N’dakouassikro réclame justice pour son fils
Extraction minière à N’dakouassikro, sous-préfecture du département de Djekanou et l’histoire de l’incarcération de Konan Yao Hubert. Que dire face à ce cas flagrant d’une justice effrayante? Est-elle aux ordres et surtout de qui dans, Etat qui proclame la séparation des pouvoirs régaliens? Le cas de ce jeune qui croupit, voici déjà 3 ans en prison, à Toumodi et condamné à une peine lourde de 5 ans, pour avoir dit NON à l’orpaillage clandestin et destructeur des terres cultivables de son village N’dakouassikro est vraiment singulier. Tant, cette situation éclaire sur la nature de la puissance politique qui tient la Justice en l’état.
Pourquoi faut-il qu’en Côte d’Ivoire, appeler la clémence et la magnanimité du président de la république, pour corriger des injustices est la Justice? Même les défenseurs des droits humains se sont heurtés aux murs d’un appareil judiciaire aux oreilles largement sourdes, lorsqu’il s’agit d’exceller dans l’action à la tête du client.
3 ans déjà que Konan Yao Hubert, jeune journaliste free-lance croupit en prison pour avoir dénoncé une exploitation et extraction minière, nuisible pour son village N’dakouassikro, sous-préfecture du département de Djekanou! Alors qu’aujourd’hui des coalitions de villages se forment pour dire »STOP » à l’orpaillage et extraction minière sur leur sol. Retour avec ledebativirien.net sur un cas de violence de la JUSTICE en terre ivoirienne.
Une justice équitable pour tous
L’espoir que nourrissaient la famille et les amis pour voir Konan Yao Hubert, jeune journaliste free-lance abandonné à son sort, était qu’il figure en bonne place sur la liste des graciés par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, le 6 août 2021. Puisque déjà, condamné en octobre 2019. La déception sera à la hauteur de l’injustice. Tant le flou a entouré sa condamnation.
L’on a encore en mémoire la rude bataille de la société civile, dont No Vox-ci, les ressortissants de son village, pour sa relaxe pure et simple eu égard aux faits qui lui sont reprochés. Mais la face cachée de l’action contre ce jeune était plus sombre et plus forte.
Hubert Konan Yao a été arrêté en août 2019 et condamné à 5 ans fermes de prison. Les circonstances de son arrestation et de sa détention interpellant plus d’un, n’ont en aucun moment inquiété le ministère de la Justice et des droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Alors qu’il était sans soins à la suite du traitement reçu de quelques éléments de la gendarmerie de Djekanou, département dont dépend son village.
Mais, il sera jugé au tribunal de Bouaké même si son incompétence territoriale sera constatée. Transféré à la prison de Toumodi, il y purge sa peine, dans l’indifférence totale de l’Etat, pourtant garant de la protection des droits de citoyens, par les Tribunaux. Hélas !
Voici ce qu’‘il a dénoncé pour se retrouver dans les bras de la prison
Tout s’est passé autour de la dénonciation de la dangerosité de l’extraction minière à N’dakouassikro, sous-préfecture du département de Djekanou, dans le centre de la Côte d’Ivoire, en août 2019. C’est en rapportant la résistance de la communauté villageoise de N’dakouassikro sur les réseaux sociaux, que se décidera son avenir. Konan Yao Hubert s’est farouchement illustré dans la dénonciation de l’occupation et l’utilisation de ses terres dans une activité d’extraction minière de la société Mondiale Mines.
Son incarcération survient donc, après plusieurs mois de conflit social entre la communauté villageoise de N’dakouassikro sous-préfecture du département de Djekanou et les autorités, mettant en mission la gendarmerie de Djékanou pour son arrestation avec séquestration. Après sa condamnation, une peur plane toujours sur la communauté villageoise de N’dakouassikro qui vivait paisiblement, avant l’arrivée brusque et inopinée de la société Mondiale Mine sur son sol.
