Urgent-chefferie d’Adjamé-Bingerville: que veut l’administration ivoirienne-est-ce elle, ou ce sont les populations qui choisissent leurs chefs ?

Les Chef de villages sont-ils désignés par l’administration ou ce sont les populations qui choisissent leurs chefs ? La question mérite d’être posée au regard de la situation qui prévaut au sein de beaucoup de villages ivoiriens où les conflits de chefferie sont de plus en plus courants à cause des choix de l’administration portés sur des personnes récusées par les populations.  Le cas du village Adjamé-Bingerville reste le plus épatant.

En effet, en prélude à la fin imminente du mandat des Dougbô, prévue le 31 décembre 2019, la nouvelle génération appelée à prendre le pouvoir notamment les Tchagba ont procédé, dans la nuit du 1et au 2 octobre 2019 à la désignation de leur chef. Leur choix a porté sur Mobio Aboussou Guy Georges. C’est alors que les nouveaux tenants du pouvoir ont été approchés par le gouverneur du District d’Abidjan les implorant d’accorder une prolongation d’un an à la génération sortante à raison de l’élection présidentielle d’octobre 2020.

La nouvelle génération au pouvoir ne fait aucune opposition à cette doléance, qui malheureusement allait donner ouverture à une crise. Après une année entière observée sans activité, les Tchagba ont, à partir du 1er janvier 2021, décidé de poursuivre le process de l’installation de leur pouvoir dont le chef avait depuis longtemps été désigné.

Mais voilà que le pouvoir sortant à qui une année a été accordée usa de subterfuges pour passer la main à Awaka Ghislain qui reçut quelques semaines après un arrêté de l’administration ivoirienne, cette même administration qui avait sollicité une prolongation. Voici donc née la crise à Adjamé Bingerville. Le processus de désignation du Chef est depuis longtemps connu par les autorités.

La désignation de chef s’opère exclusivement au sein de sa génération et par sa génération ; et une génération ne peut désigner qu’un seul chef. Ensuite, la présentation publique est faite à la communauté villageoise en présence du chef de terre.

Pour terminer, il s’en suit l’intronisation du nouveau chef par la personne exclusivement en charge de cette prérogative dans le village. Telle la procédure longtemps appliquée en pays Atchan. Et elle n’est pas contraire aux dispositions de la loi portant statuts des Rois et Chefs traditionnels qui stipule que « les Rois; les Chefs de province ; les Chefs de canton; les Chefs de tribu et les Chefs de village sont désignés suivant les us et coutumes dont ils relèvent ».

Le chef du Village d’Adjamé Bingerville, Nanan Mobio Aboussou Guy Georges a été désigné par sa génération conformément aux déférentes étapes imposées par les Us et Coutumes Atchans. Il a reçu la bénédiction de Nanan. Quand un chef reçoit cette bénédiction, il rentre immédiatement en fonction.

Il n’a pas besoin d’attendre l’arrêté de l’administration, qui peut venir après. Dans le village, Nanan Mobio Aboussou Guy Georges est très populaire et les populations lui vouent une grande admiration. Il est installé au siège de la chefferie et officie toutes les activités du village.

Mais  pour quelle raison, l’administration ivoirienne s’entête-t-elle à vouloir installer une personne en disgrâce totale avec la population et avec ses propres Us et Coutumes ?

 

Par Léon SAKI

Ledebativoirien.net