Ils appellent à la prise d’un décret spécial par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, afin de réparer les injustices qu’ils subissent. Mais ce décret pourrait aussi restaurer une certaine dignité entachée, depuis des années par le mépris réservé au Doctorat en Cote d’Ivoire. Très confortés dans leur position, les docteurs non recrutés estiment que la signature de ce décret contribuera aussi à former convenablement les étudiants, afin d’aider au repositionnement des universités dans la sous-région et dans le reste du monde. Il contribuera également à remettre à jour la saine émulation de la recherche de l’excellence chez les élèves et étudiants.Voici:
La nécessite du décret
d’abord, le manque d’enseignants et le déshonneur du système universitaire ivoirien vis-à-vis de son rang dans la sous-région
Déjà en octobre 2014 déjà, Gnamien Konan, alors ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en visite à Atlanta, dans le cadre du lancement de la Fondation de l’Université Internationale de Grand-Bassam, déclarait un déficit d’environ 5000 enseignants pour les universités ivoirienne. En outre, le projet de loi des finances 2022 prévoit l’augmentation du nombre des universités ivoiriennes.
Dans cette optique, des universités devraient être construites à Abengourou, Daoukro, Odienné, Dabou, quand celles de Man et San Pedro devront voir leurs capacités renforcées et celle de Bondoukou quasiment ouverte. N’est-ce pas là une voie tout indiqué pour lever la grande réticence du gouvernement à recruter des Enseignants, vu que déjà dans les universités fonctionnelles, il y a une grande disproportion entre le nombre d’enseignants et celui des étudiants.
Aujourd’hui, les universités ivoiriennes connaissent un manque d’enseignants, compromettant ainsi la formation des jeunes ivoiriens qui ont tous, légitimement, le droit à une formation convenable de la part des gouvernants. En 2020 par exemple, à l’université Félix Houphouët-Boigny, le ratio Etudiants-Enseignant qui devrait être de 1 enseignant pour 25 étudiants selon le système LMD, est de : 1enseignant pour 350 Étudiants, selon des informations livrées par un conseiller de l’actuel Ministre de l’Enseignement supérieur.
En conséquence, la Côte d’Ivoire, locomotive économique de l’UEMOA, devenue la risée de ses paires depuis une décennie au niveau de l’éducation et de l’enseignement supérieur, à une occasion de redresser le tir. Au niveau du PASEC, l’absence des universités ivoiriennes parmi les 200 meilleurs en Afrique, est parlant.
Dans les universités privées qui remplissent les conditions, l’État pourrait y affecter des Docteurs recrutés et rémunérés par l’État comme des fonctionnaires en puisant dans les faramineuses subventions de ces écoles. En y étant, ces Docteurs fonctionnaires seront un gage du suivi et du respect des normes de formation des étudiants.
Le décret exceptionnel n’est pas une première en Afrique
En 2006, le gouvernement marocain a engagé huit cent soixante-cinq (865) Docteurs chômeurs dans la fonction publique. Un an plus tard, soit en août 2007, le Premier Ministre marocain signe un accord d’insertion pour deux mille sept cent soixante (2760) Docteurs chômeurs. Ensuite, au Cameroun en 2018, le Président Paul Biya a signé un décret exceptionnel pour l’intégration de deux mille (2000) Docteurs chômeurs à la fonction publique. En 2021, en Tunisie, Hichem Mechichi, chef du gouvernement tunisien a proposé un plan pour le recrutement de 2400 Docteurs chercheurs au chômage. Finalement, Olfa Ben Ouda, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a annoncé que trois mille (3000) Docteurs chômeurs seront recrutés.
modalités d’application du décret pour l’intégration des 3000 docteurs
Des Docteurs dans l’enseignement supérieur, dans les cabinets ministériels, Institutions et représentations diplomatiques
Un Docteur n’est rien d’autre qu’un expert dans un domaine donné ou un spécialiste dans un domaine précis. Dans les différents ministères, les postes de Conseillers techniques sont confiés souvent à des personnes non spécialistes parfois même déjà fonctionnaires. Ces postes peuvent revenir à des Docteurs spécialistes dans ces domaines. Ainsi, les Docteurs spécialistes des questions agronomiques peuvent intégrer le Ministère de l’Agriculture et des Ressources animales, quand les spécialistes de l’environnement pourront intégrer les conseils régionaux ou le ministère des eaux et forêts et de la salubrité.
