Présenté comme SAWADOGO PHILIPPE, il est condamné à 20 ans de prison fermes, depuis 2011. Il en a purgé 11 en 2022. Il pense avoir pris conscience de son acte. Voici ce qu’il continue de demander au Président de la république ivoirien Alassane Ouattara et à sa victime, la juge Chantal Camara. Décembre 2022 : «Monsieur le journaliste, grand frère, ne nous laissez pas tomber». Octobre 2021, la rédaction de ledebativoirien.net est contactée. C’est un détenu.
Il y a un an déjà ledebativoirien lui prêtait attention. Décembre 2022, il renouvelle sa demande auprès de la rédaction à l’effet d’en faire écho auprès du chef de l’Etat.
Retour sur les regrets d’un détenu
La victime du détenu n’est autre que la présidente de la Cour de Cassation, Madame la juge Chantal Camara. «En 2015 le Président de la République avait fait des remises de peines de 4 ans, pour ceux qui sont condamnés à 20 ans. Nous n’avons pas pu en bénéficier. Il l’a fait deux fois. Moi, mes 10 ans, j’ai les ai fait à sec. C’est Dieu qui m’a aidé à faire mes peines…Aujourd’hui, je passe par vous monsieur grâce à une connaissance, pour que vous m’aidiez à demander pardon à la victime. La victime dit qu’elle a été violentée, brutalisée, mais pas de viol ou d’agression sexuelle, non, non. La victime s’appelle madame CAMARA CHANTAL, présidente de la Cour de cassation d’Abidjan », commence-t-il.
Que s’est-il passé cette nuit de 2011?
Voici l’histoire comme le détenu de Dimbokro l’a confiée, sur plusieurs jours par personne interposée à ledebativoirien.net…!
Je n’ai aucune famille sur le territoire ivoirien. Toute ma famille se trouve au Burkina Faso. Je reconnais avoir fait des choses trop graves. Je vous demande beaucoup PARDON, papa ADO au nom de Dieu. Après quelques années passées dans cette détention, cela m’a fait prendre conscience. Je souhaite que vous m’accordiez une seconde chance. Je n’ai pas bénéficié des remises de peine de 8 ans quelques années. Le président à fait, en 2015, une remise de peine». confie-t-il. Puis, il poursuit son récit :
«Voici un peu, ce que je suis. Vous pouvez me poser toutes les questions que vous souhaitez poser. Je vous répondrai avec plaisir. Merci de m’écouter et sauver des âmes perdues. Que DIEU vous donne longue Vie et qu’il vous bénisse. Je ne dis pas ces mots pour vous faire plaisir ou parce que vous voulez m’aider. Je le dis parce que c’est la vérité. Je sais de quoi je parle. J’ai vu beaucoup de choses et je continue de voir encore. Excusez-moi pour le dérangement. Merci infiniment d’accepter de m’aider monsieur le journaliste».
A-t-il été induit en erreur? Y-a-t-il une situation qui l’a obligé à agir?
On dormait au marché, sur les tables, parce qu’il n’arrêtait pas de pleuvoir des balles dans le quartier. Ça tuait beaucoup dans le quartier. Il y avait les règlements de compte. Je voulais à tout prix quitter Abidjan. Je sais que, ce n’est pas une raison pour que j’agisse ainsi, mais je ne savais pas comment faire pour retourner en famille avec mes enfants. Je voulais même partir à la cathédrale Saint Paul au Plateau pour demander de l’aide. Mais je ne pouvais pas, parce que connaissait pas le chemin. Je suis arrivé à Abidjan y a pas longtemps ».
Il poursuit les faits
««J’étais avec un ami Abidjan, c’était pendant la crise de 2011. Mon ami avait son frère qui travaillait avec une dame. Un soir, il est venu voir mon ami pour lui dire qu’il y a de l’argent quelque part dans la maison de madame où il travaille. Donc il veut qu’on parte prendre. C’est ainsi que nous sommes allés là-bas.
