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Annoncée par le gouvernement ivoirien en Conseil des ministres, le mercredi 26 janvier 2022, la campagne 2022 de commercialisation de la noix de cajou est ouverte depuis le 04 février 2022. Mais avec un prix plancher obligatoire bord champ fixé à 305 FCFA/Kg. Cependant, de bons pisteurs comme en trouve bord champ réduisent considérablement les revenus des producteurs dans les zones de production en Côte d’Ivoire, en général et à Mankono en particulier. Ledebativoirien.net fait la lumière sur la pratique de ces individus qui ruinent les espoirs des producteurs de noix de cajou dans cette partie de la Côte d’Ivoire.

Le prix minimum bord champ du kilogramme de la noix de cajou pour cette campagne 2022 est connu. Les autres prix planchers obligatoires sont respectivement 330 FCFA/Kg au magasin intérieur, 359 FCFA/Kg au magasin usine et 389 FCFA/Kg au magasin portuaire. Pour l’année 2022, une production de 1 040 000 tonnes de noix de cajou est attendue, selon le ministre Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement. Une production qui représenterait quasiment le quart de la production mondiale.

les actions du conseil coton-anacarde pour améliorer la qualité des produits et lutter contre la contrebande dans la filière anacarde

Et depuis, le Conseil du Coton Anacarde (CCA), avec à sa tête son directeur Adama Coulibaly, a organisé du 1er au 4 février 2022, des missions de sensibilisation des acteurs de la filière anacarde sur l’amélioration et la préservation des paramètres de qualité et la sortie illicite des noix brutes de cajou vers les pays frontaliers.

Il est clair que la préoccupation des producteurs de la noix de cajou, en ce qui concerne les mesures de prévention et de répression de l’incivisme au niveau du respect du prix minimum bord champs, a été marginalisée dans cette campagne de sensibilisation qui s’est déroulée dans les régions de production de l’anacarde dont Bondoukou, Bouna, Bouaké, Katiola, Boundiali, Yamoussoukro, Zuénoula, Korhogo, Ferkessédougou, Séguéla et Mankono.

« La campagne de l’anacarde ou noix de cajou a commencé. Les paysans sont toujours inquiets quant au respect du prix fixé par le gouvernement », alerte dès l’ouverture de la campagne 2022, Adama Bakayoko, 44 ans, agriculteur et aviculteur dans la sous-préfecture de Mankono.

«opérateurs» indélicats sévissent dans la filière sous le regard impuissant du conseil coton-anacarde

Profitant de l’absence de mesures de prévention et de répression concrètes sur le terrain contre l’incivisme dans la commercialisation de la noix de cajou en Côte d’Ivoire, des pisteurs véreux sapent les attentes de revenus des producteurs. Or, le travail de ces pauvres paysans, depuis des décennies, a propulsé la Côte d’Ivoire comme leader mondial de la production de la noix de cajou avec 968 676 tonnes en 2021. Mais, grande reste la déception au niveau des paysans. «Aujourd’hui certains acheteurs se croient au-dessus de la décision du gouvernement. Ils se nourrissent du sang des pauvres paysans qui avaient mis leur espoir sur ce produit», grince Adama Bakayoko, le regard fixé sur un anacardier chargé de pommes de cajou.

Sachant que le Conseil Coton-Anacarde a des délégations dans toutes les régions de production en Côte d’Ivoire, alors, comment ces pisteurs véreux et leurs mandants réussissent-ils à ruiner les espoirs des producteurs ? Entrepreneur agricole et avicole de Tomono, dans le canton Kangnéné, Adama Bakayoko, nous édifie en partie. «Le prix du anacarde ou cajou a été fixé par le gouvernement Ivoirien à 305 CFA bord champ. Ce prix a déjà du mal à être respecté par certains acheteurs. Les raisons sont simples, des petits acheteurs sont assis sur des pistes menant dans les champs.

