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Guerre froide? ‘‘contrepoids à la triade’’: l’Ukraine, l’accélérateur des rivalités pour le contrôle du monde

Une Tribune de politologue F.M. Bally

‘‘CONTREPOIDS A LA TRIADE’

« Le lundi 9 mai 2022, placé sous le sceau des luttes à distance, a été une journée spéciale. Les 27 pays de l’Union européenne (UE) ont commémoré la Journée de l’Europe, en hommage à la date fondatrice du 9 mai 1950. Ce même jour, la Fédération de Russie a célébré le 77è anniversaire de sa victoire sur l’Allemagne d’Adolf Hitler à la seconde guerre mondiale.

Le Premier ministre indien Norendra Modi, les présidents Xi Jinping (Chine), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Vladimir Poutine (Russie) et Jair Bolsonaro (Brésil) au 10è sommet (25 – 27 juillet 2018) des Brics, à Johannesburg, en Afrique du Sud.

De part et d’autre et en ligne de mire, l’Ukraine devenue le champ d’expérimentation militaire. La Russie conduit depuis le 24 février 2022, une opération militaire spéciale dans ce pays pour défendre « la patrie ». Car, selon Vladimir Poutine, « une menace absolument inacceptable se constituait directement à nos frontières ».

L’UE, bras séculier des USA et soutien politique, diplomatique et militaire de l’Ukraine, fait bloc contre la Russie et envisage, selon Emmanuel Macron, de créer « une communauté politique européenne » pour accueillir le pays de Volodymyr Zelensky.

L’Ukraine est ainsi l’accélérateur des rivalités pour le contrôle du monde. Les USA et leurs alliés sont en première ligne pour faire échec à l’invasion de l’Ukraine. Ils ont aussi engagé un bras de fer avec la République populaire de Chine aux îles Salomon.

La crise militaire n’est que la face visible d’une souterraine et vive guerre économique que se livrent les différentes puissances. Le monde occidental, qui se considère comme le gendarme du monde et le professeur des droits de l’homme, en est coutumier. C’est lui seul qui prend son bic rouge et sanctionne unilatéralement, quand il veut, qui il veut et comment il veut, selon des critères propres à lui, et donc sans rendre compte à personne.

Il gèle des avoirs, ferme ses frontières aux  dirigeants déclarés parias et blackliste des sociétés concurrentes. Hier, c’étaient des Chinois pour la politique de Pekin contre les Ouïghours. Aujourd’hui, ce sont les Russes.

En réalité, ces sanctions, qui participent de la guerre économique, sont des mesures à visée protectionniste pour faire d’une pierre deux coups: sortir du système occidental les intérêts des puissances concurrentes et saisir les biens des hommes d’affaires, comme Roman Abramovitch, propriétaire du club de football Chelsea, condamné au retrait forcé en Angleterre.

Et la situation a atteint un point de non-retour. Face aux trois pôles de domination commerciale, militaire et politique appelées la Triade (les USA, l’UE et le Japon), le Bresil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ont formé les Brics pour faire le contrepoids. La Thaïlande, le Mexique, l’Egypte, la Guinée et le Tadjikistan sont des pays observateurs.

Ces cinq puissances émergentes des Brics, avec 42% de la population de la planète, près du quart de sa richesse et les deux tiers de sa croissance, ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure pour un nouvel ordre mondial.

Les premiers soubresauts s’observent en Afrique. La RCA et le Mali ont contracté avec la société russe Wagner. Le Cameroun a officiellement signé, le 12 avril 2022 à Moscou, un accord de coopération militaire avec la Russie. Et ce même jour, notre compatriote Ahoua Don Mello, conseiller du patronat russe, a été nommé « Monsieur Afrique » des Brics en Afrique occidentale et centrale.

Au profit du multilatéralisme, les Brics signent la fin d’un monde unipolaire. Ils veulent lancer la machine vers la désoccidentalisation des institutions internationales, à commencer par l’Onu, et la dédollarisation du système monétaire international.

C’est pourquoi la Russie a donné le ton en déclarant la guerre des monnaies. Le pays a imposé aux « pays ennemis » de payer ses exportations, non en dollar ou euro, mais en rouble, sa monnaie nationale. Selon l’économiste russe Sergey Glazyev, une refonte complète du système monétaire et financier mondial, dominé par l’Occident, est en cours pour libérer les pays du sud de la dette occidentale et de l’austérité imposée par le FMI.

Et les Brics ont trouvé une alternative à la Banque mondiale et au FMI. Ils ont créé, en juillet 2014, la Nouvelle banque de développement, anciennement connue sous le nom de Banque de développement des Brics. Cette institution financière internationale basée à Shanghai, en Chine, est un fonds de réserve monétaire commun de 100 milliards de dollars. Des pays comme l’Egypte, l’Uruguay et les Emirats arabes unis ont déjà frappé à sa porte ».

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F.M. Bally

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