« En marge de l’assemblée générale de l’Onu à New York, au cours de laquelle, Muhammadu Buhari Président du Nigeria a parlé sans trembler en ces termes: « Nous croyons au caractère sacré de la limitation constitutionnelle des mandats et nous l’avons respecté avec constance au Nigeria.
Nous avons vu l’impact corrosif sur les valeurs lorsque des dirigeants, ailleurs, cherchent à changer les règles pour rester au pouvoir.
En tant que président de la République, je me suis fixé comme objectif que l’un des héritages durables que j’aimerais laisser est d’ancrer un processus d’élections libres, équitables, transparentes et crédibles grâce auquel les Nigerians élisent les dirigeants de leur choix » ; la réunion, le 22 septembre 2022, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao, regroupement de 15 pays) sur l’affaire des 46 militaires ivoiriens écroués au Mali, a accouché d’une souris.
Tout a tremblé et rien n’a bougé. La menace, agitée par le président en exercice de l’organisation, le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalò, des « lourdes sanctions » qui n’ont déjà pas prospéré, n’a pas été retenue. Car la Cedeao sait qu’elle marche sur des œufs.
De l’autre, elle envoie trois présidents, Macky Sall (Sénégal), Nana Akufo-Addo (Ghana) et Faure E. Gnassingbé (Togo), pour négocier avec les autorités militaires maliennes. Les deux présidents francophones ont déjà fait chou blanc. Le sang nouveau est le chef de l’État ghanéen, ex-président en exercice de la Cedeao (2020 – 3 juillet 2022). Et alors, « sans délai » et « sans condition » deviennent des vœux pieux et des cache-sexes dans la politique du surplace de la Cedeao, », ironise Ferro M. Bally.
Mais déjà pour avec cette situation ,la CEDEAO était DANS SES PETITS SOULIERS
En effet, l’heure est grave. Le Mali a rompu sa coopération militaire avec la France. Et elle détient 46 militaires de l’État phare de la françafrique, accusés de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure du Mali ».
La Cedeao a échoué à lui faire plier par ses sanctions « illégales et illégitimes » qui, non seulement n’ont reposé sur aucun fondement juridique, mais ont violé, de manière flagrante, toutes les dispositions statutaires de l’organisation.
Car l’article 45 du chapitre II du Protocole additionnel A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance dans l’espace Cedeao dispose: « En cas de rupture de la démocratie, par quel que procédé que ce soit, et en cas de violation massive des droits de la personne dans un État membre, la Cedeao peut promouvoir à l’encontre de l’État concerné des sanctions.
Lesdites sanctions, à prendre par la conférence des chefs d’État et de gouvernement, peuvent aller par graduation: – Refus de soutenir la candidature présentée par l’État membre concerné à des postes électifs dans les organes internationaux; Refus de tenir toute réunion de la Cedeao dans l’État membre concerné; – Suspension de l’État membre concerné de toutes les instances de la Cedeao ». Et c’est tout.
Pourtant, le 9 janvier 2022, la Cedeao n’a pas fait dans la dentelle. Elle a imposé un embargo total contre le Mali et sanctionné des dirigeants de la transition militaire.
Le 3 juillet, contre mauvaise fortune, la Cedeao a fait bon coeur en levant ces mesures de retorsion non prévues dans les dispositions de l’organisation et qui n’ont été appliquées que contre un seul pays sur les trois de la sous-région (Mali, Guinée-Conakry et Burkina Faso), victimes de coup d’État militaire.
LIRE AUSSI: https://www.ledebativoirien.net/2022/07/20/affaire-49-militaires-ivoiriens-au-mali-anguille-sous-roche/
Le colonel Assimi Goïta apparaît comme Laurent Gbagbo, hier: une bête noire. Dès le déclenchement de la crise post-électorale entre Alassane Ouattara, soutenu par les puissances occidentales, et Laurent Gbagbo, le président sortant isolé sur la scène internationale, la Cedeao est passée, le 7 décembre 2010, à l’action.
Elle a suspendu la Côte d’Ivoire de ses instances car, déclarait Alcide Illahiri Djédjé, ministre des Affaires étrangères, « des puissances occidentales ont fait pression sur la Cedeao. Ces puissances sont les USA et la France ».
Un tel sort est certainement loin de menacer le Mali. Et la Cedeao se trouve dans ses petits souliers. Avec son « instrumentalisation », que dénonce le pays de Soundjata et qui transpire avec la rencontre France-Cedeao à New Yord dans une affaire bilatérale (Mali-Côte d’Ivoire), dans laquelle l’État ivoirien a fait son mea culpa, elle laisse des plumes.
Lui qui était plutôt vent debout contre les violations des Constitutions pour un troisième mandat et l’impuissance de la Cedeao devant cette manipulation des textes, a rétropédalé. Il annonce désormais, sur les ruines de l’Ecomog, la création d’une « force anti-putsch ». Afin que la Cedeao continue de tolérer les « cas de force majeure » ou coups d’État constitutionnels et condamner les coups d’État militaires. En contradiction avec le Protocole additionnel, qui met ces deux cas de maintien ou d’accession au pouvoir dans le même sac », éclaire Ferro M. Bally.
ledebativoirien.net