Ainsi les noix du cajou non séché sont achetées à 250f sous prétexte qu’elles sont humides. Ces acheteurs gagnent 55f CFA sur chaque kg. Voici comme le désordre s’installe dans la filière cajou. Ces petits acheteurs reçoivent le prix réel 305f avec leurs patrons mais préfèrent profiter de ce désordre pour s’enrichir», a-t-il dénoncé. Il faut ajouter que l’un des facteurs explicatifs de cette infraction dans la commercialisation de la noix de cajou est le fait que les acheteurs agréés, mandants directs de ces pisteurs, ne délivrent aucun bordereau d’opérations à ces derniers pour l’achat de produits dans les zones qu’ils couvrent.

Et même s’ils arrivaient à mettre ce document à leur disposition, les pisteurs véreux utilisent des « petits pisteurs » intermédiaires inconnus de leurs mandants directs pour la besogne.

Outre cette réalité, il y a des acheteurs informels qui exercent l’activité avec des financements personnels. Étant, par circonstance, acheteurs et à la fois pisteurs, ils sont inconnus des fichiers du Conseil Coton-Anacarde.

que faut-il faire pour sauver les paysans des griffes de ces prédateurs dans la filière anacarde ?

À en croire ces révélations d’Adama Bakayoko, la filière anacarde est sous l’emprise de nombreux contrevenants à l’article 5 de la Loi n°2013-656 du 13 septembre 2013 fixant les règles relatives à la commercialisation du coton et de l’anacarde et à la régulation des activités des filières coton et anacarde. «Les produits du coton et de l’anacarde sont achetés aux producteurs, suivant un prix minimum déterminé sur la base d’un mécanisme issu d’un accord interprofessionnel au sein de la filière concernée. Ce prix minimum est validé et garanti par l’organe chargé de la régulation des activités des filières coton et anacarde.»

Ainsi, cet article de loi fait partir des textes de référence de la table des sanctions en annexe de l’engagement d’acheteur dans la commercialisation intérieure de la noix de cajou. Alors, s’il existe un cadre légal qui sanctionne le non-respect du prix minimum par l’acheteur qui n de la noix de cajou, pourquoi le Conseil Coton-Anacarde ne mobilise-t-il pas les autorités locales ( Préfet, Sous-préfet, Maire et Conseil régional ) pour optimiser les revenus des paysans par un droit de contrôle accrue de ces dernières dans la campagne de commercialisation de cette nouvelle culture de rente en Côte d’Ivoire ?

En contrepartie dans cette collaboration étroite avec les autorités locales, le Conseil Coton-Anacarde pourrait reverser, en retour, une prime ou une ristourne compris entre 2 à 5f CFA par kilogramme produit dans la zone aux collectivités locales pour un appui à la lutte et au développement de leurs localités respectives. Il serait judicieux de consentir ce sacrifice pour le bien-être des paysans que de les laisser aux mains de ces opérateurs véreux foisonnent dans toutes les zones de production de la noix de cajou en Côte d’Ivoire.

Dans l’attente de cette convergence d’efforts entre les gestionnaires de la filière cajou et les autorités locales, Adama Bakayoko propose une piste de solutions à cette délinquance que subissent les paysans de la part de certains acheteurs et pisteurs pendant les campagnes de commercialisation de la noix de cajou.

« Pour le respect du prix, nous souhaiterions que le gouvernement responsabilise les présidents de jeunesse et chefs de villages comme relais. En effet, ces derniers doivent pouvoir informer directement les autorités comme le Sous-préfet en cas de non-respect des prix. En attendant que le gouvernement prenne en compte notre proposition, la jeunesse doit s’organiser pour faire barrage à ces acheteurs.», a-t-il suggéré.

dérivés et destinations de la noix de cajou dans le monde

La noix de cajou est utilisée en cuisine et dans les cosmétiques, alors que la résine contenue dans la coque a divers usages industriels. La noix de cajou brute est exportée vers l’Inde, le Vietnam et le Brésil, qui abritent des industries de transformation. Les principaux pays consommateurs sont l’Inde, les États-Unis, l’Union Européenne, la Chine, les Émirats Arabes Unis et l’Australie.

H.KARA

Ledebativoirien.net

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