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Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac de 1995 à 1997, assène ses vérités au Président ivoirien, Alassane Ouattara, Jean Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères de la France et au Chef d’État français Emmanuel Macron. Et ce, dans une interview sur les neufs ans d’intervention militaire de la France au Mali.
La crise qui oppose la junte malienne au Chef d’État français, Emmanuel Macron commence à faire parler des français au plus haut niveau. Et dans les propos des gaulois, les postures de certains chefs d’État africains et du patron du Quai d’Orsay ne sont pas appréciées.
La sortie de Charles Millon vendredi 18 février 2022 dans un entretien accordé à un journal français révèle l’attitude incongrue et saugrenue des autorités françaises dans la gestion de la crise malienne. Et partant, indique l’agacement de l’ancien ministre de la défense de Jacques Chirac vis-à-vis de l’acharnement du Chef d’État ivoirien, Alassane Ouattara sur la junte malienne.
Après l’affaire d’une communication téléphonique attribuée à Boubou Cissé, ancien Premier Ministre malien et à Alassane Ouattara, c’est au tour de Charles Millon d’asséner ses vérités au Président ivoirien et à Jean Yves Le Drian dans le dossier malien. À la suggestion d’Alassane Ouattara à la junte malienne d’arrêter de bander les muscles face à la France et à la communauté internationale y compris la CDEAO et l’UA.
Charles Millon laisse éclater une colère qu’il ruminerait contre Abidjan au regard de sa position dans la crise malienne au sein de la CDEAO. «Il faudrait rappeler à Monsieur Ouattara qui remet en cause la légitimité de la junte militaire à Bamako qu’il bénéficie d’un troisième mandat illégitime et non constitutionnel. Qu’il nettoie devant sa porte avant de donner des conseils aux autres», a explosé Charles Millon eu égard l’attitude du Chef d’État ivoirien dans la crise malienne.
Ensuite, en ce qui concerne Jean Yves Le Drian et Emmanuel Macron, Charles Millon n’a pas été tendre avec le ministre français des affaires étrangères et le Président français lorsqu’on lui a demandé ce qu’il pense de la politique étrangère d’Emmanuel Macron.
«Le Drian est surtout médiocre et il n’a pas l’air de s’intéresser aux Africains et à l’Afrique. Sans doute n’est-il pas facile de travailler avec un Emmanuel Macron qui veut toujours prendre la lumière. Ce que je reproche au Président français au Mali comme au Liban ou en Ukraine, c’est de faire une politique de coups, sans suivi, ni constance. Cette fâcheuse habitude est totalement contreproductive. La diplomatie se joue dans la durée et dans des liens de confiance avec nos interlocuteurs étrangers.
C’est long, très long. La politique d’Emmanuel Macron et de Jean Yves Le Drian est finalement illisible. Comment en même temps, selon l’expression consacrée du président français, dénoncer les coups d’État en Guinée ou au Mali et apporter un soutien total au fils du président Déby qui prend le pouvoir par la force après le décès brutal de son père ? Emmanuel Macron a des réactions d’adolescent. Ce n’est pas ainsi qu’on doit construire la politique étrangère d’un pays comme la France», a déploré Charles Millon.
À ce rythme, après les terroristes du Sahel, les autorités françaises, aidées par la CEDEAO et l’UA, seraient en passe d’ouvrir un nouveau front contre le Mali et ses dirigeants actuels. Reste à savoir où tout cela nous amènera bientôt. Sachant maintenant que le Mali veut réaffirmer sa souveraineté dans la lutte contre le terrorisme. Si le Président ivoirien revendique si bien cette souveraineté en crachant ses vérités à l’Union Européenne contre sa menace d’interdiction d’achat du cacao ivoirien.
«Vous savez, le monde est multipolaire aujourd’hui. Si les Européens ne veulent pas acheter notre cacao, il y en a d’autres qui vont l’acheter. Si les Américains ne veulent pas acheter notre cacao, il y en a d’autres qui pourront l’acheter? Mais qu’est-ce que l’Afrique représente en matière de pollution ? 4 %. Et les 96 %, qui sont ceux qui le font ?
Ce sont les Occidentaux. Et vous vous êtes développés comment ? (…) Nous avons une génération de chefs d’État et une jeunesse, maintenant, qui connaît ses responsabilités et qui estime que nous ferons ce qui est bien pour nos pays, pour nos peuples. Nous ne voulons pas d’importation, d’idéologie, ni de culture, ni de constitutions, etc. C’est terminé ça.
Il faut que la considération soit de part et d’autre dans les relations entre l’Europe et l’Afrique. Tous ces engagements qui ne sont pas respectés, j’espère que cette fois-ci on va en parler. Il faut que les engagements soient respectés ! » Alors, les maliens également peuvent demander qu’on respecte leurs droits inaliénables dans les relations internationales.
H.KARA
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