106 ans et le tambour parleur ébrié »Djidji Ayôkwé » une pièce maîtresse de l’identité ivoirienne confisquée par les colons français en 1916, actuellement conservé au musée du Quai Branly à Paris, prépare son retour à Abidjan. C’est que la liste d’œuvres d’art dressée par le musée des Civilisations de Côte d’Ivoire a été transmise à la France via Africom, la branche africaine du Conseil international des musées.
Pourquoi est-ce si important, ce retour ?
« Je suis très heureux d’apprendre cette nouvelle. On ne s’attendait même plus à un retour de ce tam-tam qui était notre haut-parleur, notre Facebook », s’est félicité auprès de l’AFP Clavaire Aguego Mobio, actuel détenteur du pouvoir traditionnel des Ébriés. « La disparition du tambour avait beaucoup déstabilisé l’organisation sociale et traditionnelle des Ébriés », a-t-il insisté.
Qu’est-ce que le Djidji Ayôkwe ?
C’est un instrument de musique en bois, un tambour à fentes de 3,50 m, orné, sculpté et peint. Il constitue un pan de l’art musical traditionnel de l’ethnie ébrié.
Comment le tambour parleur ébrié a-t-il quitté sa terre natale ?
L’objet avait été « arraché, confisqué, capturé » par les colonisateurs français, car sa « voix » permettait «la mobilisation du peuple Akan» contre les troupes coloniales, avait reconstitué l’ancien ministre de la Culture Maurice Bandaman. Il avait été confisqué par les colons français en 1916 et est actuellement conservé au musée du Quai Branly à Paris.
Où en est-on avec le dossier des restitutions ?
La Côte d’Ivoire avait officiellement demandé fin 2018 à la France la restitution de 148 d’œuvres d’art africain. «Le premier objet que nous demandons est le Djidji Ayôkwé, le tambour parleur du peuple Ébrié. C’est un objet symbolique d’une grande importance qui a été arraché pendant la colonisation », précise la directrice du musée des Civilisations de Côte d’Ivoire, Silvie Memel Kassi.
Les deux spécialistes y avaient posé les jalons pour une restitution à l’Afrique subsaharienne d’œuvres d’arts premiers transférées pendant la colonisation, recensant des dizaines de milliers d’œuvres potentiellement concernées. En décembre 2020, le Parlement français a approuvé la restitution de pièces symboliques, comme le sabre El Hadj Omar Tall au Sénégal ou le « trésor de Béhanzin », bientôt au Bénin.
Pour Clavaire Aguego Mobio, « ce tam-tam parleur va rappeler notre histoire et revaloriser le peuple Ébrié dont les traces sont en train de disparaître avec l’urbanisation sauvage de l’agglomération d’Abidjan, abritant plus de cinq millions d’habitants ».
Préparatifs de la restitution du Tam Tam Parleur »Djidji Ayôkwé »
Cette cérémonie a visé à conjurer les mauvais sorts en vue de faciliter le retour du ’’Djidji Ayôkwè ». Le » Djidji Ayôkwè », traduisons panthère-lion en français, est un tambour sacré de 3,5 m de long sur 0,78 de diamètre, enlevé en 1916, pendant la colonisation et conservé au musée du quai Branly, en France. Il y a donc 106 ans que ce patrimoine culturel a quitté la Côte d’Ivoire.
Symbolisé par le chiffre 4
le ’’Djidji Ayôkwè’’ est composé de quatre couleurs, notamment le rouge, le noir, le blanc et le bleu. Il concentre toute la civilisation tchaman et bidjan, fondateurs d’Abidjan. Ce chiffre 4 renvoie aux quatre villages bidjan, notamment Bidjanté (actuel Attécoubé), Bidjandjèmin (actuel Adjamé), Cocody-village et Bidjan-Santé. Il ramène également aux quatre générations, à savoir Gnando, Dougbo, Tchagba et Blessoué.
« Le retour du ’’Djidji Ayôkwè’’ est attendu avec impatience au-delà de notre pays. Dans quelques jours, une délégation de chefs se rendra au Quai Branly pour la cérémonie rituelle qui doit permettre la restauration de l’objet sacré. Je voudrais vous assurer de l’engagement continu du Gouvernement pour que tout soit mis en œuvre, dans le respect des us et coutumes qui facilitent le retour du ’’Djidji Ayôkwè’’ chez lui, dans la paix, la concorde et la Solidarité », annonce-t-elle.
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