660 places promises, par le ministère de l’Enseignement Supérieur. Largement insuffisant au regard du nombre important des Docteurs non-recrutés en Côte d’Ivoire. Plus de 3000. Dans ces conditions, à l’analyse et appréciation sereine, la prise d’un décret exceptionnel par le Président de la République permettra de résoudre la crise du Doctorat en Côte d’Ivoire. Ce décret pourrait inclure la mise en place d’un fonds d’urgence présidentiel portant, insertion des docteurs victimes d’un chômage massif.
Le collectif des docteurs non recrutés de Côte d’Ivoire en veut pour preuve, sur la question de la refonte du système de recrutement, le Ministre, lors des échanges n’a pas manqué de faire une annonce capitale : «Il a reconnu les failles du système de recrutement», applaudit-il. À cet effet, le ministre annonce la fin des candidatures multiples. «Désormais, le candidat présentera un seul dossier et sera face à un jury thématique». Le collectif note cependant, quant au bien-fondé de la composition écrite et du jury d’audition, une analyse de dossier fournit suffirait, dès lors que titulaire du Doctorat. Le ministre Diawara ne peut renier le fruit de son travail, lui-même enseignant chercheur, formateur des doctorants, dont il valide la thèse. Peut-on, le matin déclarer, docteur, et l’après-midi, crier non docteur celui qu’on soi-même déclaré docteur?
En outre, les griefs concernant l’extorsion de fonds par les départements qui n’ont retenu aucun candidat sont été ignorés par le ministre Diawra, «alors que des milliers de docteurs ont été grugés de ce côté-là», hurle le Collectif. En cette vague d’audits, qu’attend le ministre de l’Enseignement Supérieurs pour l’ouverture d’une enquête sur cette question afin de s’en laver les mains? Il attend certainement le président de la République. Que dire de la transparence du concours de recrutement en lui-même, dès lors qu’aucune sanction n’a été encore annoncée contre les responsables du dysfonctionnement observé à la session 2021, source de la profonde crise, qui n’honore pas l’image de la Côte d’Ivoire.
Ce que les docteurs victimes du système du recrutement pensent de certaines suggestions et propositions
Demander aux docteurs de passer le concours d’entrée à l’École Normale Supérieure pour espérer plus tard intégrer l’enseignement supérieur par glissement catégoriel est inconcevable. Non seulement, la plupart des docteurs ont déjà dépassé l’âge limite pour le concours de l’ENS, mais il est inadmissible de demander à quelqu’un d’aller faire une autre formation dans un domaine où il a déjà décroché le Doctorat. La logique voudrait que des Docteurs qui le souhaitent soient affectés dans les Lycées et Collèges avec les avantages dus à leur rang comme cela se fait en France. Ils auront les mêmes traitements comme les Assistants, et auront un emploi du temps plus fluide, pour produire des articles qui non seulement contribueront à l’amélioration du système éducatif, mais aussi conforteront leurs productions personnelles.
L’enseignement privé : il convient de rappeler au Ministre que nombreux sont les docteurs qui interviennent aussi bien dans le secondaire que dans le Supérieur. Cependant, les salaires proposés par les fondateurs sont dérisoires. Dans certains cas, les salaires ne sont pas payés. Il faudra donc une volonté politique pour recadrer les choses dans le secteur de l’enseignement privé en Côte d’Ivoire.
l’accumulation du nombre de docteurs non-recrutés: l’irrégularité des sessions de recrutement
Le plus surprenant, c’est lorsque le recrutement à scandale d’août 2021 est considéré, par le Ministère de l’Enseignement Supérieur comme complémentaire à celui de 2020. Ce qui laisse clairement transparaître qu’il n’y a pas eu de session de recrutement propre à l’année 2021. «Tous ces atermoiements, ajoutés aux soutenances de thèse qui se déroulent tous les jours dans les UFR des différentes universités de Côte d’Ivoire, ont contribué à accroître le nombre de Docteurs en quête d’emploi. Cependant le manque de transparence dans le processus de recrutement accentue la précarité des conditions de vie des Docteurs non-recrutés», confie le collectif des docteurs non recrutés.
L’opacité du système de recrutement des assistants
Selon le collectif, dans les arguments ne sont pas encore contrariés par le département ministériel de tutelle, le concours de recrutement des assistants et des chercheurs connaît de nombreuses irrégularités. La session complémentaire de 2020 lancée en août 2021 n’a laissé personne indifférent. Voici quelques trivialités.
En août 2021, l’État de Côte d’Ivoire par l’entremise du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique lance le recrutement de 256 assistants avec 150 places pour les nouveaux emplois et 106 places au titre de glissement catégoriel. Les différentes filières concernées par ce concours ont été mentionnées. Après l’annonce, l’opacité propice aux magouilles règnera sur le nombre de places disponibles dans chaque établissement, dans chaque UFR, dans chaque filière. Au lieu d’une inscription unique débouchant sur l’affectation des admis dans les structures de formation, les organisateurs imposent de multiples inscriptions au nom du principe de l’indépendance des universités et au prétexte d’une intensification des chances des candidats.
