Nouveau franchissement dans les tensions entre Paris et Bamako. Le gouvernement de transition malien a exigé lundi le retour sous 72 heures de l’ambassadeur de France. Lundi soir, du côté de la France, de source diplomatique, on prenait « note » de ce retour. En quoi cette décision est-elle un camouflet pour Paris ?
La France a beaucoup investi dans la région. En janvier 2013, c’est à la demande des Maliens que l’armée française intervient pour repousser une offensive djihadiste. Depuis, 53 soldats français ont perdu la vie sur place. La France a formé l’armée malienne, elle s’est battue dans le nord du pays, une région totalement abandonnée par Bamako.
Et aujourd’hui, en demandant le départ sous 72 heures de l’ambassadeur français, la junte montre à Paris la porte de sortie. Le dialogue est de toute façon rompu avec le colonel putschiste Assimi Goïta . Il accumule les insultes à l’égard de la France, mais aussi des pays de l’Afrique de l’Ouest puisque leurs ambassadeurs, eux aussi, sont déjà tous partis de Bamako.
La fin de l’opération Barkhane ?
Tout cela confirme ce qu’on entend au sein des armées françaises depuis plusieurs mois maintenant : la présence française dans le format actuel n’a plus d’avenir au Mali. La décision d’un retrait définitif est politique, elle n’appartient qu’à Emmanuel Macron, le chef des armées. La question, c’est où se replier ? Plusieurs hypothèses sont sur la table : le Niger, le Tchad ou un pays du golfe de Guinée. L’objectif est de conserver une capacité d’intervention pour lutter contre les incursions djihadistes à grande échelle.