Depuis Mankono, les populations ivoiriennes attendaient, ce mercredi 6 avril 2022, les échos du verdict du Tribunal de Séguéla dans l’affaire de prolifération de drogue dans la cité et commission d’expressions outrageantes par le biais des réseaux sociaux. Une affaire qui oppose le Commandant des douanes, Mefa Dosso, Conseiller technique du ministre Sidi Touré, au ministère des ressources animales et halieutiques et Moussa Ben Dosso, cultivateur de son état.
Ledebativoirien.net, présent au temple de Thémis vous livre les temps forts d’un procès pénal qui tire son origine dans une adversité politique entre ‘‘deux anciens compagnons politiques’’ à Mankono. Comme si vous y étiez.
Moussa Ben Dosso, 47 ans, cultivateur a été déféré au parquet par le commissaire de police de Mankono dans des circonstances encore incomprises par des personnes à Mankono et hors de cette ville. À la question du juge, à savoir, ‘‘quelle était la raison profonde de l’adversité entre Moussa Ben Dosso et Mefa Dosso?’’ La première personne citée, répond :
«Je faisais partir du Fan club Mefa Dosso au moment où ce dernier était l’homme fort du ministre Moussa Dosso. Et lorsque le ministre a pris ses distances politiques avec Mefa Dosso, je l’ai quitté également pour suivre le ministre. Et depuis je suis l’objet d’attaque de la part des partisans de Mefa Dosso ».
Et d’ajouter: «À mon retour de l’investiture du Ministre Gouverneur Moussa Dosso à Séguéla, des personnes sont venues me menacer de mort à Mankono. Elles sont venues m’attaquer effectivement à mon domicile. Et j’ai informé les services du commissariat de police. Selon moi c’est Mefa Dosso qui a envoyé des individus contre moi pour me tuer». Il est attentivement écouté par le président du Tribunal délibérant en matière correctionnelle dans cette affaire.
Lorsque le procureur demande l’objectif recherché en affirmant dans une vidéo via les réseaux sociaux, que ‘‘le Commandant des douanes Mefa Dosso distribue de la drogue aux jeunes à Mankono sans en avoir les preuves matérielles’’, le prévenu Moussa Ben Dosso, affirme que « c’est la manière » qu’il a jugée appropriée de répondre à l’attaque qu’il venait d’essuyer de la part de jeunes à son domicile.
«Nous nous attaquons par vidéos interposées via les réseaux sociaux entre le fan club Moussa Dosso et celui de Mefa Dosso. C’est pourquoi j’ai fait cette vidéo pour répondre à l’attaque de mon domicile», a fait savoir Moussa Ben Dosso au juge qui a saisi l’occasion pour prodiguer des conseils à la partie défenderesse. «Des personnes ont vu et entendu la vidéo dans laquelle l’image de la victime est ternie. Les parents du ministre également, s’ils sont dans la salle, peuvent vous poursuivre pour avoir associé son nom dans vos affaires », a signifié le juge.
A l’écoute de cette observation du juge, Adama Dosso, 1er adjoint au Maire de Mankono, assis parmi les soutiens de Mefa Dosso dans ce procès, lève la main. Pour quelle raison ? Nous n’en savons rien. Cependant, le prévenu Moussa Ben Dosso a fini par demander publiquement pardon à la victime Mefa Dosso.
Bien que le juge et le procureur ont dissuadé les deux parties en procès d’entrainer le tribunal sur le terrain politique, Mefa Dosso en prenant la parole pour répondre aux questions du juge, a voulu revenir sur ses liens familiaux et sa position politique auprès du ministre Moussa Dosso, lors des législatives du 6 mars 2021.
«Je suis le cousin germain du ministre Moussa Dosso. J’ai été son suppléant…», a lâché Mefa Dosso à l’entame de son propos. Il a été stoppé tout net dans sa lancée par le juge. En revanche, à la question du juge, comment a-t-il eu la vidéo sur les réseaux sociaux ? Mefa Dosso répond. «J’ai eu la vidéo par le biais de mon collègue de service. Et c’est ainsi que j’ai porté plainte au commissariat de Mankono ».
Le juge lui demande, alors s’il compte se constituer en partie civile pour réclamer une réparation. Mefa Dosso répond par la négative. Il affirme également qu’il «accepte» le «pardon» de Moussa Ben Dosso. Mieux, il retire sa plainte pour la cohésion entre les familles des deux parties à Mankono.
Mais, le retrait de cette plainte qui devrait se faire depuis le commissariat de Mankono apparait comme une action tardive au Tribunal de Séguéla. Car, le juge, après le réquisitoire du ministère public, a condamné Moussa Ben Dosso à deux (2) mois de prison ferme assortis d’une amende de cinq (5) millions de francs CFA. Enfin, le juge a ordonné la destruction des vidéos.
H.KARA, envoyé spécial
Ledebativoirien.net
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