(Réédition)
Il est condamné à 20 ans de prison fermes, depuis 2011. Il en a purgé 10. Passé ce temps, il estime avoir pris conscience de son acte. Voici ce qu’il demande au président de la république ivoirien Alassane Ouattara et à sa victime.
Octobre 2021, la rédaction de ledebativoirien.net est contactée. C’est un détenu. Il le fait par une personne interposée, sous l’anonymat, puisque les échanges ont duré plusieurs jours, voire semaines, avant la mise sous presse. Mais, depuis Dimbokro, c’est là, sa prison, puisqu’il n’est plus à la MACA-Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Les faits s’étend produits à Abidjan, en 2011, il souhaite un relais pour demander ‘‘la clémence’’ de la nation, représentée par le Président de la République. Nous lui prêtons alors l’oreille attentionnée. Suivez attentivement vous aussi, son regret et sa demande au Président de la République. Que veut-il?
Il a été condamné à 20 ans fermes, en 2011. Il a participé à un vol de nuit. Il a purgé déjà 10 ans en 2021. Il lui reste 10 ans encore à s’assoir sur la natte de sa cellule de Dimbokro, ou ailleurs. Il n’en peut plus ! Regrettant les faits qui suivent, il appelle, à ‘‘La Grâce’’ (article 134 du code pénal ivoirien) qui dit que : «La grâce accordée par décret du Président de la République est la dispense, totale ou partielle, définitive ou conditionnelle d’exécution d’une peine ou mesure de sûreté devenue définitive, à l’exception de l’internement dans une maison de santé et de la confiscation spéciale. Le décret de grâce peut commuer toute peine en une peine moins élevée dans l’échelle légale des peines». La victime du détenu ? La présidente de la Cour de Cassation, Madame Chantal Camara.
Voici l’histoire….de son crime comme il l’a confiée, sur plusieurs jours par personne interposée à ledebativoirien.net…Suivez!
«En 2015 le Président de la République avait fait des remises de peines de 4 ans, pour ceux qui sont condamnés à 20 ans. Nous n’avons pas pu en bénéficier. Il l’a fait deux fois. Moi, mes 10 ans, j’ai les ai fait à sec. C’est Dieu qui ma aidé à faire mes peines…Aujourd’hui, je passe par vous monsieur grâce à une connaissance, pour que vous m’aidez à demander pardon à la victime. La victime dit qu’elle a été violentée, brutalisée, mais pas de viol ou d’agression sexuelle, non, non. La victime s’appelle madame CAMARA CHANTAL, présidente de la Cour de cassation d’Abidjan », commence-t-il.
Puis, il évoque un sujet de l’immédiat :
«Jusqu’à présent, l’eau est coupée, ici. Elle n’est pas encore venue. Nous sommes toujours en attente. Je ne sais pas à quelle heure ça va venir. De toutes les façons on se parle, même si y a pas l’eau…Merci et que Dieu vous bénisse abondamment, puisque vous m’écoutez ». Il continue:
«Je me présente. Je suis SAWADOGO PHILIPPE. J’ai 42 ans. Je suis détenu depuis le 19 août 2011 pour vol en réunion à mains armées avec violence. Je suis condamné à 20 ans de prison. Père de deux enfants. Une fille de 17 ans et un garçon de 17 ans. Aujourd’hui cela me fait 10 ans 2 mois que je suis en détention (Ndlr : aujourd’hui 4 mois, c’est en octobre qu’il s’est confié à nous). Ça fait 17 ans que mes enfants ne savent pas où se trouve leur papa.
Je n’ai aucune famille sur le territoire ivoirien. Toute ma famille se trouve au Burkina Faso. Je reconnais avoir fait des choses trop graves. Je vous demande beaucoup PARDON, au nom de Dieu. Après quelques années passées dans cette détention, cela m’a fait prendre conscience. Je souhaite que vous m’accordiez une seconde chance. Je n’ai pas bénéficié des remises de peine de 8 ans quelques années. Le président à fait, en 2015, une remise de peine». Il marque une pause.
«Voici un peu, ce que je suis. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous souhaitez poser. Je vous répondrai avec plaisir. Merci de m’écouter et sauver des âmes perdues. Que DIEU vous donne longue Vie et qu’il vous bénisse. Je ne dis pas ces mots pour vous faire plaisir ou parce que vous voulez m’aider. Je le dis parce que c’est la vérité. Je sais de quoi je parle. J’ai vu beaucoup de choses et je continue de voir encore. Excusez-moi pour le dérangement. Merci infiniment d’accepter de m’aider monsieur le journaliste».
Pensez-vous avoir été induit en erreur? Ou, y-a-t-il eu une situation qui a vous obligé à agir ainsi? Et laquelle… ? Nous demandons.
