« Voyez-vous ce qui se passe actuellement à Anna, un village situé au sud du district, l’administration refuse de procéder à la consultation populaire parce qu’elle n’a pas réussi à porter à la tête du village, un poulain comme cela a été le cas à Adjamé-Bingerville. Même son de cloche à Elokaté et dans plusieurs villages de Songon dont Songon Dagbè, Songon Agban etc. Et pendant ce temps, les affrontements se multiplient et les familles sont divisées, quand des sous-préfets sont reconvertis en opérateurs immobiliers…», voici l’une des grosses inquiétudes des chefferies de la communauté Atchan, exprimées, ce jeudi 4 août 2022.
Pour le contrôle des terres, indiquent des notables et souvent afin de cacher les malversations opérées durant leurs mandats, en complicité avec l’administration (Préfets et sous-préfets) et des cadres Atchan, les anciens chefs de villages outrepassassent le processus coutumier de désignation du chef, pour céder leurs fauteuils à des natifs acquis à leur cause. Il s’agit de personnes qui n’ont pas été désignées par leur catégorie.
C’est que, depuis quelques années, l’on assiste à des troubles récurrents dans les villages ébriés, plus particulièrement à la fin du mandat de la génération Dougbo et à l’avènement de la génération Tchagba. Selon des indiscrétions, des problèmes de chefferie à n’en point finir, suscités par des cadres et des personnalités tapis dans l’ombre, perturbent gravement l’unité et la cohésion au sein des populations Ebrié. Il y a urgence à réagie au plus haut niveau de l’Eta ivoirien.
Un constat est net, c’est que l’arrivée au pouvoir du président Ouattara aura suscité un boom du logement avec sa politique de logements sociaux enclenchée, aussitôt. Cette initiative gouvernementale a créé dans l’âme de certains opérateurs économiques et politiques, un intérêt nouveau, celui d’investir dans l’immobilier. Mais pour y arriver, il faut des parcelles de terre. Or, les seuls propriétaires terriens fiables ne sont autres que les communautés villageoises notamment les Ebriés et les Attiés en ce qui concerne le district d’Abidjan où la demande en logement explose et s’avère très forte.
C’est dans ce contexte que la génération Dougbô qui était aux affaires arrive au terme de son pouvoir. En d’autres termes, elle voit son pouvoir prendre fin. Si la transition se passe bien dans certains villages (très peu d’ailleurs), ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres eux où la nouvelle génération suivante est parfois appelée à arracher son pouvoir par la force aux ‘’Dougbô ». Ceux-ci ont beaucoup plus de chance car dans la plus part des villages, on assiste à des crises liées à un bicéphalisme créé de toutes pièces par des anciens chefs de village.
Un fait aura été déterminant dans la gestion du pouvoir en pays atchan, ce peuple à Abidjan et sa banlieue. En 2020, lorsque les «Dougbô» arrivent au terme de leur mandat, les «Tchagba» sont approchés par le Ministre-gouverneur Robert Beugré Mambré afin d’accorder une année de grâce au pouvoir sortant, à cause de l’élection présidentielle à venir cette année-là. Cependant, dans certains villages les Tchagba qui doivent accéder au pouvoir avaient déjà choisi leurs chefs dans le strict respect des différentes étapes en vigueur dans la loi coutumière. Mais, voilà que lorsqu’arrive la fin de l’année de grâce, des personnes surgissent avec des arrêtés préfectoraux faisant d’elles, des chefs de village.
Le cas épatant est celui d’Adjamé-Bingerville où le Secrétaire Général de la catégorie «Agban», Awaka Ghislain, aujourd’hui détenteur de l’arrêté préfectoral, est celui-là même qui a porté le choix de sa catégorie aux «Tchagba Djéhou», sur la personne de Mobio Aboussou Guy Georges. Un choix qui a été validé.
Dans ces crises qui secouent les villages Atchan, le nom du Gouverneur Beugré Mambé est plus souvent cité. Il est porteur d’une vision certainement noble mais qui n’arrive pas faire l’unanimité au sein des cadres atchan.
A Adjamé bingerville par exemple, malgré l’opposition farouche de la génération Tchagba actuellement au pouvoir qui a désigné Mobio Aboussou Guy comme chef du village, le préfet d’Abidjan a délivré l’arrêté de nomination de chef du village à celui qui n’a pas été choisi. Depuis, lors, le préfet lui apporte un soutien farouche à coups d’arrêtés pour interdire ou autoriser tel ou tel autre événement.
« Le préfet d’Abidjan veut-il gérer le village d’Adjamé-Bingerville à travers Awaka au détriment du chef désigné? Cette situation crée un malaise et met en difficulté la cohésion sociale dans ce village autrefois pris en exemple. La population vit dans l’inquiétude permanente», expliquent des membres de l’association des femmes dudit village
Face à une telle situation la génération Tchagba et la population d’Adjamé-Bingerville appelle à la bienveillance du Président de République pour que le problème artificiellement créé dans ce village prenne fin par son implication directe. «Mais aussi, l’implication du ministre-Gouverneur Robert Beugré Mambé est requise en ne cherchant pas à imposer sa vision, mais appeler au respect des us et coutumes dans les villages», indiquent certains cadres des villages atchan.
ledebativoirien.net
Grace Ozhylly
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