Vous avez dit, paradis fiscaux
Et pourtant, il n’a pas à rougir, ce sont au moins, un roi, sept présidents, quatre Premiers ministres qui sont épinglés dans le dossier dit d’évasion fiscale Pandora Papers. Il y a même le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les présidents du Kenya et d’Equateur qui ont aussi dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, certainement eux, à des fins d’évasion fiscale, comme publiée dimanche par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Mais en Côte d’Ivoire, les populations ne sont pas trop coutumières de ce type de belles informations.
Pour preuve, l’ex-premier ministre Guillaume Soro a déjà été cité dans pareille affaire, panama papers. Mais les Ivoiriens ont vite oublié sans que cela n’affecte la courbe de sympathie des admirateurs de l’ex-président de l’Assemblée nationale, malheureusement en exil. Pour le premier ministre actuel succédant au défunt Hamed Bakayoko qui lui aussi avait été cité, toujours par des enquêtes de journalistes dans une affaire, tout autre, c’est que Patrick Achi jouit d’une embellie et très reluisante côte de popularité auprès d’une belle couche de la population, qui reçoit un coup de massue, cette couche pas trop propre pour la conscience citoyenne. «Ah, lui aussi, il fait ça aussi!», entendait-on, dans toutes les causeries et même d’ajouter pour certains passants qui ne veulent pas s’attarder sur l’affaire : «Pensez-vous qu’il y a un politicien propre en Côte d’Ivoire ? ». Et pourtant, il est présenté comme celui qui fait l’exception.
Sa self défense a-t-elle suffi pour rassurer les esprits, à Abidjan, Adzopé, en traversant toute la Mé et prendre le large vers les trente autres régions du pays ? Ce qui est rassurant pour l’ambiance c’est que son dossier vient calmer un peu cette débauche d’énergie dirigée vers son jeune ministre KKB (Kouadio Konan Bertin), lui, accusé de viol par une actrice. Un sale jeu !
Mais le Premier ministre rassure parents et amis, (en tout cas pas le chef de l’Etat qui a un œil sur tout), puisqu’il dément la main sur le cœur, toute «action illicite». Il a mis à contribution ses services de la primature ivoirienne pour expliquer le contour sur l’existence de la société enregistrée aux Bahamas, révélée par les Pandora Papers, comme si ses services étaient là au moment de la création. Il ressort qu’en 1996, Achi Patrick monte sa société de consulting en stratégie à Abidjan. Deux ans plus tard, dans le cadre de ses activités, il crée cette société offshore dévoilée 22 ans plus tard, dimanche 3 septembre 2021 par un consortium de journalistes.
«Dans la perspective de missions à l’international que son activité de consultant pouvait impliquer légitimement, une société a été immatriculée en 1998 à l’étranger avec toutes les formalités légales. Cette société n’a jamais servi de support à la moindre évasion fiscale, à la moindre transaction illicite, au moindre détournement de fonds publics, à la moindre activité illégale», ont expliqué aux parents et amis de la Mé, les services de la primature à Abidjan. Ce qui peut rassurer, Patrick Achi n’est pas la seule personnalité ivoirienne mentionnée dans l’enquête internationale. Les mêmes journalistes promettent de citer les autres noms. Patrick Achi confie à ses proches qu’il ne se reproche rien en matière d’évasion fiscale ou de pillage des ressources étatiques dans son pays, puisqu’il n’avait aucune fonction étatique ni gouvernementale en ce moment là en ouvrant un compte bancaire offshore.
Mais pourquoi ?
L’ouverture d’un compte offshore peut être motivée par diverses raisons, le plus souvent d’ordre professionnel. Certains pays permettent l’ouverture d’un compte bancaire à des non-résidents afin d’attirer des capitaux étranger. Le Premier ministre ivoirien Patrick Achi est indexé pour s’être livré à une pratique qui ne cadre pas forcément avec les volontés affichées contre les mauvaises pratiques financières en Afrique. Le plus souvent, ces sociétés sont mises mis sur pied, dans des conditions jugées opaques. En 1998, alors qu’il conseillait le ministre de l’énergie, Achi Patrick est parvenu à créer la société Allstar Consultancy Services qu’il aurait logée aux Bahamas, d’après les journalistes enquêteurs qu’il a réussi par l’intermédiaire d’un spécialiste basé à Londres que Patrick Achi. Les comptes offshores des Bahamas sont principalement reconnus pour la grande confidentialité et sécurité qu’ils peuvent offrir aux actifs. Qu’est-ce qu’il voulait dissimuler aux yeux des Ivoiriens ? Avait-il pu engranger suffisamment d’argent et même beaucoup, auprès du ministre de l’Energie d’alors au point de vouloir dissimuler un peu le sous ?
Mais la société du premier ministre Patrick Achi n’a jamais servi de support à la moindre évasion fiscale, à la moindre transaction illicite, au moindre détournement de fonds publics, à la moindre activité illégale. Rassurant pour toute la Mé !
GRACE OZHYLLY