On ne se lassera pas de replonger dans la retranscription d’un impressionnant reportage vidéo avec ses graves révélations sur les commanditaires et les complices. Dans les méandres du coup d’état au Burkina Faso du capitaine Ibrahim Traoré…
Le petit film
En début de soirée, ils annoncent à la télévision nationale qu’ils ont renversé le chef de l’Etat, Paul Henri Sandaogo Damiba, remplacé désormais par le capitaine Ibrahim Traoré, qui prend également la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), arrivé au pouvoir le 24 janvier 2022.
Après trois jours de dialogue, de médiations, et de tension, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba rend le tablier pour éviter un conflit fratricide et un bain de sang. Il quitte immédiatement le pays pour Lomé au Togo.
Mais comment le jeune capitaine de 34 ans a réussi à mobiliser autant d’hommes et d’armement lourd de Kaya à Ouagadougou, soit une distance de 100 kilomètres pour s’emparer du pouvoir d’Etat ?
A l’évidence, il a bénéficié de complicités à différents niveaux et de moyens financiers.
Durant les trois jours de tractations, ils ont joué un rôle dans la mobilisation sur le terrain pour pousser le Président du Faso à la démission. L’accord secret entre les deux parties prévoyait la transmission du pouvoir à un civil. Du reste, le capitaine Ibrahim Traoré avait soutenu au début de la crise qu’il n’était pas intéressé par le fauteuil présidentiel.
Dans les manœuvres, les soutiens du capitaine Traoré avaient pour objectif de positionner Alpha Barry à la tête de la Transition. Malheureusement, l’ancien ministre des Affaires étrangères a commis l’imprudence d’afficher au grand jour ses accointances avec le nouvel homme fort de Ouagadougou dans une interview que la télé française France 24 lui a accordé.
En tous les cas, il y avait un plan B
A défaut de l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le plan C devait être activé : Rosine Sory Coulibaly, ancienne ministre de Rock Marc Christian Kaboré, qui a récemment crée une organisation dénommée BUT.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu : le capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes ne veulent plus rendre le pouvoir à un civil. Leur discours a évolué en l’espace de quelques jours. Ibrahim Traoré veut rester chef de l’Etat, Président du Faso. Pour atteindre leur objectif, ils instrumentalisent des jeunes pour occuper les rues et exiger qu’il conduise la Transition. Tous les moyens sont mis en œuvre pour y parvenir, quitte à dénigrer, injurier et créer une tension énorme dans la capitale.
Tout porte à croire qu’ il ne se laissera pas faire et va sans doute avec sa bande travailler à pourrir la situation et le pouvoir des jeunes capitaines comme il l’a fait avec Paul Henri Sandaogo Damiba qu’il accusait de ne l’avoir pas associé à la gestion de la Transition à travers un poste prestigieux.
Newton Ahmed Barry et compagnie ne sont pas les seuls à être en colère contre le capitaine Traoré. Il y a un homme: il est le vrai commanditaire et le bras financier du coup d’Etat des capitaines : l’homme d’affaires Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui traverse une crise interne majeure.
Eddie Komboïgo voulait en découdre avec Paul Henri Sandaogo Damiba pour deux raisons:
-premièrement, il accuse le président Damiba d’avoir bloqué la signature de son récépissé pour l’empêcher d’être aux commandes du CDP ; deuxièmement, d’avoir laissé la justice condamner à perpétuité le général Gilbert Diendéré dans le dossier Thomas Sankara.
Eddie Komboïgo finance alors des leaders de la société civile et des activistes. Une campagne Damiba doit dégager est lancée. Puis, par l’entremise d’anciens militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP) dont certains ont figuré dans sa garde rapprochée, Eddie Komboïgo entre en contact avec le capitaine Traoré en bisbilles avec le président Damiba. Il lui propose la bagatelle de 2 milliards de francs CFA répartis comme suit :
– Un milliard pour le capitaine Ibrahim Traoré ;
– 500 millions pour l’organisation pratique du coup d’Etat, notamment la logistique ;
– 500 millions à partager aux hommes après la prise du pouvoir.
L’accord est conclu entre IB et Eddie Komboïgo. Le capitaine demande au bras financier de son coup d’Etat de se tenir prêt. Il lui donne un nom de code : 15 bouteilles de vin plus 15 bouteilles de champagne. Entendez par là 15 plus 15 égal 30 c’est-à-dire le 30 septembre. S’il reçoit un message de ce genre, c’est que la date du 30 septembre est maintenue. Au cas contraire, l’action est reportée et un nouveau code lui sera communiqué. La veille, IB avec le numéro de téléphone 71938785 envoie le code à Eddie Komboïgo.
Pendant qu’Eddie Komboïgo se prépare pour trouver le civil qui va prendre la présidence de la Transition pour lui permettre de s’installer au Palais présidentiel à l’issue des élections, IB ne veut pas céder son fauteuil. Pour prendre tout le monde de court, le capitaine Traoré fixe la date des Assises nationales pour les 14 et 15 octobre 2022 pour se faire adouber rapidement par des manifestations de rue.
Un des capitaines au pouvoir à Ouagdougou, considéré comme le numéro 2 de la junte et l’un des cerveaux du coup d’Etat, Yabré Oumarou, passe par un intermédiaire pour rassurer Eddie Komboïgo et lui demander 200 millions afin de mobiliser les autres capitaines pour mettre la pression sur IB qui va certes rester chef de l’Etat, président du Faso mais travaillera pour qu’Eddie Komboïgo soit le Président du Faso élu après l’élection présidentielle en 2024.
Le capitaine Ibrahim Traoré pourra-t-il mener le bateau à bon port ?
Les groupes armés terroristes boivent leur petit lait et vont sans doute progresser dangereusement vers les grandes villes du pays. Le Burkina Faso est véritablement dans la tourmente. Tout suit son cours…comme prévu ?
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