Une ‘’bataille de l’image’’ qui va se traduire par une course à la qualité de service et à l’innovation sera inévitablement engagés dans les CHU…», expose clairement ici, Douglas Mountain, avec Le Cercle des Réflexions Libérales. Suivez avec ledebativoirien, le mérite de la voie de la privatisation: «Une démarche de bon sens qui reste incontournable».
Pourquoi ne pas tenter la privatisations des CHU, des monstres bureaucratiques que personne ne semble réellement maîtriser.
«Dans le dernier trimestre l’année 1993, une réforme fut mise en œuvre par l’actuel Président, alors Premier Ministre. Les CHU étaient devenus des Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial (EPIC). Ainsi ils devaient assumer toutes leurs charges, y compris le personnel. Ils sortaient ainsi du portefeuille comptable de l’Etat.
S’en était suivi une grève, car les directions n’arrivaient pas à faire face aux charges salariales du premier mois qui a suivi la réforme, ce qui est compréhensible pour une telle réforme. C’est dans ces circonstances qu’est intervenu le décès du Président Houphouët-Boigny, en pleine grève des CHU. Le nouveau pouvoir soucieux d’obtenir la paix sociale, a rapidement annulé la réforme.
Pourtant elle était pertinente. Ayant désormais leur destin comptable entre leurs mains, les CHU auraient été contraints à une gestion différente. Ces établissements auraient été obligés de se préoccuper de la démarche qualité, ce qui n’a jamais été le cas. Les CHU auraient mis tout en œuvre pour effacer cette image de » mouroir » qui leur est associée.
Les vertus de la réforme : La bataille de l’image et de la qualité de service
En environnement concurrentiel, l’image fait partie intégrante du produit qui est proposé. L’opinion a toujours eu une image négative de nos CHU dans l’ensemble. Dans le cadre de cette réforme, progressivement va s’opérer une différenciation, les CHU n’auront pas la même image auprès de la population, ce qui va influer sur leur fréquentation et donc sur leur rentabilité.
Nos CHU seront inévitablement engagés dans une ‘’bataille de l’image’’ qui va se traduire par une course à la qualité de service et à l’innovation. Les CHU vont devoir se préoccuper de la démarche qualité pour améliorer leur image en vue de capter et fidéliser la clientèle, ce qui n’a jamais été le cas à ce jour.
Efficacité et réduction des coûts dans nos CHU
Si la réforme est pleinement mise en œuvre, elle va de facto instaurer une concurrence frontale entre les CHU, et une concurrence encore plus prononcée avec les structures privées. Dans un tel environnement, la course à la rentabilité se traduit d’abord par une course à la réduction des coûts. Les CHU seront dans l’obligation de s’organiser pour réduire leurs coûts afin d’être compétitifs.
L’inquiétude sur les futurs prix
La question des prix est au centre des inquiétudes, ce qui est légitime. Beaucoup pensent que les tarifs vont croître si les CHU sont acculés à la rentabilité. Mais il faut savoir une chose, un environnement pleinement concurrentiel empêche toujours toute hausse unilatérale des prix, quel que soit le secteur d’activité. C’est sur la qualité, l’innovation et les coûts que jouent les acteurs. Les CHU assurent une production marchande dans le cadre d’une mission de service public. Ils sont supposés pratiquer des prix subventionnés. Mais dans les faits, cela ne garantit pas toujours des tarifs «sociaux».
Les CHU sont en situation de monopole, sur un marché en forte croissance, on a tendance à l’oublier. Ce sont les établissements qui reçoivent le plus de malades, et qui ont le plus de recettes. Cela leur garantit suffisamment de marges pour maintenir et même baisser les prix sans compromettre les résultats. Nos CHU s’adressent à la masse. Donc les prix ne pourront être que des prix de masse, donc des prix bas.
L’impact des CHU sur l’économie ivoirienne
Avec leur taille, leur volume d’activité, les investissements qu’ils nécessitent, le volume du personnel, et les recettes qu’ils génèrent, les CHU sont des structures majeures autour desquelles gravite une galaxie de fournisseurs et de sous-traitants. Leur gigantisme est un élément devant leur permettre d’être des pools de croissance, des moteurs pour l’économie ivoirienne à l’instar de ce qui se passe au Maroc où un secteur de santé performant, imprime du mouvement à toute l’économie.
Déléguer l’exploitation des CHU au privé : une démarche de bon sens qui reste incontournable
A l’instar de la PISAM qui contracte régulièrement des emprunts obligataires importants pour financer son expansion, il n’y a pas de raison que les CHU, qui ont une activité et des recettes supérieures ne puissent faire de même. La réforme doit libérer les énergies et l’innovation. Plus que jamais nos CHU ont aujourd’hui la capacité de prendre leur destin comptable en mains, faire face à toutes leurs charges (y compris le personnel),
dégager des excédents et financer leur expansion à l’instar de la SOTRA, du BNETD, des Ports, de la RTI, la Poste etc…qui bien que propriété de l’Etat, sont devenues des structures autonomes et performantes sans que l’Etat n’y injecte le moindre sous.
D’ailleurs le nouveau CHU d’Angré est sous un schéma d’exploitation différent de celui des trois autres. Toute une série de partenariats avec des structures privées assurent son fonctionnement. Le personnel a signé des ’’contrats de performance’’, ce qui signifie qu’il peut être libéré si les résultats ne sont pas atteints. Les différents chefs de services ne sont pas des universitaires mais des gestionnaires et des financiers venant du privé.
Le gouvernement ivoirien a aussi la possibilité d’initier l’approche graduelle qui consiste à privatiser dans un premier temps un seul CHU et faire le bilan de l’opération au bout de trois ou quatre ans. Des constats très clairs pourront ainsi être faits et trancher le débat», expose Douglas Mountain, Le Cercle des Réflexions Libérales.
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