«Je reste optimiste et je crois à la volonté du Professeur Adama Diawara à résoudre la question du chômage des Docteurs » Dr BOSSON
Entre, la fin des auditions de la session complémentaire du concours au recrutement 2022 à l’Enseignement Supérieur et l’intervention du Premier Ministre Ivoirien Patrick Achi qui estime que ‘‘faire le doctorat est un choix’’ qui ne contraint aucunement l’Etat à employer son détenteur, Ledebativoirien.net a rencontré l’un des responsables des collectifs qui portent la voix des titulaires du Doctorat au chômage en Côte d’Ivoire.
Dr Bertin BOSSON est le porte-parole du Collectif Ivoirien des Docteurs Non Recrutés. Présent depuis les premières heures de la levée de boucliers contre la gestion du concours de recrutement de titulaires du Doctorat par le département de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en 2021, il suit le processus devant aboutir à leur insertion professionnelle. Mais, il participle aussi au dialogue avec la tutelle.
Au terme du concours de recrutement de la session 2022, il se prononce au micro de Ledebativoirien (LDI) avec une certaine lucidité sur l’actualité des docteurs au chômage. Dans la tête d’un docteur en attente d’une insertion professionnelle, disons, d’un recrutement. Entretien.
LDI : Dr BOSSON vous êtes Porte-parole du Collectif Ivoirien des Docteurs Non Recrutés, où en est-on avec la suite du concours du recrutement des enseignants du supérieur ?
Avant tout propos, je tiens à vous dire merci pour l’occasion que vous m’offrez afin que je puisse me prononcer à nouveau sur la question de l’insertion des Docteurs en situation de chômage.
Relativement à votre question, il faut noter que la deuxième session de recrutement de l’année 2022 suit son cours. Ouverte depuis le samedi 08 octobre, cette session a débuté avec les inscriptions en ligne et le dépôt des dossiers qui ont respectivement pris fin le vendredi 04 et le lundi 07 novembre 2022. Après cette étape qui a été bien coordonnée par les services compétents du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, les candidats ont été soumis aux tests de recrutement du mercredi 23 au lundi 28 novembre 2022.
Comme annoncé à l’issue des négociations, la composition sur table a été supprimée. Chaque candidat a eu droit à deux passages. En effet, le jury 1 a permis d’évaluer les travaux scientifiques, le projet pédagogique et le projet de recherche de chaque candidat. Quant au jury 2, il s’est attelé à évaluer les candidats sur les connaissances fondamentales (L1) de leur discipline respective.
C’est l’occasion pour nous de remercier le Professeur Adama Diawara, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et son équipe pour tous les efforts déployés en vue de l’organisation de cette session qui va permettre de compenser les 152 places non pourvues au terme de la première session qui a vu le recrutement de 508 Docteurs sur les 660 places annoncées pour l’année 2022.
LDI : Un groupe de docteurs estime que cette session aurait été boycottée par l’ensemble des docteurs. Qu’en est-il ?
Ceux qui tiennent ces propos manquent de lucidité. D’abord, il faut savoir que tous les Docteurs étaient informés de la tenue d’une session complémentaire à l’issue de la première session qui a pris fin le 13 juin 2022, date de la publication des résultats. Depuis cette date, il y a un groupe de Docteurs qui a décidé de tout boycotter, à commencer par les audiences avec le Ministre de tutelle pour la poursuite du dialogue social engagé, depuis le mois de décembre 2021 avec les différents Collectifs des Docteurs non Recrutés.
Après avoir brulé des exemplaires de thèse, ce groupe a entrepris, sans succès, de suspendre les soutenances de thèse dans les universités publiques de Côte d’Ivoire. Après avoir projeté de faire une descente à l’IPNETP le 20 octobre 2022 pour saboter le processus de dépôt des dossiers, les initiateurs de ce mouvement ont dû rebrousser chemin face au dispositif de sécurité déployé par les autorités compétentes.
Devant cet échec, ils n’ont eu d’autre choix que d’appeler au boycott du concours, soit 12 jours après le début des inscriptions en ligne. Vous conviendrez avec moi que c’est ridicule d’attendre environ deux semaines après l’ouverture d’un concours, avant de demander son boycott.