Le détenu: «Oui j’ai été induit en erreur. Oui, il y a eu une situation qui m’a obligé à agir ainsi. J’étais avec un ami chez qui je vivais à Abidjan. C’était en 2011, pendant la crise postélectorale. Je ne travaillais pas, et je n’avais rien comme argent. Je voulais me retourner pour aller en famille. Allez à Bouaké récupérer mes enfants et les ramener chez mes parents au Burkina Faso. On dormait au marché, sur les tables, parce qu’il n’arrêtait pas de pleuvoir des balles dans le quartier. Ça tuait beaucoup dans le quartier. Il y avait les règlements de compte. Je voulais à tout prix quitter Abidjan. Je sais que, ce n’est pas une raison pour que j’agisse ainsi, mais je ne savais pas comment faire pour retourner en famille avec mes enfants. Je voulais même partir à la cathédrale Saint Paul au Plateau pour demander de l’aide. Mais je ne pouvais pas, parce que connaissait pas le chemin. Je suis arrivé à Abidjan y a pas longtemps », une pause.
Puis, reprise pour les faits
Le détenu: «Ce jour là, on est parti à 4 personnes. Avant qu’on ne parte là-bas, on n’a muri une idée. On a donné des comprimés somnifères pour faire endormir les gendarmes qui la surveillaient. Chose que le garçon de ménage a fait. Quand nous sommes arrivés, les gendarmes dormaient déjà. On a poussé le portail et on est rentré moi et mon ami, nous sommes restés au rez-de-chaussée et deux autres sont montés au balcon. Quelques minutes plus tard, ils sont redescendus et nous sommes repartis. Je ne peux pas vous dire ce qui s’est passé là-haut, parce que je ne suis pas monté ».
Puis, il revient au procès. A la barre
«Le garçon de ménage a dit à la dame que c’était le frère de DAVID qui a commandité le braquage. Il se trouve que le nommé David a soupçonné que son complice allait craquer, donc lui, il a pris la fuite. Donc les FRCI on commencé à faire des recherches et des renseignements. Mon ami avait un frère Togolais, c’est ce dernier qui a dit aux FRCI de m’arrêter comme quoi, je savais où se trouvait mon complice qui est en même temps son propre frère. C’est comme cela, ils m’ont arrêté. C’est le frère de mon complice qui nous a dénoncés.
C’est comme cela qu’on a été arrêtés et déférés à la MACA, le 19/08/2011. Le jour de la mort de Yacou le Chinois. Les gardes pénitenciers ont déporté mon complice au camp pénal de Bouaké, quelques semaines plus tard, ils m’ont déporté à la prison de Dimbokro. C’est comme cela que je me suis retrouvé à Dimbokro, aujourd’hui ». Une pause. Reprise plus tard.
Peux-tu revenir sur le coup ?
Le détenu: «J’étais avec un ami Abidjan, c’était pendant la crise de 2011. Mon ami avait son frère qui travaillait avec une dame. Un soir, il est venu voir mon ami pour lui dire qu’il y a de l’argent quelque part dans la maison de madame où il travaille. Donc il veut qu’on parte prendre. C’est ainsi que nous sommes allés là-bas.
C’est la faim et la peur de mourir qui m’ont poussé à le faire. On dormait dehors, parce qu’il pleuvait des balles dans le quartier. Ça tuait aussi dans le désordre. Il y avait les règlements de comptes entre les gens. Il fallait être présent pour croire. On ne trouvait même pas à manger à plus forte raison l’argent pour payer transport. J’ai deux enfants et ils ne savent même pas où je suis. Toute ma famille est au Burkina Faso. Je ne savais où aller et comment faire pour avoir l’argent? ». Une pause, puis nous reprenons les échanges un autre jour.
Vous étiez quatre, que sont devenus les trois autres ?
Le détenu : «Nous étions 8 personnes à avoir préparé le coup. David et N’dri Bekanty Joël, sont les garçons de ménage de la victime. Combaté Laré et Moi sommes amis. Douty Roger est le petit frère de Combaté Laré et Jean leur frère. Il y a deux autres Ahiwa Pierre et Djoroko. Mais ces deux derniers ont été tués quelques jours, suite un braquage, après notre forfait.
N’dri Bekanty Joël, Combaté Laré, Douty Roger, Jean et Moi, avons été arrêtés. David s’est enfuit, lorsqu’il a su que N’dri Bekanty Joël l’a dénoncé. Nous sommes restés 5 à avoir été placés en garde à vue. Jean et Douty Roger n’ont pas participé au fait. Nous avons dit au juge qu’ils n’ont pas participé. Ils ont été libérés, quelques mois après. N’dri Bekanty Joël, Combaté Laré et moi-même avons été condamnés à 20 ans de prison». Pause, puis autres précisions un autre jour.
