«Entre stratégies politico-diplomatiques et procédures judiciaires, la Côte d’Ivoire semble danser la valse. Elle conduit concomitamment des initiatives qui, ne serait-ce qu’apparemment, entrent en télescopage.
En effet, au plan extérieur, le pays privilégie la négociation et la résolution diplomatique pour obtenir la libération des 49 militaires et leur chef de délégation détenus au Mali. Arrêtés, le 10 juillet 2022, et accusés d’être des « mercenaires », ils ont été inculpés, le 12 août, pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ».
Dans le même temps, au plan local, l’Exécutif ivoirien joue la carte de la fermeté. Rejetant la solution politique, il opte pour les poursuites judiciaires. Et la présidente de l’Ong Alternative citoyenne ivoirienne (ACI), Pulchérie Gbalet, en fait les frais.
Invitée, le 22 août 2022, à la direction de la Police nationale pour entrer en possession de son passeport et de son téléphone portable confisqués, le 3 août, à son arrivée de Bamako, elle a été mise aux arrêts.
Placée sous mandat de dépôt, le 23 août, et écrouée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca, où elle a séjourné d’août 2020 à avril 2021), elle est poursuivie, selon son avocat, pour des délits graves: « Entente avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation diplomatique de la Côte d’Ivoire, diffusion de fausses nouvelles de nature à attenter au moral des populations et atteinte à l’ordre public ».
Le tableau est alors dressé avec, de part et d’autre, des prisonniers, en réalité politiques, qui deviennent des otages. Au Mali, les militaires ivoiriens sont considérés comme des « Bob Denard » en mission pour renverser les autorités militaires.
En Côte d’Ivoire, Pulchérie Gbalet, présentée comme la « Joséphine Baker », est clairement accusée d’agir d’intelligence avec la junte militaire malienne et la sorosphère.
Et ainsi taxée de traîtrise à la cause nationale et d’espionnage au service du Mali, la présidente de, ACI pourrait bien être la pièce d’échange, qui manquait au puzzle ivoirien, dans les tractations diplomatiques, qui se mènent laborieusement et sans succès.
Et cela, sur le modèle de la célèbre affaire Kamano Kata François (1965-1967), qui a ravivé la tension entre la Côte d’Ivoire et la Guinée et entre deux leaders idéologiquement opposés: Félix Houphouët-Boigny, dont Kamano était l’un des confidents et conseillers de l’ombre, et Ahmed Sékou Touré. Et alors, c’est Lavoisier, qui aura eu raison quand il disait: « Rien ne se perd, rien ne se crée; tout se transforme »’, F. M. Bally.
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