« D’où vient-il qu’en Côte d’Ivoire, on refuse de prendre les meilleurs ?…»
Abidjan, le Jeudi 15 décembre 2022. Il était dans son milieu, celui de l’art oratoire! Très à son aise, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr Adama DIAWARA, le 15è invité de la Tribune du FORDPCI baptisé ‘‘l’Invité du FORUM’’, a présenté un tableau à la fois rétrospectif et prospectif de son département.
Face aux Directeurs de publication et journalistes, il partage les acquis à l’Enseignement supérieur, depuis l’arrivée du président Alassane Ouattara aux affaires en Côte d’Ivoire: de la réhabilitation et l’équipement des universités, des cités et restaurants universitaires, à la construction de nouvelles universités, dont celles de San-Pedro, Dabou, Adiaké, Odienné, Abengourou etc. pour répondre aux ambitions économiques de la Côte d’Ivoire qui veut en construire 14 à l’horizon 2025.
Outre la construction de nouvelles résidences universitaires, le parachèvement de la mise en place du système LMD, la prise en charge d’étudiants démunis qui recevront une bourse dès 2023 ou logés, le ministre Adama Diawara indique que, la montée du recrutement de plus de 400 enseignants chercheurs par an est à mettre à l’actif de la vision du président Alassane Ouattara et à ses gouvernements successifs. Autant d’efforts et actions du gouvernement au niveau de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, depuis 2012.
Ce qui n’occulte pas des faiblesses selon le ministre. Entre autres, l’insuffisance de la capacité d’accueil dans le supérieur public. La faiblesse du rendement interne expliqué par le taux trop bas de réussite aux examens. A cela s’ajoute, l’insuffisance du financement de l’enseignement supérieur, l’insuffisance de la valorisation des résultats de la recherche, le sous financement de la recherche, la faiblesse de l’insertion socioprofessionnelle, la faiblesse du dialogue social sur l’espace universitaire etc. C’est dire que les défis à relever malgré ce qui a été fait sont énormes.
Ainsi, en termes de perspectives, il s’agira pour le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de remédier à toutes ces insuffisances dont les solutions sont synthétisées dans une Loi sur la ‘‘Recherche et de l’Innovation’’. Cette loi traduira l’action gouvernementale dans le secteur de l’enseignement supérieur qui se maintient à niveau pour rester aux normes internationales, au niveau de la recherche ; car dira le ministre Adama Diawara :
«Les chercheurs qui trouvent, on en trouve dans l’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. Parce que le Cacao Mercedes ou le cacao 18 mois, c’est une réalité. Le Café émergent, c’est une réalité. Le Manioc Bocou, c’est une réalité. Le Maïs de Savane, c’est réalité. La Côte d’Ivoire qui a pu résister au Covid au-delà de ce que certains prédisaient, c’est une réalité. Donc vraiment, des chercheurs qui trouvent on en trouvent en Côte d’Ivoire…».
Crise à l’insertion professionnelle avec 14. 120 doctorants
Mais, une fois de plus, face aux médias, le ministre de l’Enseignement Supérieur, Adama Diawara, n’a pu échapper à la question de la formation emploi. Bien accentuée par la situation des diplômés du supérieur sans emplois.
Le professeur s’est voulu explicite: «Dans certaines formations, nous serons obligés de faire la régulation de flux, avec l’Ecole doctorale, qui permettra de résoudre le problème, à la place des formations doctorales. L’un des objectifs, c’est la régulation des flux de telle sorte qu’on admette au doctorat, qu’un nombre correspondant à ce que le marché de l’Emploi peut absorber et non faire, ce que nous sommes en train de faire.
Nous avons actuellement 14. 120 doctorants dans nos universités et Ecoles publiques. Cela n’a aucun sens. Même si on met, aujourd’hui tous les Chercheurs et les Enseignants chercheurs en retraite, ils sont 5592, on ne pourra pas les recruter.
Cela nous ramène à la reconversion des docteurs non recrutés. Je suis d’accord avec le Premier Ministre», indique le ministre Adama Diawara, visiblement agacé par l’approche du recrutement à l’Enseignement supérieur mal appréhendée par l’opinion.
«Je signale que les collectifs des docteurs non recrutés qui viennent me voir, ils sont sept, il y a six qui viennent tout le temps pour les discussions, je leur ai dit qu’il faut vraiment faire attention. Ce n’est pas tout le monde qui peut être Enseignant Chercheur ou Chercheur. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, tout comme le ministère de l’Education Nationale ou le ministère de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, nous sommes chargés de former les jeunes Ivoiriens.
