Des produits dangereux pour l’homme, pour la faune et la flore aquatiques y sont déversés sans aucune émotion»
«Je savais que ce pays, la Côte-d’Ivoire, était très riche, mais je ne savais pas que nous étions tous assis sur de l’or… au sens propre. La recherche sauvage de l’or, l’orpaillage clandestin, semble se faire sur chaque centimètre carré de notre territoire et se pratiquer partout aujourd’hui. AUBE NOUVELLE est dans le pays profond. Il n’y a pas un seul village visité où ne se pratique l’orpaillage sauvage. Venez participer à nos missions et vous vous rendrez compte vous-mêmes du ravage. Nous sommes venus parler de cohésion sociale et d’anticipation sur les conflits mais nous découvrons dans certaines zones de gros problèmes qui vont créer de gros conflits en Côte-d’Ivoire demain. Juste quelques exemples de zones où l’orpaillage est devenu un véritable fléau : Bouaflé, Kossou, Gbon, Kolia, Bocanda, Boundiali, Bettie, Kokoumbo, Yakasse Attobrou, Daoukro, Zoukougbeu, Issia, Vavoua, Séguéla, Brobo, Tai , Botro, Zouan hounien, Maferé, Bouna, Sakassou, Dimbokro , Toumodi, Les rives de la Comoé et du Bandama.
Juste quelques exemples très limités, sinon ce post serait interminable. Des appareils géants et des machines rudimentaires remuent la terre de fond en comble. Des milliers de personnes s’engouffrent dans la terre, dans les mines et dans les cours d’eau pour chercher de l’or. Ils ressemblent à des diables noirs peinturlurés d’argile rouge et blanche. Apparemment, l’expertise humaine de cette ruée vers l’or vient d’ailleurs. La terre est tellement remuée et lessivée qu’on croirait qu’une puissante bombe est tombée là. C’est un paysage apocalyptique. Lorsque les grands orpailleurs clandestins finissent de malmener le sol, de petits clandestins débrouillards tamisent les pierres et le sable laissés pour chercher de l’or, qu’ils trouvent d’ailleurs.
Aucune partie du territoire national n’est épargnée. Les zones Nord de la Côte d’Ivoire subissent un assaut inégalé. Touba, Odienne, Korhogo, Ferkessedougou, Boundiali, Tengréla, Katiola, Seguela, Mankono. Etc.
Même sous un pilier du Pont De Gaule à Abidjan, il y a des orpailleurs… dans la lagune en plein Treichville. Dans certains villages de la zone de Yamoussoukro, l’orpaillage a modifié la vie sociale des populations. Certains ne vont plus au champ. Ils préfèrent chercher l’or. Mais si tout le monde a de l’or, qui va donc produire à manger ? Il faut donc s’attendre à long terme à la raréfaction et à l’appauvrissement des terres cultivables et donc à une baisse des rendements agricoles. La vie chère sera donc une actualité de tous les jours. Selon certains spécialistes, il faut 10 à 30 ans avant que les terres détruites ne retrouvent un tout petit peu de leur consistance pour être cultivables.
Enfin, l’orpaillage est venu dans les zones rurales où nous sommes avec des phénomènes qui s’amplifient : drogue, prostitution, violence, cherté de la vie. Partout où il y a l’argent rapide et facile, il y a la mort … Faisons quelque chose pour nos villages en cours de destruction. Retournons-y pour sensibiliser nos parents, sinon le seul village qui nous restera sera….Abidjan…», prévient Vincent Toh Bi. Alors, à quoi joue l’État de Côte d’Ivoire face à cette réalité malheureuse et dommageable ?
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H.KARA