Dialogue politique ivoirien: ce que la tête pense et ce que fait, celui qui est assis à la table des discussions vont-ils de pairs ?
redaction
Attente d’espérance et d’espoir ? Les discussions dans le dialogue entre ivoiriens (gouvernement et les autres) débuteront le 21 décembre 2021. Les ivoiriens et la communauté internationale suivent donc avec intérêt, la reprise du processus du dialogue national. Il enregistre son 5ème redémarrage avec l’échec de quatre précédents. Les initiateurs et participants veulent être optimistes. Ont-ils réellement le choix de ne pas l’être ?
Celui-ci aura-t-il plus de chance d’aboutir avec le retour de Laurent Gbagbo, mais aussi avec l’absence remarquée et pesant de Soro Guillaume et de Blé Goudé? C’est le gouvernement qui tient les mannettes du dialogue. Il l’active quand bon lui semble. L’initiative de parler entre Ivoiriens émane donc du président de la République, Alassane Ouattara en ce moment. Il peut décider de sommeiller, quand il le souhaite. L’on ne sait trop pourquoi, le chef de l’Etat ivoirien, en cette fin d’année 2021, soit une année réussie d’exercice de pouvoir, après sa réélection à un 3ème mandant qui a fait couler quelques petites gouttes de sang et beaucoup d’encre et de salive, a essuyé sa table, pour accueillir son opposition (s’il y en a encore)! 2021, une année rendue gracieuse par le retour en juin dernier, de l’ex-chef d’Etat acquitté par la Cour Pénale Internationale, après 10 ans de détention, cette atmosphère y est certainement pour quelque chose.
Le pouvoir d’Abidjan ne pouvait pas mériter meilleur coup de grâce. Surfant sur cette embellie environnementale et du maelstrom sociopolitique apaisé, le Premier Ministre du gouvernement ivoirien Patrick Achi peut, alors ouvrir la cinquième étape du dialogue politique, la première pour lui, le 16 décembre 2021 à Abidjan. Il bénéficie du soutien de responsables de 21 formations politiques dont 8 groupements, 13 partis individuels et de la société civile, voit-on.
Quels sont les intérêts des uns et des autres autour de la table de ce dialogue politique? Y-a-t-il un vrai engagement en faveur de la paix, de la cohésion nationale et de la stabilité à retenir au sortir des discussions ?
Assis donc, autour d’une table circulaire, et trahis par la pensée profonde, ils peuvent aisément calculer leur part du gain. Mais quelle chance pour les Ivoiriens d’entendre tout ces cadres de la politique ivoirienne déclarer : «Il y a nécessité que la reprise du dialogue politique soit l’occasion d’aborder tous les sujets sans tabou. Et que ceux-ci puissent trouver des solutions», Armand Ouégnin (PPA-CI). Et : «Nous souhaitons que ce dialogue soit placé sous le signe d’une Côte d’Ivoire de liberté, de justice et de dignité», dixit, Adama Bictogo (RHDP), puis : «Le dialogue politique, qui reprend, est un cadre pour tracer les sillons d’une Côte d’Ivoire unie», Niamkey Koffi (PDCI-RDA).
Donc en chœur, ils sont tous pour le dialogue politique. Avec en mire, un gouvernement d’union nationale ou d’unité nationale. Il faut se refaire un peu de force, avec des années de galère, dans une ambiance d’audit suspects. Une société civile ivoirienne est annoncée pour participera aux discussions, pour ne se voir écartée, lors du partage en famille. 26 organisations de cette Société civile avec des divergences qui explosent les yeux, a insisté pour qu’elle prenne part au processus de discussion engagé entre les politiciens. Sûr que le partage sera difficile. Une guerre en perspective au sein de cette société civile.
Que faut-il, pour parvenir à l’enracinement d’un climat sociopolitique permettant, le fonctionnement des Institutions de la 3ème République de Côte d’Ivoire et le débat démocratique, mais aussi la liberté d’expression et de la pensée? Le gouvernement ivoirien, par la reprise du dialogue, est-il contraint ou de son plein gré ouvre-t-il, les débats? La classe politique de tous bords, ainsi que la Société civile s’accorderont ils autour d’une Constitution Unique ? Si, le gouvernement de Patrick Achi-RHDP-veut le dialogue de son gré, il peut le refermer de son gré, si l’allure ne penche pas dans la protection de son espace protégé, son pouvoir. C’est tout dire que le dialogue politique ivoirien tel que pensé sera difficilement traduit en acte.