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Criminologie-Thèse unique de Doctorat: Souleymane Konaté explique la persistance de la délinquance des « microbes » à Abidjan par le recours aux “Gris-Gris »

Criminologie-Thèse unique de Doctorat: Souleymane Konaté explique la persistance de la délinquance des "microbes" à Abidjan par le recours aux “Gris-Gris" LEDEBATIVOIRIEN.NET

Comment le recours aux Gris-Gris explique-t-il la persistance de la délinquance des enfants dits microbes à Abidjan ? La réponse à cette question figure dans les travaux de recherche de soutenance de thèse en Criminologie de Souleymane Konaté, « Gris-Gris et activités criminelles des gangs de rue dits microbes à Abidjan (Côte d’Ivoire) ». Une étude validée par la mention très honorable le mardi 12 octobre 2022 à l’amphithéâtre Criminologie de ladite Unité de Recherche et de Formation de l’Université Félix Houphouët-Boigny.

  Souleymane Konaté interpelle, au regard de l’originalité de son sujet, les marabouts, les féticheurs, les parents, le monde éducatif et les institutions de sécurité publique sur la manifestation de l’usage traditionnel détourné des Gris-Gris à des fins criminelles. Notamment  par les enfants dits microbes, d’une part et le monde scientifique sur une dimension de la délinquance des enfants en conflit avec la loi qui vient en complément aux travaux antérieurs sur ce phénomène, d’autre part. Ainsi, « L’invulnérabilité que confère l’usage des Gris-Gris aux enfants en conflits avec la loi favorise la persistance du phénomène » selon Souleymane Konaté, lève un coin de voile sur l’une des difficultés de la lutte contre la délinquance des enfants dits microbes. Il pose clairement le lien entre l’usage des Gris-Gris et les activités criminelles des jeunes dits microbes.

Au terme de l’analyse de la forme et du fond de son travail de recherche par un jury pluridisciplinaire composé d’éminents enseignants-chercheurs et présidé par le Professeur Titulaire de Sociologie, Yao Gnabeli Roch, Souleymane Konaté a décroché son doctorat avec mention. «C’est le couronnement de tout un chemin, nous ne pouvons qu’être heureux mais nous ne disons pas que nous sommes arrivés. C’est un parcours qui s’achève là mais qui donne encore le point de départ, qui ouvre encore une nouvelle porte à bien de choses. Notamment dans le milieu de la recherche et de l’enseignement », s’est-il exprimé

Professeur Bazaré Nebi Raymond, Maître de Conférences de Criminologie et par ailleurs directeur de thèse de l’impétrant se prononce sur la plus-value de la thèse de son étudiant. « La société ivoirienne étant confrontée à la délinquance juvénile qui prend de l’ampleur. Notamment, le phénomène des enfants dits microbes. Nous recherchons constamment une solution là où le problème n’existe pas parce qu’il y a d’abord une volonté politique. Il faut que les citoyens comprennent l’origine de la persistance de ce phénomène. 

Et c’est ce que cette thèse vient de révéler parce que c’est vrai qu’il y a la pauvreté, la précarité qui explique la délinquance mais ce qui vient d’être révélé c’est le recours aux pratiques occultes, de sorcellerie, aux pratiques mystiques. Un champ qui est relégué dans l’immatériel, dans l’imaginaire et dans l’irréel. Alors que ce sont des choses qu’on côtoie au quotidien qui en réalité ont leurs effets sur la vie en société. Donc il faut en tenir compte pour trouver une solution aux problèmes du phénomène des enfants en conflit avec la loi », a-t-il indiqué.

Cette étude de Souleymane Konaté révèle que les enfants mis en cause, ici, sont majoritairement issus de la partie septentrionale de la Côte d’Ivoire. Or, les objets mystiques existent également dans la tradition des autres peuples de la Côte d’Ivoire. Si dans le nord de la Côte d’Ivoire, ces talismans ou Gris-Gris sont traditionnellement des secrets de chasse

ou de rites initiatiques, alors, pourquoi, ces enfants du nord ont une propension à les détourner de leur usage traditionnel ? Il n’y aura pas de risques à pousser encore les réflexions pour sauver cette frange de la population  ivoirienne.

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H.KARA

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