La sécurité dans une république est assurée par les forces de sécurité publiques (Police et Gendarmerie) appuyées par des entreprises de sécurité privée régies par des textes légaux. Nulle part, une confrérie ou association de chasseurs traditionnels appelée communément «Dozos» n’a été cité comme partie prenante légale dans ce système de sécurité nationale.
Alors, pourquoi vouloir introduire de manière insidieuse des acteurs illégaux dans un système légal ? De qui répondront demain ces nouveaux acteurs de la sécurité en Côte d’Ivoire ?
La loi sur la gestion de la sécurité en Côte d’Ivoire est on ne peut plus clair sur les différents acteurs du système de sécurité. D’abord, la sécurité publique assurée par la police nationale et la gendarmerie nationale. Ensuite, la sécurité privée qui comble les insuffisances de la sécurité publique auprès des citoyens.
Cette sécurité privée s’exerce dans un cadre légal défini par le législateur, l’État. Initialement régi par le Décret n° 98-323 du 15 juin 1998 portant réglementation des activités privées de sécurité, le secteur de la sécurité privée s’exerce désormais dans le cadre du Décret n°2005-73 portant réglementation des activités privées de sécurité et de transport de fonds.
Suivies et encadrées depuis la Direction de la Surveillance Territoriale (DST), plus précisément par la Sous-direction chargée de la sécurité privée, les sociétés de sécurité privée s’efforcent jour et nuit pour respecter leur cahier de charge et satisfaire le besoin en sécurité de proximité des populations. Car, les forces publiques étant dans l’incapacité de satisfaire à la demande, les entreprises privées deviennent du coup des acteurs incontournables de la gouvernance de la sécurité.
Il existe plus de 600 sociétés de sécurité privée en Côte d’Ivoire. Cependant, seulement 14% sont agréées selon Eric Koula, président de l’union nationale du patronat des entreprises privées de sécurité de Côte d’Ivoire (Unapepsci).
Nonobstant, les efforts des sociétés de sécurité privée pour exercer dans le cadre légal qui leur est conféré, le Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Vagondo Diomandé, a procédé le jeudi 12 mars 2020 à Grand-Bassam, à l’ouverture du séminaire de « Réflexion sur les textes régissant le secteur des entreprises privées de sécurité et de transport de fonds en Côte d’Ivoire ».
Vagondo Diomandé a indiqué qu’au regard des défis sécuritaires actuels, il est essentiel de porter une attention particulière au secteur des entreprises privées de sécurité et de transport de fonds en Côte d’Ivoire, afin de mieux le cerner et de mieux l’encadrer. Selon lui, cet atelier a pour objectif de proposer une révision de tous les textes dont l’application a révélé certaines difficultés, pour les adapter à la spécificité des différentes branches de métier de la sécurité privée.
Alors, que vienne faire dans ce défi sécuritaire une simple association de chasseurs traditionnels non agréée par la DST comme étant une entité légale de la sécurité des ivoiriens ?
Sortie déstructurée d’une crise post-électorale en 2010, l’armée ivoirienne est en pleine restructuration en vue d’être une armée républicaine capable de faire face aux nouvelles menaces sécuritaires. Ainsi, à l’occasion d’échanges de vœux de nouvel an avec les corps constitués, les représentants d’organisations internationales et le corps diplomatique,
le mercredi 02 février 2022 à Abidjan, le Président de la République, Alassane Ouattara, a salué l’esprit d’anticipation de l’armée à apporter des réponses graduées et adaptées à la lutte contre le terrorisme et la criminalité. « L’année 2022 s’ouvre dans un contexte de bouleversement sous régional qui vient s’ajouter à la situation sécuritaire ancienne. Sur ce point, je salue votre esprit d’anticipation ainsi que les réponses adaptées que vous avez su apporter », a-t-il déclaré.
Mais, dans ce contexte de nouvelles menaces sécuritaires, qui pourrait faire la différence entre un Dozo originaire du Mali, du Burkina Faso ou de la Côte d’Ivoire à un poste de contrôle ou dans un village frontalier aux pays voisins de la Côte d’Ivoire ? Les terroristes ont l’imagination très poussée pour s’introduire dans un territoire. Alors, cette cérémonie d’intronisation du Dozoba National ce mercredi 2 février 2022 à Manhadiana-Sokourani en Côte d’Ivoire avec des propos du représentant du parrain, le Ministre de la l’Emploi et de la Protection Sociale, Me Adama Kamara, doit éveiller la réflexion sur l’objectif et l’opportunité de la présence des Dozos aux côtés des forces de sécurité.
« Au nom du Ministre, parrain de la cérémonie, j’ai salué toute la confrérie de Côte d’Ivoire, pour cette initiative qui permettrait une bonne structuration au sein de la corporation afin d’aider nos agents de forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions. Le dozo est certes un chasseur, un guerrier, un guérisseur, mais aussi un agent protecteur, qui est régulièrement sollicité pour la protection des cars de transport face à la recrudescence des attaques des « coupeurs de route » », a-t-il indiqué.
Si les Etats-Unis luttent, depuis belle lurette, contre le terrorisme uniquement avec ses forces armées républicaines sous la supervision des différents Présidents qui se sont succédé, alors les forces de défense et de sécurité républicaines de la Côte d’Ivoire peuvent également assurer la protection des ivoiriens sans recourir forcément à des supplétifs qu’on ne pourrait éventuellement contrôler dans la mission de sécurisation des populations. « Hier soir, sous ma direction, les forces militaires américaines dans le nord-ouest de la Syrie ont entrepris avec succès une opération antiterroriste pour protéger le peuple américain et nos alliés et rendre le monde plus sûr», s’est réjoui Joe Biden, Président des États-Unis, le 3 février 2022.
C’est pourquoi, les nouveaux sécurocrates qui voudraient induire le Chef l’État ivoirien, Alassane Ouattara, en erreur, doivent laisser ce dernier construire tranquillement une armée républicaine pour la Côte d’Ivoire sans adjuvants supplétifs au dessein inconnu dans certaines circonstances.
H.KARA
Ledebativoirien.net
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