ivoiriens ? Avait-il pu engranger suffisamment d’argent et même beaucoup, auprès du ministre de l’Energie d’alors au point de vouloir dissimuler un peu le sous ?
Mais, la mise en place en 2017 de l’échange automatique d’informations signifie la disparition du secret bancaire à l’échelle mondiale. Exception de l’Autriche, la Belgique et le Luxembourg, au prix d’une imposition importante. Ouvrir un compte offshore est tout à fait légal, mais vous avez obligation de le déclarer au FISC. Car la banque peut transmettre les informations au pays de résidence qui peut aussi les livrer pour besoin d’enquêtes. Difficile de l’applique si l’on est le bénéficiaire d’une société offshore, puisque le nom du propriétaire n’est pas transmis car il s’agit des revenus de la société. Beaucoup d’argent donne souvent assez d’idées. Et pourtant, des noms sont cités, dans les paradis fiscaux.
Mais la société du premier ministre Patrick Achi n’a jamais servi de support à la moindre évasion fiscale, à la moindre transaction illicite, au moindre détournement de fonds publics, à la moindre activité illégale. Rassurant pour toute la Mé !
GRACE OZHYLLY
Ledebativoirien.net
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