Auteur(s): FranceSoir
À quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle, plusieurs sondages montrent une dynamique en faveur de Marine Le Pen tandis qu’une enquête d’opinion de l’institut CSA pour CNews révèle que 66 % des Français interrogés souhaitent changer de président de la République.
Plusieurs enquêtes confirment un président à la peine et une hausse de l’électorat de Marine Le Pen
Le 5 et 6 avril, l’Institut CSA a effectué un sondage pour CNews en posant une question clé : « Souhaitez-vous changer de président de la République ? ».
À cette question, 66 % (43% de « oui, tout à fait » et 23 % de « oui plutôt ») des personnes interrogées souhaitent un changement de président. En face, un petit tiers des personnes sondées estiment que cela n’est pas souhaitable, dont 13% seulement pensent que cela n’est « pas du tout souhaitable ».
Riche en informations, le détail des résultats montre un rejet massif chez les jeunes de 18-24 ans qui sont 79 % à vouloir changer de chef d’État. Dans une moindre mesure, les plus de 65 ans, réputés les plus nombreux à voter pour Emmanuel Macron, sont également majoritairement favorables à un changement. Et c’est ce chiffre de 56% qui interroge surtout lorsqu’on le met en parallèle avec le vote de cette tranche d’âge à l’élection de 2017 qui montre que 80 % des Français de 65 ans et plus a voté pour Emmanuel Macron.
Quant aux 18-24 ans, ils avaient été 56 % à voter pour Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2017.
Par ailleurs, lorsqu’on regarde l’appartenance politique de ceux qui ont répondu à cette enquête, ce sont les personnes proches du parti Les Républicains qui se montrent les plus sévères à l’encontre du locataire de l’Élysée. En effet, 73 % d’entre elles ne souhaitent pas la réélection d’Emmanuel Macron, 10 points de plus que les personnes issues du Parti socialiste, qui sont 63% à espérer un changement.
Par ailleurs, une enquête Kantar Public-Epoka pour Le Figaro, qui ne porte pas sur les intentions de vote, mais sur les électeurs potentiels, montre que 39% des Français envisagent « possible », avec « de fortes chances », ou sont « certains » de voter pour Emmanuel Macron, dimanche prochain. Un score qui le place au coude à coude avec Marine Le Pen, à 38 %. Le candidat Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise, qui recueille 29 % de potentiel électoral, s’installe, lui, solidement à la troisième place.
Par ailleurs, 21 % des voix des électeurs proches de la France insoumise, du Parti socialiste ou des Verts envisageraient un vote au second tour pour Marine Le Pen, et 31 % pour Emmanuel Macron. À droite, ils seraient 68 % des électeurs du RN, de Reconquête ou des Républicains à voter pour la candidate du Rassemblement national.
À quatre jours du premier tour, 1 français sur 5 n’a pas encore choisi son candidat.
Un climat délétère règne sur la campagne présidentielle
Ces différentes enquêtes d’opinion viennent toutes confirmer que la dynamique n’est plus du côté du président-candidat. Si pendant quelque temps, le conflit ukrainien lui avait permis de se détacher loin devant ses adversaires, bénéficiant le temps de quelques jours de 30 % d’intentions de votes, il semble bien que ce conflit, qui avait renforcé sa stature de chef de guerre, masquait un renversement de tendance qui n’allait pas tarder à réapparaître.
À cela sont venus s’ajouter les révélations de l’affaire McKinsey, ébranlant une campagne déjà absente. Depuis, le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Si le PNF n’a pas pour le moment donné de détail sur son enquête, ni sur les personnes suspectées, il semble que les investigations se portent sur les pratiques fiscales alors qu’un rapport du sénat affirme que ce cabinet n’a pas payé d’impôt de 2011 à 2020 ; une opération rendue possible par des mécanismes de transferts d’importantes sommes d’argent à la maison mère, dont le siège se situe dans l’État du Delaware, véritable paradis fiscal aux États-Unis.
Les élections présidentielles et législatives de 2017 ont fortement modifié le paysage politique français. Depuis l’avènement de la Cinquième République en 1958, le pouvoir était partagé par deux grands partis de droite et de gauche.
Cette bipolarité paraissait indestructible même si l’élection présidentielle de 2002 avait montré les premiers signes de faiblesse avec l’élimination au second tour du candidat du Parti socialiste qui avait dû céder sa place à un candidat hors système. Les élections présidentielles de 2007 et de 2012 avaient cependant restitué cette bipolarité.
En 2017, l’arrivée d’Emmanuel Macron et de son parti En Marche provoquent un véritable séisme. Aucun des deux partis traditionnels n’est au second tour.
Après ce naufrage, un nouveau paysage politique s’est dessiné. La nouvelle majorité située au centre s’est vite élargie, attirant élus et électeurs issus à la fois du Parti socialiste et des Républicains, mais également des personnalités issues de l’UDI et du MoDem. Pourtant, les élections qui ont suivi la présidentielle et les législatives ont toutes révélé les faiblesses de LREM qui n’a jamais réussi à s’implanter territorialement via l’élection d’élus locaux. Des dizaines d’élus et de militants ont quitté le navire sans pour autant revenir au Parti socialiste ou chez Les Républicains.
Aujourd’hui, le parti d’Emmanuel Macron n’a pas réussi ses objectifs initiaux, à savoir unifier une grande partie de la gauche et de la droite pour devenir le grand mouvement transpartisan du centre. Un centre qui apparaît plus que jamais affaibli et qui pourrait être pris en embuscade, si l’on en croit ces enquêtes d’opinion, à la fois par le Rassemblement national et par le candidat de la France Insoumise, troisième homme confirmé par tous les sondages.
ledebativoirien.net avec FranceSoir
Sauf autorisation de la rédaction ou partenariat pré-établi, la reprise des articles de www.ledebativoirien.net, même partielle, est strictement interdite. Tout contrevenant s’expose à des poursuites.
En savoir plus sur LE DEBAT IVOIRIEN
Subscribe to get the latest posts sent to your email.