Le Président Vladimir Poutine dans les allées du Kremlin. L’homme a gravement surestimé les capacités de son armée. S’il affiche une mine confiante à chacune de ses apparitions publiques, sur le terrain ses troupes ne cessent de reculer depuis le lancement de la contre-offensive ukrainienne en Septembre. Analyse !
Lorsque la Russie lançait divisions blindés, chars, aviation, hélicoptères d’attaque etc….à l’assaut de l’Ukraine au petit matin du 24 Février dernier, Vladimir Poutine ne s’est sans doute jamais imaginé un seul instant que plus de sept mois plus tard, son armée serait toujours au prise avec les Ukrainiens. Il n’y a pas que lui qui s’est planté dans ses prévisions. Dans les articles de presse qui ont précédé l’invasion, la quasi-totalité des experts militaires occidentaux ne donnaient pas chère la peau de l’Ukraine. Sur le papier, la supériorité de l’armée russe semblait écrasante.
Dans le plan militaire russe initial, la capitale Kiev devait tomber en 03 jours. Un nouveau gouvernement devait être installé et lancé un appel à la cessation des hostilités, ce qui devait entraîner une reddition rapide d’une armée ukrainienne privée de commandement au sommet. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. La Russie a été incapable de faire rapidement la décision dans les deux à trois premières semaine du conflit, c’est à dire avant que l’aide occidentale à l’Ukraine ne se mette vraiment en place. Les experts ne parviennent toujours pas à expliquer, l’incapacité de l’armée russe vu ses effectifs, à mettre rapidement à genoux l’armée ukrainienne.
Depuis le début du mois de Septembre, les Ukrainiens ont lancé une vaste contre-offensive, et partout les Russes reculent. La Russie menace aujourd’hui d’utiliser l’arme nucléaire, preuve qu’elle est incapable de retourner la situation sur le terrain. Le 21 Septembre , le gouvernement russe avançait le nombre de 5937 soldats tués en Ukraine, tandis que les Ukrainiens chiffraient les pertes russes à 61 000 soldats depuis le début du conflit. Vers où mettre le curseur ? Difficile de répondre. Toujours est-il que la Russie a lancé une mobilisation partielle de 300 000 de ses réservistes, preuve sans doute que ses pertes sont conséquentes et que les soldats commencent à manquer sur le front.
L’armée russe a jusque-là été vue comme la « seconde armée du monde ». Pourra-t-elle conserver ce statut vu la conduite des opérations en Ukraine ? La défaite de la Russie est de plus en plus évoquée.
Un élément n’a pas été assez mis en avant pour expliquer la tournure des événements en Ukraine. Le pays a certes reçu et continue de recevoir d’importants équipements, mais cela n’explique pas entièrement les revers subis par l’armée russe. Il faut rappeler qu’après la seconde guerre mondiale, les Etats -Unis ont été engagés dans cinq conflits majeurs : la guerre de Corée (1950 – 1953), la guerre du Vietnam (1965-1973), la première guerre du golfe (Août 1990 – Février 1991), la guerre d’Afghanistan (2001 – 2021), et la seconde guerre du golfe (Mars – Juin 2003). La guerre d’Afghanistan était asymétrique. Les quatre autres étaient des conflits conventionnels, avec aviation, blindés et artillerie des deux côtés. La première guerre du golfe est souvent décrite comme le plus grand conflit du 20ème siècle après la seconde guerre mondiale.
Or l’armée russe, après la seconde guerre mondiale, n’a été engagée que dans une seule guerre, en Afghanistan (1979 – 1989), où elle affrontait une guérilla. Conséquence, aussi surprenant que cela puisse paraître, elle n’a pas l’expérience des conflits conventionnels majeurs. Elle manque de recul. En Syrie par exemple où ils sont engagés, les Russes ne font que bombarder, ils n’ont pas de troupes au sol. Ils ont combattu en Tchétchénie en 1996 et 1999, mais encore une fois c’était face à une guérilla.
Ce manque d’expérience des conflits conventionnels se ressent dans la conduite des opérations en Ukraine. Les experts notent régulièrement le fait que les différentes composantes de l’armée russe notamment, les unités de renseignement, de reconnaissance, de logistique, de ravitaillement, les troupes de combat, l’aviation, les unités de prises en charge des blessés, les unités spéciales etc. ne parviennent pas à se coordonner, à se synchroniser. Les communications par exemple ne sont pas correctement codées. Ainsi lorsqu’elles sont interceptées, les Ukrainiens peuvent facilement anticiper les mouvements de l’ennemi.
Ce sont des choses qui s’améliorent d’une guerre à l’autre. On voit ce qui n’a pas marché, et on corrige lors de la guerre suivante. Et surtout, les guerres révèlent les améliorations à apporter aux équipements. Le fameux canon américain HIMARS fut de toutes les guerres depuis les années 60. C’est dire qu’il a subi des améliorations suite aux défauts détectés en situation réelle de conflits. Les Ukrainiens en ont reçu un certain nombre, et ce canon est le cauchemar des troupes russes.
C’est lors de la seconde guerre du golfe en 2003, que les drones de combat ont été utilisés pour la première fois par les américains. Ils ont été conçus pour mener des frappes de précision en milieu urbain. Les drones sont de plus en plus utilisés dans les guerres asymétriques. La Russie n’a aucune expérience en matière de drones de combat. Elle s’est tournée vers l’Iran pour en acquérir. Reste maintenant à les utiliser efficacement dans le conflit. En fait l’armée russe n’est pas vraiment opérationnelle pour le type de guerre qu’elle a déclenché en Ukraine.
Le constat est valable pour toutes les armées européennes. Elles n’ont pratiquement pas été engagées dans des conflits majeurs après la seconde guerre mondiale, hormis peut-être la Grande Bretagne si l’on tient compte de la guerre des îles Malouines contre l’Argentine en 1982. L’Angleterre a aussi été fortement engagée dans les deux guerres du golfe aux côtés des Etats Unis. Dans une certaine mesure, les Russes paient aujourd’hui leur manque d’expérience en matière de guerre conventionnelle.
Enfin concernant une éventuelle utilisation de l’arme atomique de la part des Russes, l’ancien directeur de la CIA et ancien commandant des forces américaines en Afghanistan, le général à la retraite David Petraeus, très respecté aux Etats-Unis, a donné une interview au média américain ABC le 1er Octobre 2022. Il a répondu sans détour. Si cette ligne était franchie, » l’OTAN dans un effort collectif, éliminerait toutes les forces russes présentes sur le territoire ukrainien, et coulerait la flotte russe présente en mer noire ». Il n’a fait que confirmer des fuites déjà parues dans la presse américaine, selon lesquelles des plans seraient déjà sur la table pour une telle opération. Les Russes sont donc prévenus.
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Douglas Mountain, Le Cercle des Réflexions Libérales
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