Une fois sur les lieux, y a-t-il eu mort d’homme ?
Le détenu : «Il n’y a pas eu de mort. Combaté Laré et Moi sommes restés au rez-de-chaussée en train de surveiller les 2 gendarmes qui assuraient la sécurité de la maison. Ils étaient tous deux endormis. On les avait drogué avec des comprimés que les 2 garçons de maison ont mit dans leur nourriture. Donc, il n’y a pas eu de violence. Mais, nous avons su, après qui était la victime. Elle nous a fait payer très cher notre acte», explique-t-il.
Combien chacun de vous a-t-il empoché ?
Le détenu : «Chacun a eu 1.200.000 mille francs ».
Toi particulièrement, qu’as-tu fais ?
Le détenu : «Je n’ai pas eu de charges personnelles contre moi à part celles qui pèse sur le groupe. Quand on a été arrêtés et conduits en prison en 2011, en 2015 le présidant a fait une réduction de peine de 4 ans pour tous les prisonniers qui sont condamnés à de lourde peine. Tous les prisonniers on bénéficié sauf nous. Et cela a été fait 2 fois et nous rien ! On ne sait pas ce qui s’est passé et puis nous autres n’avion pas bénéficié. Ça fait bientôt 10 ans 3 mois que je suis en prison ». Il confie à l’émissaire de nous transmettre:
« Je voudrais par votre action dire au Président de la République, le papa de la nation, au ministre de la justice, au ministre de la réconciliation, que je souhaite vraiment que la société m’accorde une seconde chance. Je veux retrouver mes enfants et aller à Gueyo pour m’occuper de la plantation de mon père et pouvoir prendre soins de mes parents et de mes enfants.
Je peux mentir pour dit que j’ai changé pour obtenir votre pardon, mais je sais ce que j’ai enduré et vécu durant ces années. Ce n’est pas quelqu’un qui va dire que ce que j’ai fait n’est pas bon. Je sais, maintenant ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Merci bien », nous laisse-t-il comme l’un de ses derniers échanges, avant notre décision de rendre public nos échanges et son message à président de la république Alassane Ouattara et à la présidente Chantal Camara.
Et de nous transmettre ce message pour le Chef de l’Etat
« Bonjour papa, monsieur le Président de la République. Je me nomme SAWADOGO PHILIPPE, je suis détenu depuis le 19/08/11 à la prison civile d’Abidjan, puis transféré à la prison de Dimbokro, pour vol en réunion à main armée, avec violence. J’ai été condamné à une peine de 20 ans. Je reconnais en toute sincérité que ce que j’ai fait n’est pas bon. Je suis père de deux enfants qui sont âgé de 17 ans.
Je n’ai aucune famille en Côte d’ivoire. Je vous demande pardon. Cela fait 10 ans 3 mois que je suis en prison. Nous n’avons pas bénéficié des réductions de peine de 4 ans que vous aviez accordé à 2 reprises en 2015. Je ne veux plus mentir encore. Je demande pardon parce que j’ai pris conscience des choses que j’ai faites. Qui ne sont pas bonnes. Moi seul sais, ce que j’ai enduré pendant ces 10 ans. C’est moi qui vais, aujourd’hui donner conseil à d’autres personnes qui voudront suivre mon chemin, de ce qui va leur arriver. Si jamais ils font ce qui n’est pas bon.
Je vous demande de m’accorder une seconde chance pour que je puisse m’occuper de mes enfants et mes parents qui sont à un âge très avancé. Je vous demande d’avoir pitié de nous, nous sommes aux nombre de 3 en détention à ce jour. Sawadogo Philippe, moi, à Dimbokro, N’dri Bekanty Joël à la Maca, Kombaté Laré au camp pénal de Bouaké.
Après avoir passé autant de temps en prison, j’ai pris conscience de la gravité de l’action que j’ai posée. Je demande pardon à maman Chantal Camara, pour ce qu’elle a pu subir, par notre fait. Je regrette, je lui demande clémence. Je sais que j’ai payé. Je regrette et je ne conseillerai jamais quelqu’un à faire du mal à son prochain. Pardon Maman. Pardon papa…» finit-il.
Nous n’avons pas encore les dernières nouvelles de Dimbokro, puisque l’intermédiaire n’as pas fait de signe de vie, depuis sa dernière visite qui remonte à fin novembre 2021. Le message du repenti sera-t-il entendu et accepté par le Président de la République en cette fin d’année porteuse de la ‘‘ Grâce Présidentielle ? Sawadogo Philippe, peut croiser les doigts, depuis Dimbokro, son lieu de détention. Les autres complices, aussi, à Bouaké et Abidjan.
Ledebativoirien.net
Par HERVE MAKRE
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