extorsion massive de fonds
« En vérité, il s’agit d’un procédé mis en place par les services du ministère, afin de spolier les docteurs, lors de chaque session de recrutement. Pour chaque université où le Docteur postule, il doit impérativement constituer un dossier qui se compose comme suit : un exemplaire de la thèse, le prix varie selon le volume du document, les Titres et Travaux , document retraçant le parcours du candidat, un certificat de nationalité, coût 3500 F, un casier judiciaire de moins de trois (3) mois 3500 F, un extrait d’acte de naissance de moins de six (6) mois, 500 F,
une photocopie légalisée de tous les diplômes obtenus depuis le BAC 2000 à 3000F, un porte-document vendu à 2000 F aux candidats pour ce qui concerne l’université Alassane Ouattara de Bouaké, une clé USB de deux (2) gigas vendue à 4000 F à l’université Lorougnon Guédé de Daloa, un certificat de non-bégaiement dont le coût oscille entre 10.000F et 15.000F selon les structures. Comme si, après avoir été déclaré non-bégayeur à l’Université de Daloa par un médecin assermenté de l’État ivoirien, un Docteur candidat peut l’être à San Pedro ou ailleurs », révèle le collectif des docteurs.
Même, les professeurs de lycée et collège, titulaires du Doctorat, en services dans les établissements publics ne sont pas exemptés de ce certificat de non-bégaiement. Cela est d’autant plus ahurissant dans la mesure où l’on s’interroge sur la possibilité qu’une personne, jugée apte par l’ENS après sa formation et qui enseigne depuis des années, peut temporairement devenir un bègue à cause du recrutement des assistants à l’université.
Après la phase de dépôt des dossiers, le candidat devra parcourir le pays pour les auditions. Il doit passer devant un jury dans chacune des structures sollicitées alors que les programmes de passage communiqués par ces structures se chevauchaient. «En fait, le programme des auditions ne tient pas compte du nombre de candidatures de sorte qu’un postulant peut être programmé le même jour dans différentes localités.
une si mystérieuse commission à parrains
Le processus de délibération du concours n’est pas non plus transparent. En effet, après avoir fait des auditions distinctes dans plusieurs universités devant des Jurys choisis par ces universités, les résultats sont proclamés en une seule phase sur « une seule liste ». Et ce, par le Ministère de l’Enseignement Supérieur suite à une «Commission Nationale de Recrutement des Enseignants du Supérieur», dévoile le Collectif des docteurs non recrutés de Côte d’Ivoire.
La question qui taraude plus d’un Docteur candidat, et toute personne cohérente évidemment, est de savoir si cette fameuse «Commission procède à la reprise des délibérations effectuée par les jurys d’audition des différentes structures ». Aussi, s’interroge-t-on sur les raisons pour lesquelles, les résultats ne sont pas proclamés indépendamment par les universités selon le principe des EPN qui a guidé le processus.
Ces déclarations, émanant souvent de professeurs titulaires, suscitent une inquiétude sérieuse quant à l’avenir de l’école ivoirienne et particulièrement au devenir de la recherche scientifique. «Elles frisent l’irresponsabilité d’une intelligentsia qui par manque de courage, sacrifie l’élite de la nation sur l’autel des appétits financiers, dans la mesure où en présidant les auditions, ces Professeurs reçoivent des émoluments consistants en retour. Sinon, pourquoi un enseignant qui estime que les résultats d’une audition qu’il a présidée sont transmués, ne dénoncerait pas publiquement ce fait ? Les raisons évoquées par ces derniers sont entre autres, la peur de représailles et de perte de leur pain dans un État où des enseignants, pour avoir dénoncé des injustices, peuvent voir leurs salaires suspendus par un président d’université sur une période selon ses humeurs, sans que la justice ne dise mot.
Malheureusement, certains cas de Docteurs retenus semblent conforter ces affirmations de favoritisme sous anonymat. Pour cette session dite complémentaire de 2020, des Docteurs avec certainement des parrains bien placés ont été retenus dans des domaines qui n’étaient pas forcément leurs spécialités, quand bien même des spécialistes de ces domaines ont été écartés. Certains anonymes évoquent des soupçons de corruption à hauteur de trois million de francs CFA (3 000 000 FCFA). Le système de parrainage entache donc la crédibilité de ce recrutement dans la mesure où, certains candidats ayant soutenu leurs thèses, juste avant l’ouverture du concours sont retenus, au détriment des anciens de la même spécialité qui attendent depuis des années…
Fonction publique clouée au pilori
Attention, il ne sera plus rétabli dans son grade A5 s’il échoue au test de recrutement au poste d’Assistant à l’université. Il perd alors tous les privilèges qu’il a acquis en servant l’État de Côte d’Ivoire. Pis, il ne pourra plus augmenter de grade. Face à une telle situation, certains fonctionnaires Docteurs s’abstiennent des concours d’accès aux grades supérieurs à A4. Ceci pour espérer un jour réussir au concours de recrutement des Assistants, seule alternative pour valoriser le Doctorat en Côte d’Ivoire. Scandale ! Pourquoi en Côte d’Ivoire, les plus méritants sont-ils traités avec mépris? Le doctorat, est-il un crime intellectuel?…
A SUIVRE : INCONGRUITES SUR LA LISTE DES ADMIS D’AOUT 2021- CONFUSION SAVAMMENT ENTRETENUE-LES CAS DE FRAUDE…
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H. MAKRE