Richard Bell, Ambassadeur des USA à la journée de la presse Abidjan : «Malgré leur force brutale, les tyrans ont peur du peuple. C’est vis-à-vis de l’État que se situe la liberté de la presse»
par H. Makré
La 29ème journée internationale de la liberté de la presse a été sobrement célébrée par l’ensemble des journalistes et organisations des médias en Côte d’Ivoire, ce 3 mai 2022. Une célébration dominée par la crise financière qui frappe ce secteur associée à la menace que les plateformes numériques font peser sur les médias classiques d’information. C’est à juste titre que l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire a choisi : »Le journalisme sous l’emprise du numérique », pour thème de l’édition de 2022, dans un contexte de licenciement en masse dans les rédactions, avec une baisse drastique en contenu et de la vente. Donc, réduction des moyens financiers pour supporter les charges des maisons d’édition. Urgence!
Après une marche habituelle dans la commune de Cocody, où loge le Chef de l’Etat, c’est le stade de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne qui a servi de cadre des messages aux gouvernants, émis par les journalistes et certains acteurs de la protection de la liberté d’expression. Il y a été clairement déclaré que le numérique a révolutionné la diffusion de l’information, la portant loin et partout à temps réel grâce à l’internet. Et que le numérique a étendu la dimension du possible de l’information, non sans conséquences.
C’est alors qu’il a été déclaré aussi l’urgence d’agir pour protéger les professionnels de l’information et des médias face aux amateurs désignés comme influenceurs qui veulent s’imposer à la société par la désinformation. «On ne peut laisser prospérer une anarchie. Il faut veiller à ce que le journalisme ne soit pas sous l’emprise du numérique en protégeant les journalistes.
C’est pourquoi, le ministre de la communication et de l’économique numérique a conçu un vaste projet de communication avec discernement dans l’usage avec professionnalisme du numérique. Assurer la protection des plateformes des médias est un projet irréversible pour le ministre…», a déclaré Claude Adou, directeur du cabinet et représentant du ministre de la communication et de l’économie numérique, Amadou Coulibaly.
Richard Bell, Ambassadeur des USA à Abidjan, affirme que la meilleure façon de lutter contre la tyrannie, c’est la liberté d’expression. «Malgré leur force brutale, les tyrans ont peur du peuple. C’est vis-à-vis de l’État que se situe la liberté de la presse», appuie le diplomate. Pour lui, les gouvernements savent que certains journalistes ne se sentant pas en sécurité s’autocensurent. « Alors qu’ils aident le peuple à mieux connaître des faits…».
La Côte d’Ivoire est passée de la 101ème à la place à la 66ème sur 180 pays en 2021, selon le classement de Reporters Sans Frontières. «Une évolution à saluer. Mais il y a beaucoup à faire…L’information est un bien public. C’est avec la bonne information qu’on combat la fausse information. La liberté dépend du courage des journalistes…», laisse entendre l’ambassadeur.
Omar Diop, représentant chef du bureau UNESCO en Côte d’Ivoire a rappelé que c’est cette institution qui est à l’origine de la célébration de la liberté de la presse, depuis 1993, suivant la recommandation de Windhoek, en Namibie en 1991. «En Côte d’Ivoire cette journée est celle du soutien aux journalistes et au respect de la liberté…».
Jean Claude Coulibaly, président de l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire-UNJCI, s’est dit heureux de la tenue de cette journée internationale de la presse en Côte d’Ivoire pour «repenser le métier d’informer, lui-même changeant. Il nous faut nous adapter au nouveau mode de communication. Car l’avènement des médias numériques nous invite à repenser notre métier…», précise le président l’UJNCI.
Que serait la société sans la presse ! Ainsi, depuis décembre 1993 la journée de la liberté de la presse a été instituée par les Nations-Unies pour la protection des opinions sans frontières, à propos du droit à la liberté d’expression. 29 ans après son instauration, chaque 3 mai, est alors l’occasion pour les médias de croiser les réflexions et le bilan du respect des engagements des États, liés à la liberté de la presse. Mais aussi de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur métier.
Sécurité des journalistes, réduction des méfiances vis-à-vis des journalistes, accroître la sensibilisation contre les Fake news, voici ce qui est célébré à la journée de la liberté de la presse, en Côte d’Ivoire. Le 12 mai 2022, un panel lié à la liberté de la presse se tiendra à la maison de la presse, sur la menace sur l’écosystème des médias. Une réflexion sur les attentes pour l’amélioration des conditions d’exercice pour les journalistes en Côte d’Ivoire. Il y a donc une nécessité de poursuite de la sensibilisation des gouvernants.
C’est pourquoi, la rencontre de la journée a appelé le retour de la subvention à l’impression des journaux qui a été suspendue depuis 4 ans. Car plusieurs journalistes ont été licenciés en Côte d’Ivoire, suivant le fait. Les organisations professionnelles des médias invitent donc le gouvernement à procéder au changement du nom du Fonds de Soutien au Développement de la Presse, en fonds de développement des médias, englobant les médias numériques. Et doter d’un fonds à hauteur de 0, 05% du budget national. En Côte d’Ivoire, la liberté de la presse avance avec difficulté financière. Pour l’occasion, les journalistes ont appelé l’engagement de toute la société pour une presse libre.
H. Makré
ledebativoirien.net
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