C’est en juin 2018 que les habitants du village N’dakoussikro, constatent qu’une société minière, Mondiale Mines dirigée selon les informations par dame Henriette Lagou est présente sur son sol, pour s’attaquer à son sous-sol. Cette dame, présidente de sa formation politique, autrefois du PDCI de Konan Bédié, a déposé ses valises au RHDP, parti au pouvoir et a obtenu une autorisation pour ouvrir une mine d’or sur le périmètre de leur village N’dakoussikro. Les populations villageoises apprennent aussi que leur chef du village a donné son accord pour l’exploitation de leur sous-sol sans consultation.
En possession de ces informations, les habitants décident de faire face à l’installation de la mine, sans un accord global les impliquant au préalable. Malgré les intimidations et menaces de la gendarmerie, le village a maintenu son opposition.
dénonciation en août 2019, des premiers travaux pour la mine
Devant le fait, le village N’dakoussikro bloque le chantier pour défaut d’autorisation légale du fait de l’absence d’une enquête de commodo incommodo et d’une étude d’impact environnemental et social. Mieux, de l’absence d’un protocole d’accord avec la communauté villageoise.
Le ministère des Mines, la Direction régionale des mines de Yamoussoukro, le Procureur près le du Tribunal de Toumodi sont tous saisis. Une démarche qui vise à obtenir l’annulation dans sa forme du projet de la société est menée. Toutes ces démarches légales des populations de N’dakouassikro resteront sans succès. Mieux, elles essuieront les menaces, intimidations et menaces d’arrestation si cette société n’exerce pas dans ce village.
Alors que le journaliste free-lance Hubert Konan Yao tentait de regagner Abidjan, le 4 août 2019, il sera interpellé brutalement par quatre éléments de la gendarmerie de Djekanou dans une gare. Une chaude discussion s’engage et gagne en intensité devant son exigence de lui présenter un mandat d’interpellation ou d’arrêt. Ce que refusent les gendarmes. Ils ne l’ont pas. Ils agissent juste par abus. Une réelle bastonnade s’ensuit. La population excédée devant de telles brutalités s’en prend aux gendarmes dont un sera blessé. Le journaliste free-lance est arrêté manu militari et déporté à la prison civile de Bouaké avec les séquelles de la bastonnade de la brigade de Djékanou.
Il est donc arrêté, le 4 août 2019 et incarcéré à la prison civile de Bouaké. Le 30 octobre 2019, son procès s’ouvre. Les charges contre lui ont été : séquestration de gendarmes en fonction, incitation et trouble à l’ordre public; coups et blessures volontaires sur gendarmes en fonction.
Des charges jugées imaginaires et dilatoires par la population de N’dakouassikro du département de Djékanou et les défenseurs des droits humains qui ont exigé purement et simplement la libération du journaliste free-lance. Jugé, il est condamné à 5 ans fermes de prison. Alors qu’à ce jour, cette installation de la mine est incompatible avec le travail agricole. Les paysans perdent leurs terres avec l’utilisation des produits chimiques comme, le mercure et le cyanure, selon des experts contactés.
son tort?
«Son tort, c’est qu’il s’est impliqué dans le traitement du dossier en expliquant à ses parents que sans une étude d’impact environnemental et social, ni Protocol d’accord, ce projet devenant un danger ne saurait s’exercer dans son village. Il projetait une large diffusion eu égard à sa qualité de journaliste free-lance quand il a été stoppé», expliquent les défenseurs de sa cause à N’dakouassikro, à Djekanou et à Abidjan.
Que dire ! La justice marche en courant en Côte d’Ivoire. Hubert Konan Yao allonge la liste des détenus dans les prisons ivoiriennes ayant vu la célérité autour de leur condamnation. Les raisons sont encore souterraines et minières. Il lui reste injustement deux années à purger, encore. Sans la société Mondiale Mine plongée dans le sous-sol minier de N’dakouassikro, dans le département de Djekanou. Ce village réclame , toujours justice pour son fils.
HERVE MAKRE
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