Par ailleurs, tous les Docteurs ne pouvaient pas prendre part à ce concours. En effet, lors des pourparlers, les différentes parties prenantes au dialogue ont convenu de la répartition des 152 postes à pourvoir, en fonction des besoins prioritaires des universités par discipline et par spécialité. Ainsi, c’est seulement les docteurs qui ont vu leurs disciplines et spécialités dans le tableau de répartition mis en ligne sur le site du ministère qui ont postulé.
Par exemple, 5 sur 6 des porte-paroles des différents collectifs engagés dans le dialogue social n’ont pas pu postuler parce que leurs filières et/ou spécialités ne figuraient pas dans la répartition des 152 postes. Vous serez également d’accord avec moi qu’il faut être de mauvaise foi pour demander aux Docteurs qui remplissent les conditions de postuler de boycotter le concours juste parce qu’on ne peut pas postuler soi-même. En tout état de cause, les Docteurs concernés par le concours se sont inscrits. Ils ont fini les auditions et attendent patiemment leurs résultats.
LDI : Quel regard portez-vous sur la suite de l’insertion des titulaires du doctorat en Côte d’Ivoire au regard de l’analyse du Premier Ministre ivoirien qui note que l’État ne peut employer tous les docteurs, étant entendu selon lui, que le doctorat est un choix ?
Merci pour cette question. J’ai suivi avec intérêt l’intervention du Premier Ministre relativement à notre situation de Docteurs chômeurs. Je ne me permettrais pas de rentrer dans la polémique. À l’analyse, son intervention a permis à certains Docteurs qui ont choisi la défiance à l’autorité de descendre sur terre. Comme vous l’avez surement lu dans la presse, certains Docteurs n’ont de cesse d’exiger la démission du ministre de tutelle. Tout en refusant tout dialogue avec Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, ils ont invité le Premier Ministre à se saisir du dossier. Le message du Premier Ministre s’adresse en partie à ces derniers.
Pour notre part, l’intervention du Premier Ministre nous conforte dans notre position dans la mesure où il a encouragé la poursuite du dialogue avec le Ministre de tutelle en vue d’explorer toutes les pistes de solutions devant permettre l’insertion professionnelle de tous les Docteurs.
LDI : Espérez-vous toujours en l’engagement du Professeur Adama Diawara, Ministre de l’Enseignement Supérieur à tenir le recrutement annoncé pour 2023 après les propos du chef du gouvernement ?
Bien évidemment. Je reste optimiste et je crois à la volonté du Professeur Adama Diawara à résoudre la question du chômage des Docteurs. En effet, le dialogue social dans lequel nous nous sommes engagés a permis de dégager des perspectives pour l’insertion professionnelle de tous les Docteurs au cours de l’année 2023. Ainsi, à la demande des différents Collectifs, le Ministre de l’Enseignement Supérieur poursuivra le plaidoyer auprès du gouvernement pour l’augmentation du nombre de postes budgétaires de l’année 2023.
Par ailleurs, le Ministère de tutelle procédera à un recensement général des Docteurs encore au chômage, à l’issue de la session du premier trimestre de l’année 2023. Ces derniers feront l’objet d’un recrutement spécial sur la base de leurs compétences dans les lycées, les institutions, l’administration publique, les universités et grandes écoles privées.
Parallèlement à ces mesures, on note également des initiatives auprès du Ministère de la Fonction Publique relativement à l’augmentation de l’âge limite, à la reconnaissance du doctorat par le statut de la fonction publique avec la création de nouveaux emplois et au reclassement des fonctionnaires titulaires du Doctorat.
LDI : Avez-vous un appel à lancer ?
À l’endroit du gouvernement, nous demandons un regard bienveillant sur la situation misérable des titulaires de Doctorat en Côte d’Ivoire.
À l’endroit des Docteurs encore au chômage, j’invite chacun à se désolidariser de toutes les actions subversives pouvant saper les efforts du gouvernement et remettre en cause les acquis du dialogue. Je nous invite donc à faire preuve de patience tout en privilégiant le dialogue dans la recherche de solutions pour la résolution définitive de la crise du Doctorat en Côte d’Ivoire.
LDI : Merci, Dr Bertin BOSSON.
C’est moi qui vous remercie.
Ledebativoirien.net
par HERVE MAKRE
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