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Affaire 49 militaires ivoiriens au Mali : « ANGUILLE SOUS ROCHE »?

 

 Le mardi 12 juillet 2022, les autorités ivoiriennes ont tapé du poing sur la table. Se défendant de « s’inscrire dans une logique de déstabilisation d’un pays tiers », elles ont exigé « la libération sans délai » des 49 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet à l’aéroport international Modibo Kéita de Bamako.

Ces injonctions sont tombées dans des oreilles de sourds. Huit jours plus tard, ces militaires, considérés comme « des mercenaires » entrés « illégalement sur le territoire national » à l’effet « de briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali », sont toujours aux arrêts.

La situation est, en effet, plus complexe qu’elle n’y paraît. Depuis juillet 2019, les militaires ivoiriens sont présents à l’aéroport de Bamako dans de cadre de la sécurisation, pour le compte de la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma), des sites logistiques de la compagnie aérienne Sahelian Aviation Services (SAS, Sarl appartenant à Aliou Sall, cadet du président Macky Sall).

Mais voilà; des problèmes ont surgi pour cette relève, conduisant à des passes d’armes entre la Côte d’Ivoire et le Mali et à une montée de tension.

D’une part, la Minusma, par la voix de son porte-parole Olivier Salgado, conteste avoir fait appel aux éléments ivoiriens. De son côté, l’Allemagne, dont le contingent de la Minusma est mandaté par la société SAS, nie aussi avoir procédé au recrutement des éléments ivoiriens.

Quant à SAS, elle observe la loi de l’omerta.

D’autre part, l’ordre de mission (ci-dessous) est suspect. Si pour le « moyen de transport » et « transport », il est clairement et respectivement indiqué « voie aérienne civile » et « pris en charge par la structure SAS », il est marqué « néant » pour la « mission » proprement dite.

Cela voudrait donc dire que, sans impact budgétaire, cette mission de six mois (10 juillet 2022-10 janvier 2023) n’est pas payée et est gratuite. Les 49 militaires déployés au Mali durant cette période ne percevraient donc aucun pécule. Ce qui, évidemment, n’est pas possible.

C’est donc manifestement une manœuvre de dissimulation pour cacher l’identité du payeur: est-ce l’État ivoirien!? Sont-ce les Nations Unies!? Mystère et boule de gomme.

Cela a donc constitué une autre raison pour apporter de l’eau au moulin de ceux qui sont convaincus qu’il y a anguille sous roche dans cette mission louche. D’où la tentative d’un règlement à l’amiable, avec l’entrée en lice d’un facilitateur proche des autorités militaires maliennes, le président Faure E. Gnassingbé du Togo.

Car, à l’instar de la sulfureuse affaire d’écoutes téléphoniques sous la transition au Burkina Faso, en 2015, qui a impliqué Soro Kigbafori Guillaume, alors n°2 de l’État, la Côte d’Ivoire privilégie désormais la voie diplomatique. Qui ne fait aucune vague et sauve toutes les apparences, à l’effet de noyer le poisson.

F.M. Bally

ledebativoirien.net

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