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Côte d’Ivoire et les violences en période électorale-Koné Katinan (PPA-CI) : «Le problème des crises électorales aujourd’hui est lié à la CEI multipartisane créée à Marcoussis »

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Lancé le dimanche 27 décembre 2020, le projet de monitoring des violations des droits humains lors des processus électoraux en Côte d’Ivoire, initié par l’OIDH grâce à l’appui financier de la Fondation OSIWA, vient de livrer ses conclusions. C’est au cours d’une cérémonie qui a eu lieu ce vendredi 18 septembre 2022 à l’Hôtel Lorenzo de la Riviera Palmeraie en présence de la presse et du Ministre Justin Koné Katinan, 2ème  Vice-président du Conseil Stratégique et Politique (CSP) et Porte-parole du PPA-CI.

Pour M. Eric Semien, président de l’Observatoire Ivoiriens des Droits de l’Homme (OIDH), ce rapport est une contribution à la réduction des violations et atteintes des droits humains en Côte d’Ivoire en période électorale. Les élections, dira-t-il, sont devenues un prétexte pour des affrontements entre les populations. Que faire pour les circonscrire ? Tel est le thème qui a fait l’objet d’un panel auquel ont pris part le professeur Geoffroy Julien Kouao, le journaliste André Silver Konan et le Député juriste, Ben Méité.

Le Ministre Justin Koné Katinan (JKK) dont la présence a été saluée par le Président Eric Sémien, pour avoir été le seul représentant de parti à répondre présent à l’invitation de l’OIDH, n’a pas manqué de donner son point de vue sur le sujet. Une contribution fortement applaudie par l’ensemble des participants. Après avoir salué l’initiative des organisateurs, le Ministre Katinan a fait remarquer que les trois panelistes présents sont un échantillon qui reflète la profondeur de la société ivoirienne. Parce que, dira-t-il, tout ce qui se fait avec passion s’éloigne toujours de la vérité.

Le disant, le Ministre a pris pour preuve les leçons tirées de son exil. « De mon exil, j’ai appris deux choses : l’humilité dans la victoire et l’espérance dans la défaite. Si vous êtes vainqueur et arrogant, vous aurez du mal à quitter le pouvoir. Si vous perdez et que vous êtes dans le désespoir, vous serez tentés par tous les moyens d’arriver à la victoire », a-t-il dit.

Parce que selon lui, si les Ivoiriens ne parviennent pas à encadrer leurs passions à travers les deux limites, notamment, « l’humilité dans la victoire et l’espérance dans la défaite », ils courent droit vers le précipice. Pour le Ministre, le pouvoir en Côte d’Ivoire est victime de la patrimonialisation. C’est-à-dire, faire du pouvoir une chasse gradée patrimoniale, autrement dit, concevoir le pouvoir comme un patrimoine familial, une chose pour soi.

Le représentant du PPA-CI, n’arrive pas à s’expliquer pourquoi les conclusions de l’enquête diligentée par le procureur, sur les mêmes événements, sont si différentes de celles de l’OIDH. Ceci met en cause, selon lui, la crédibilité de l’appareil judiciaire. La vie est régie par un contrat social. Et celui qui, dans le contrat social, a la responsabilité de mettre tout le monde sur le même pied d’égalité, c’est le Juge. Tant que la justice n’acceptera pas de prendre sa responsabilité, dira-t-il, aucune solution n’est possible.

Pour corroborer la thèse de l’impartialité de la justice, le Ministre Katinan est revenu sur l’accusation portée contre lui au Ghana, pour le prétendu meurtre de deux personnes. Cette fausse accusation lui a valu quatre mois de prison inutiles au Ghana. Le juge ivoirien auteur du mandat d’arrêt n’a pu apporter la moindre preuve liée à cette affaire de meurtre, précisera-t-il. Le juge en question, selon, le Ministre Katinan a été visiblement manipulé par un homme politique. C’est pourquoi il dit ceci : « Ne jouons pas avec la loi ! Et si nous ne devons pas jouer avec la loi, il faut que la loi elle-même soit juste (…) Vous enlevez à la loi son essence qui est le ciment du contrat social».

Au sujet de l’état de santé actuel de son pays, le Ministre a fait savoir que la Côte d’Ivoire est malade parce qu’elle est profondément corrompue.

« Aujourd’hui, la seule valeur qui compte, c’est l’argent. Aucune autre valeur ne compte. La pire des choses qui est arrivée à la Côte d’Ivoire, c’est la rébellion. La conséquence de la rébellion n’est pas seulement le nombre de morts mais c’est la détérioration totale de la conscience nationale », a-t-il dit, avant de faire remarquer que la Côte d’Ivoire a à son actif deux expériences majeures en matière d’élection, notamment en 2000 et 2003.

« En 2000, l’élection présidentielle a été organisée par la société civile à travers Guié Honoré, qui a résisté et appliqué la loi jusqu’au bout, au risque même de sa vie. En 2003, c’est Camille Oguié, un magistrat qui a organisé les élections municipales et mon parti le FPI au pouvoir les ont perdues mais il n’y a jamais eu de mort en Côte d’Ivoire. Le problème des élections aujourd’hui est lié à la CIE multipartisane créée à Marcoussis. L’on a cru à tort que plusieurs partisans mis ensemble dans une structure comme la CEI en garantissent sa neutralité. Ce n’est pas du tout vrai. Un tel rassemblement ne fait qu’accroître sa partialité, chacun exerçant le mandat de l’organe politique qu’il représente », a indiqué le Ministre.

Selon lui, en Côte d’ivoire, il y a des hommes de valeur et de confiance capables d’organiser des élections justes et transparentes. En mettant en jeu leur responsabilité administrative et pénale, ils sont à mesure d’organiser de bonnes élections.

Le Ministre a, pour terminer, rappelé le modèle Ghanéen où en cas de situation critique, le Roi Ashanti fait appel à tous les Rois pour statuer. Et les décisions issues de cette concertation ont valeur «ultraconstitutionnelle ».

Ce qui n’est pas le cas, dira-t-il, en Côte d’Ivoire où la neutralité de la Chambre des Rois et Chefs traditionnels est préoccupante. La chefferie traditionnelle fait partie de la conscience historique de la nation ghanéenne. La royauté agit en renfort à la conscience nationale et refuses a caporalisation par les différents pouvoirs politiques.

En Côte d’ Ivoire, cette conscience historique étant quasiment absente la chefferie traditionnelle apparaît comme un appendice du pouvoir central, toute chose qui la rend hautement corruptible, a-t-il indiqué.

Par Léon SAKI

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