Mais, je ne suis pas le ministère de l’Emploi, je ne suis pas le ministre de la Fonction publique. Ce qu’on me demande, c’est de former. On ne me demande pas de former et de recruter. Ce n’est pas mon rôle. Mon rôle est de former. Une fois que j’ai fini de former, c’est le ministère de l’Emploi qui s’occupe du reste.
C’est comme si vous demandez à ma collègue Mariatou (Education nationale), tous ceux qui ont le Bac, s’ils vont passer le concours du CAFOP, s’ils ne sont pas admis, Mariatou doit les recruter forcément ! Ce n’est pas possible ! C’est pareil pour moi. Je forme des docteurs, mais on n’a jamais dit dans mes cahiers de charges que je suis obligé de les recruter. Et ce n’est pas moi qui crée les postes budgétaires», poursuit-il et de préciser :
«Moi, chaque année, le ministre du Budget me dit : ‘‘Il y a un certain nombre de postes budgétaires pour recruter des enseignants chercheurs, en recrutement nouveau et en contrat’’. Le ministre de la Fonction publique me dit : ‘‘Tu as tel nombre de postes pour le recrutement en glissement catégoriel ‘’ pour ceux qui sont déjà fonctionnaires. Moi je prends et j’attribue via concours.
Ne me demandez pas de recruter sans concours. On ne peut pas rentrer à la Fonction publique sans concours. En plus, à l’Enseignement Supérieur, moi j’ai besoin des meilleurs, parce que je ne peux pas mettre devant mes étudiants, quelqu’un qui, lui-même ne sait pas de quoi il parle. D’où vient-il qu’en Côte d’Ivoire on refuse de prendre les meilleurs ?
Et en même temps, on nous dit que nous ne sommes pas parmi les 200 premières universités Africaines et il faut qu’on s’arrange pour être dedans. Mais, pour être dedans, il faut faire comme ceux qui sont dedans ! Pourquoi on ne veut pas faire comme eux et on veut être dedans ? Ce n’est pas possible!
Mais nous sommes dans une situation où il faut savoir que, pendant que dans certaines disciplines, il y a un trop plein, il y a des disciplines où on cherche des docteurs. En mathématiques, physique, informatique, je cherche docteurs, il n’y en a pas. Par contre en histoire, géographie, Lettres modernes philosophie, sociologie, science naturelle etc., j’ai un trop plein, je ne sais pas qu’en faire… ».
La Loi, ‘‘Recherche et Innovation’’
A l’hôtel Résidence Ohinéné, à Cocody, Pr. Adama DIAWARA, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique présentant le Thème : «Enseignement Supérieur et Recherche Scientifique : Bilan, Défis et Perspectives », a soutenu que l’adoption, le mardi 06 décembre 2022 à l’Assemblée nationale la nouvelle loi relative à l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation permettra effectivement de relever de nombreux de défis qui se posent au sous-secteur, Enseignement supérieur et Recherche scientifique.
A l’effet de hisser les universités publiques ivoiriennes aux rangs des meilleures, Professeur Adama Diawara, annonce que la loi Recherche et de l’Innovation, vient apporter des réponses devant pallier l’insuffisance dans l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Puisque prenant en compte l’interdépendance du couple recherche, innovation et sa matrice Enseignement supérieur, ce qui correspond aux enjeux et exigences spécifiques à l’Enseignement supérieur, à la Recherche et à l’Innovation. Avec une visée du renforcement de l’autonomie à la fois administrative et financière des structures de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, tout en améliorant le système de gouvernance.
«Le projet de loi, grâce aux nombreuses réformes qu’il contient, apporte les réponses appropriées et durables aux problèmes de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en vue de lui permettre de jouer pleinement son rôle, depuis l’acquisition des connaissances de compétences et de l’innovation, au profit des besoins sociaux économiques et globaux», dira le 15è Invité du Forum des Directeurs de Publication de Côte d’Ivoire (FORDPCI). Ne dites pas que son président Charles Lambert Tra Bi n’était pas des plus heureux à cette tribune qui aura été un succès total.
«Nous sommes heureux que le ministre ait accepté l’invitation de notre organisation pour expliquer tous les efforts faits dans son département ministériel qui est d’un grand intérêt pour la Nation ivoirienne. Notre tribune vise à offrir aux acteurs des médias des informations de première main afin que ceux-ci puissent les relayer auprès des populations». Ce qui a été fait, ce jeudi 15 décembre 2022 dans les échanges directs, entre journalistes et le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Adama Diawara. Le 16è Invité de la Tribune du FORDPCI est attendu.
Ledebativoirien.net
H. MAKRE
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