Aussi, avec la criminalité qui change de visage et de méthode à chaque instant, l’on se s’il n’existe pas dans les structures de sécurité ou dans chaque préfecture de Police où des Docteurs en criminologie, en psychologie, en anthropologie, etc. pourrait apporter leur expertise à l’effet de cerner les comportements juvéniles vacillants des jeunes et proposer des pistes de résolution adéquate. De même, avec le phénomène des pluies qui endeuillent les ivoiriens, les docteurs géographes urbanistes pourraient encore apporter leur expertise…Que dire des océanographes avec la mer qui est en train d’engloutir Lahou Kpanda, face au changement climatique…
Qui mieux qu’un anthropologue ayant fait une thèse sur les alliances interethniques, ou un historien spécialiste des crises intercommunautaires, est habilité à intégrer le cabinet du médiateur, celui du Ministère de la réconciliation, etc. « Affecter des Docteurs selon leurs spécialités à ces postes comme des fonctionnaires peut redynamiser les ministères et par ricochet, les transformer objectivement en des instruments de services publics et de développement », estime le Collectif des docteurs non recrutés d Côte d’ivoire.
Des Docteurs dans les structures étatiques et entreprises privées par le lobbying de l’État
Il se trouve parmi les Docteurs spécialistes du cacao et des spécialistes d’autres cultures de rente que l’État peut insérer dans les différentes structures étatiques ou privées rattachées à ces cultures. Des Docteurs spécialistes des Ports de San Pedro et d’Abidjan peuvent être intégrés par l’entremise de l’État au sein de ces structures qu’ils ont étudiées en détail. Un Docteur linguiste spécialiste des langues nationales a logiquement sa place au Ministère de la Culture, ou même au sein des chaines de télévision nationale ou privée.
L’État peut créer les conditions d’insertion. L’État peut créer de nouveaux emplois et favorise leur création. Il est de sa responsabilité de créer les conditions d’insertion des Docteurs ivoiriens qu’il s’est investi à former. Pour l’État de Côte d’Ivoire, il est encore plus facile d’insérer ces Docteurs d’autant plus que les besoins existent.
Des Docteurs professeurs agrégés de Lycée comme en France
Les Docteurs qui le souhaitent iront enseigner dans les Lycées et Collèges sans passer un concours. Ils auront les mêmes traitements comme les assistants et auront un emploi du temps plus fluide comme en France, pour produire des articles qui non seulement contribueront à l’amélioration du système éducatif, mais aussi conforteront leurs productions personnelles. Cette mesure permettra de résoudre le problème de reclassement des enseignants du secondaire qui accèdent au rang de Docteur.
Réservation des Postes de PCA à l’élite intellectuelle
L’État ivoirien dans sa politique de promotion de l’Excellence peut penser inclurent les docteurs en fonction de leur spécialité dans les Conseil d’Administration des entreprise publiques. « Cette mesure sera une véritable source d’émulation au sein de la jeunesse ivoirienne qui, depuis les années 2000, semble désenchantée de l’école. Dans ce sens, les pépites de l’éducation qui croient aux études et à l’effort dans le travail, pourront déconstruire dans leurs subconscients l’idée selon laquelle l’engagement politique est la condition majeure de réalisation sociale au détriment du mérite intellectuel », pense encore le Collectif des Docteurs.
Les Docteurs ne demandent qu’à servir leur pays sont humiliés et escroqués. Il est temps pour le gouvernement de repenser le mode de recrutement des titulaires du doctorat en Côte d’Ivoire. Et Président de la République, Docteur Alassane Ouattara peut jouer gros par la prise d’un décret afin d’intégrer tous les Docteurs dans une fonction au public ou dans le privé. Et le collectif des docteurs non recrutés de Côte d’Ivoire qui, depuis octobre 2021 bât le pavé peut y croire, cette année 2022.
ledebativoirien.net
H.MAKRE