Site icon LE DEBAT IVOIRIEN

Edifiant à Abidjan : Que cache le silence au haut niveau autour du  scandale Glencore qui  fait peu de bruit en Côte d’Ivoire ?

Le scandale Glencore en Côte d’Ivoire?

C’est fait, c’est rendu public par les médias. Pour l’instant, en Côte d’Ivoire les aveux de corruption du géant Glencore n’émeuvent pas grand monde. Le 24 mai dernier (2022), le géant suisse du négoce pétrolier Glencore reconnaissait devant la justice américaine avoir versé pour près de cent millions de dollars de pots-de-vin à des officiels et des agents publics dans huit pays du monde.

Au Cameroun, où la Société nationale des hydrocarbures a été citée par Glencore, l’affaire fait grand bruit. En Côte d’ivoire, en revanche, l’affaire passe inaperçue alors que Glencore a pourtant reconnu avoir soudoyé des responsables du secteur pétrolier durant la présidence de Laurent Gbagbo. 

      Entre 2007 et 2010, des responsables de Glencore ont versé des pots-de-vin pour un montant total de 4 millions de dollars (soit, 20 milliards F) à des responsables ivoiriens du secteur pétrolier. Une somme qui selon le négociant suisse lui a permis de réaliser 30 millions de dollars de profits sur des achats de  cargaisons de pétrole. Ces aveux ont été faits devant les juges américains et britanniques. Ils constituent une petite partie des faits de corruption reconnus par Glencore dans ses activités mondiales.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, on ignore quels sont les agents publics et les responsables qui ont bénéficié de ces pots-de-vin. L’accord conclu avec la justice américaine ne le précise pas. Pour l’instant, en Côte d’Ivoire l’affaire n’émeut pas grand monde. Le gouvernement ivoirien dit ne pas avoir été saisi par la justice américaine.

La justice ivoirienne, quant à elle, pourrait fort bien enquêter mais rien n’a encore été entrepris en ce sens, d’après un membre du gouvernement. Pourtant, plusieurs voix se sont élevées pour suggérer aux pays africains d’enquêter sur ces pratiques dont ils sont les victimes. C’est le cas par exemple d’Helen Clark la président de l’Itie, l’Initiative pour la transparence des industries extractives qui suggère à la Côte d’ivoire, mais aussi au Cameroun, à la RDC et au Nigeria d’examiner ces cas, et d’intervenir rapidement.

Le négociant Glencore écope d’une amende record pour corruption

C’est un coin du voile sur les pratiques de corruption dans le secteur des matières premières qui vient d’être levé. Le groupe Glencore plaide coupable de faits de corruption et de manipulation de marchés en Afrique et en Amérique latine. Le groupe anglo-suisse de négoce a annoncé avoir conclu des accords avec les justices de plusieurs pays : États-Unis, Grande-Bretagne et Brésil.

Glencore va payer de lourdes amendes, au moins un milliard de dollars aux États-Unis et 40 millions de dollars au Brésil pour avoir corrompu des agents publics dans la recherche de contrats pétroliers. Glencore est l’un des plus puissants groupe de négoce de matières premières au monde. Les enquêtes avaient été lancées aux États-Unis à partir de 2018.

 Cette année-là, le département américain de la Justice assigne le groupe pour fraude et corruption dans ses opérations commerciales au Brésil, au Cameroun, au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Venezuela notamment. Faits pour lesquels Glencore a reconnu sa culpabilité et accepté de payer 700 millions de dollars d’amende.

Le groupe doit en outre régler une pénalité de 486 millions de dollars pour manipulation de prix sur les marchés pétroliers. Parallèlement, à Londres, le SFO, le Serious Fraud Office, lance en 2019 des enquêtes sur des faits similaires et découvre par exemple qu’au Cameroun, Glencore aurait versé au moins dix millions d’euros en pots-de-vin à des agents de la Société nationale des hydrocarbures et de la Société nationale de raffinage.

En Côte d’Ivoire, ce sont des pots-de-vin de 7,4 millions d’euros qui ont été repérés. Londres doit encore fixer la pénalité que devra s’acquitter l’anglo-suisse pour éteindre l’action judiciaire. Car c’est le principe de cette formule du « plaider coupable ». Le groupe paye une amende pour échapper aux poursuites.

Glencore, qui dit avoir depuis réformé ses pratiques, avait provisionné ces dernières années 1,5 milliard de dollars pour faire face à ses actions en justice. D’autres sont toujours en cours, notamment en Suisse.

Chronique des matières premières !

«Paradise Papers»: Glencore poursuivi par les affaires

Montages financiers douteux en RDC et en Australie… Le géant du négoce et des mines Glencore est épinglé par les «Paradise Papers», ce qui ne va pas améliorer sa réputation.

Glencore épinglé par les «Paradise Papers ». Rien d’étonnant, le géant suisse des matières premières était jusqu’à l’an dernier l’un des plus gros clients d’Appleby, le cabinet d’avocats logé au paradis fiscal des Bermudes.

Les fuites révèlent qu’en 2008, en République démocratique du Congo, Glencore accorde un « prêt » de 45 millions de dollars à l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, un proche du pouvoir congolais, pour qu’il puisse négocier un rabais sur le rachat de la société d’exploitation du cuivre Katanga Mining.

En Australie, où Glencore produit du cuivre et du zinc, ce sont des opérations croisées sur devises qui ont été mises au jour : elles se monteraient à 25 milliards de dollars, rien qu’en 2013. Le Bureau australien des impôts soupçonne que ces transactions aient servi à masquer une évasion fiscale organisée.

Substitution aux banques

C’est quasiment dans l’ADN de la société suisse. Glencore s’appelait alors Marc Rich and Co., du nom de son fondateur, recherché par le FBI pour… évasion fiscale, et pour avoir vendu du pétrole irakien alors que c’était interdit en vertu des sanctions contre Bagdad.

L’ancêtre de Glencore prêtait aussi déjà de l’argent aux pays en développement ou aux Etats de l’ancien bloc soviétique, en échange de leurs matières premières. Une substitution aux banques qui se poursuit. Au Tchad, Glencore a préfinancé trois ans de cargaisons de brut. Problème :

les cours du pétrole se sont effondrés et les autorités de Ndjamena doivent aujourd’hui près d’un milliard et demi de dollars à la société de négoce. Au Congo-Brazzaville, Glencore est aussi devenu le banquier de l’Etat, malgré l’avertissement du FMI. 

De la Zambie au Burkina Faso ou à la Colombie, on ne compte pas les allégations d’évasion fiscale, d’entraves au droit du travail ou de dommages à l’environnement causés par Glencore. Un conglomérat du négoce et des mines présent dans 50 pays aujourd’hui.

Et dont un des salariés confiait à Appleby qu’il faudrait un mur entier pour dessiner l’enchevêtrement de toutes ses filiales. En côte d’ivoire, c’est le silence autour du sujet de Glencore. Le géant suisse du négoce pétrolier.

Ledebativoirien.net

texte RFI

Quitter la version mobile