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Côte d’Ivoire et cette légende du  Paquinou : «En 1969 débute les travaux du barrage hydraulique de Kossou et le déplacement massif-1980 avec la traite cacaoyère les descendants reviennent de la migration de 1969…»

 

une riche histoire du barrage Kossou

Les réflexions continuent autour de cette hystérie autour de  la célébration de la fête de  Pâques en Pays Baoulé, notamment dans  le centre de  la Côte d’Ivoire.

Celle-ci s’est allègrement développée partout en Côte d’Ivoire, où des ressortissants du pays  baoulé, peuvent se retrouver pour  célébrer les retrouvailles, en communauté. Une certaine  légende croit savoir l’origine de cette folie festive. Une contribution reçue par ledebativoirien.net en dit un peu plus. Suivez.

Ce que l’on croit…

Trait d’union entre le passé et l’avenir, Kossou fut une aventure humaine et technique exceptionnelle, destinée à faire naître un formidable ouvrage d’art qui a durablement transformé le paysage et le mode de vie du pays Baoulé.

Simple outil destiné à permettre de transformer l’eau en électricité.

Le barrage de Kossou a été construit de 1969 à 1972 sur le Bandama Blanc, appelé ainsi par opposition au Bandama Rouge, autre nom de la Marahoué, affluent du Bandama.

L’ouvrage a créé un lac de 150 kilomètres de long, recouvrant 1 700 km2, soit trois fois le Lac Léman (580 km2), bien loin cependant de la taille du lac Volta, le plus grand lac artificiel du monde (8 500 km2), créé par le barrage d’Akossombo au Ghana.

En plus de la production électrique (550 millions de kwh), le barrage de Kossou a permis la création de grandes surfaces d’agriculture irriguée (environ 50 000 ha) et de pêche (20 000 t de poisson par an). L’opération de construction du barrage a touché huit sous-préfectures du pays :

sur la rive gauche, Béoumi, Bodokro, Tiébissou, Sakassou et Yamoussoukro, et sur la rive droite, Bouaflé, Gohitafla et Kounahiri. Le barrage de Kossou a nécessité la mise en place de près de 3 000 000 m³ de remblai, 2 500 000 m³ d’enrochements et 60 000 m³ de béton. Les travaux, entamés en 1969, se sont achevés trois ans plus tard. Cofinancés par l’État ivoirien, les États-Unis et le Canada, les efforts des constructeurs ont été salués, lors de l’inauguration du barrage le 18 novembre 1972, par un message du président Nixon.

En 1969 débute les travaux du barrage hydraulique de Kossou et le déplacement massif

Le lac créé par la construction du barrage de Kossou a immergé plus de 200 000 hectares de forêts, savanes, plantations de café-cacao et de villages, soit 5,6 % de la surface géographique totale de la région. L’engloutissement par les eaux de ces immenses surfaces a entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes et l’abandon de très nombreux sites habités. Le projet Aménagement de la Vallée du Bandama (AVB) a réinstallé la soixantaine de villages submergés par le lac. 210 villages doivent être déguerpis parce qu’ils seront immergés par les eaux.

Une partie des villages reconstruits sont appelés villages AVB. Il s’agit entre autres de Kossou, Bocabo, Angossé, Attrénou, Kongouanou et Suibonou. Trois mille six cents anciens paysans baoulés, mais aussi des gouros également, sont ainsi devenus pêcheurs.

L’AVB a également mis en place un programme de formation aux techniques des pêches des riverains autochtones. Les pêcheurs formés et installés ont par la suite abandonné leurs activités de pêche pour se consacrer à la production du café et du cacao. L’espace ainsi libéré sur le lac a entraîné l’occupation du plan d’eau de Kossou par les pêcheurs maliens (Bozos et Somono).

Une autre partie des villageois est installée à l’Ouest. Ce sont les villages ARSO. Ils recevront un accueil formidable de leurs frères à l’ouest  de  la Côte d’Ivoire qui n’ont pas hésité à leur offrir des terres fertiles, favorisant une intégration parfaite pour ces migrants de l’intérieur. Ceux-là se spécialiseront dans la culture du café et du cacao.

Au total plus de 100 mille baoulés sont déplacés à cause du barrage de Kossou. La Côte d’Ivoire importe alors en pièces détachées les fameux bus Renault Saviem (Badjan) pour organiser cette grande migration. Ils seront montés à l’usine de Treichville, la succursale commerciale étant basée à Adjamé Renault, d’où le nom aujourd’hui attribué à cette zone….

Chaque année depuis 1980, à l’issue de la grande traite cacaoyère qui prend fin en avril, les descendants de ces baoulé reviennent sur leurs terres d’origines. Ou du moins, ce qu’il en reste pour célébrer cette grande migration de l’année 1968-1969. Célébrer ce qui a été à l’époque un grand traumatisme, car plusieurs cimetières ont été inondés, et abandonner ces morts est un traumatisme en pays baoulé.

Ainsi donc,  »Paquinou », reste  lié à l’électricité hydroélectrique

Houphouët-Boigny a dû longtemps négocier, avec les descendants des villages engloutis, pour retrouver la tranquillité. Il se trouve que pâques coïncide avec la fin de la grande traite cacaoyère et c’est la période de l’année au cours de laquelle les paysans baoulé dispersés un peu partout sur le territoire ivoirien ont le plus de moyens financiers pour revenir sur leurs terres d’origines les mains chargées de présents.

Les citadins baoulé et les baoulé en général se sont également prêtés au jeu migratoire, afin notamment de participer à des projets de développement ruraux. « Paquinou  » est l’onomastique baoulé de la Pâques chrétienne, relativement à leur migration annuelle. Les recherches continuent autour de ‘‘paquinou’’.

Ainsi donc,  »Paquinou », reste  lié à l’électricité hydroélectrique aujourd’hui produite en Côte d’Ivoire qui provient du barrage de Kossou en 1972. Outre Kossou, la Côte d’Ivoire compte 5 autres barrages : Ayamé 1 (1959), Ayamé 2 (1965), Taabo (1979), Buyo (1980), Fayé (1983) et Soubré, le plus important inauguré fin 2017. L’énergie hydroélectrique assure 40 % de la production totale d’électricité, les 60 % restant provenant des centrales thermiques Azito et Ciprel.

D’autres barrages hydoélectriques sont prévus : Singrobo-Ahoualy (en aval de Taabo), Gayo et Tayadi (en amont de Buyo), Gribopopoli, Bouloubré et Louga (en aval de Soubré). D’autres déplacements massifs sont en vue.

Ledebativoirien.net

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