Ce jour-là, on est parti à 4 personnes. Avant qu’on ne parte là-bas, on muri une idée. On a donné des comprimés somnifères pour faire endormir les gendarmes qui la surveillaient la victime. Chose que le garçon de ménage a fait. Quand nous sommes arrivés, les gendarmes dormaient déjà. On a poussé le portail et on est rentré moi et mon ami, nous sommes restés au rez-de-chaussée et deux autres sont montés au balcon. Quelques minutes plus tard, ils sont redescendus et nous sommes repartis. Je ne peux pas vous dire ce qui s’est passé là-haut, parce que je ne suis pas monté ».
Il revient au procès
C’est comme cela qu’on a été arrêtés et déférés à la MACA, le 19/08/2011. Le jour de la mort de Yacou le Chinois. Les gardes pénitenciers ont déporté mon complice au camp pénal de Bouaké, quelques semaines plus tard, ils m’ont déporté à la prison de Dimbokro. C’est comme cela que je me suis retrouvé à Dimbokro, aujourd’hui ». Une pause. Reprise plus tard.
Que sont devenus les autres complices ?
N’dri Bekanty Joël, Combaté Laré, Douty Roger, Jean et Moi, avons été arrêtés. David s’est enfuit, lorsqu’il a su que N’dri Bekanty Joël l’a dénoncé. Nous sommes restés 5 à avoir été placés en garde à vue. Jean et Douty Roger n’ont pas participé au fait. Nous avons dit au juge qu’ils n’ont pas participé. Ils ont été libérés, quelques mois après. N’dri Bekanty Joël, Combaté Laré et moi-même avons été condamnés à 20 ans de prison».
Le détenu : «Il n’y a pas eu de mort. Combaté Laré et Moi sommes restés au rez-de-chaussée en train de surveiller les 2 gendarmes qui assuraient la sécurité de la maison. Ils étaient tous deux endormis. On les avait drogués avec des comprimés que les 2 garçons de maison ont mis dans leur nourriture. Donc, il n’y a pas eu de violence. «Chacun a eu 1.200.000 mille francs. Mais, nous avons su, après qui était la victime. Elle nous a fait payer très cher notre acte», explique-t-il.
Sa demande de clémence
«Je voudrais par votre action dire au Président de la République, le papa de la nation, au ministre de la justice, au ministre de la réconciliation, que je souhaite vraiment que la société m’accorde une seconde chance. Je veux retrouver mes enfants et aller à Gueyo pour m’occuper de la plantation de mon père et pouvoir prendre soins de mes parents et de mes enfants.
Je peux mentir pour dit que j’ai changé pour obtenir votre pardon, mais je sais ce que j’ai enduré et vécu durant ces années. Ce n’est pas quelqu’un qui va dire que ce que j’ai fait n’est pas bon. Je sais, maintenant ce qui est bon et ce qui ne l’est pas…», nous laisse-t-il comme l’un de ses derniers échanges.
Son message pour le Chef de l’Etat
Je n’ai aucune famille en Côte d’ivoire. Je vous demande pardon. Cela fait 11 ans 3 mois que je suis en prison. Nous n’avons pas bénéficié des réductions de peine de 4 ans que vous aviez accordé à 2 reprises en 2015. Je ne veux plus mentir encore. Je demande pardon parce que j’ai pris conscience des choses que j’ai faites. Qui ne sont pas bonnes. Moi seul sais, ce que j’ai enduré pendant ces 11 ans. C’est moi qui vais, aujourd’hui donner conseil à d’autres personnes qui voudront suivre mon chemin, de ce qui va leur arriver. Si jamais ils font ce qui n’est pas bon.
Je vous demande de m’accorder une seconde chance pour que je puisse m’occuper de mes enfants et mes parents qui sont à un âge très avancé. Je vous demande d’avoir pitié de nous, nous sommes aux nombre de 3 en détention à ce jour. Sawadogo Philippe, moi, à Dimbokro, N’dri Bekanty Joël à la Maca, Kombaté Laré au camp pénal de Bouaké.
En décembre 2022 le message du détenu repenti sera-t-il entendu par le Président de la République en cette fin d’année porteuse de la ‘‘ Grâce Présidentielle ? Sawadogo Philippe va croiser les doigts, depuis son lieu de détention, Dimbokro. Les autres complices, aussi, à Bouaké et Abidjan.
Ledebativoirien.net
Par HERVE MAKRE