«Que le monde politique arrête cette prise d’otage continue et destructive du peuple ivoirien à chaque rendez-vous électoral»
Très engagé pour la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire depuis quelques années, Laurent Kouassi, ancien cadre de la CIE et écrivain ivoirien résidant au Canada, a publié en 2022, son deuxième livre intitulé »Mon carnet de la quarantaine. Enjeux de nombreux incongrus des sociétés africaines : le cas de la Côte d’Ivoire « .
Il jette, dans cet entretien, un regard critique sur la situation sociopolitique et économique de la Côte d’Ivoire et revient sur le contenu de ses publications. Interview post dédicace avec Ledebativoirien.net.
LDI : Vos vœux de 2023 à l’endroit du peuple ivoirien
Laurent Kouassi : A l’endroit du vaillant peuple ivoirien, je formule mes vœux de bonheur et de paix avec le désir ardent de voir un peuple totalement réconcilié et au travail pour assurer le développement et la prospérité de la nation ivoirienne.
Restant toujours dans le domaine des vœux, que pensez-vous de l’adresse de fin d’année à la nation du chef de l’État décrétant 2023 comme année de la jeunesse?
C’est un message très fort du chef de l’État à l’endroit de la jeunesse ivoirienne surtout au niveau du volet de l’accompagnement du gouvernement pour faciliter l’accès aux financements des projets innovants comme les start-up et autres.
C’est donc un discours fort intéressant et prometteur dans plusieurs autres domaines de la vie de la nation, même si des résultats concrets se font toujours attendre au niveau du chapitre de la bonne gouvernance avec son épineux problème de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite des élites.
Revenant à vos publications, pouvez-vous nous plonger dans le contenu de votre premier ouvrage «Côte d’Ivoire – la grande parenthèse – Devoir de mémoire»?
L’ouvrage «Côte d’Ivoire- La grande parenthèse – Devoir de mémoire» est essentiellement un cri de cœur à l’endroit de tout le peuple ivoirien et surtout à l’endroit des acteurs politiques du pays afin qu’ensemble, nous puissions créer les conditions d’une paix véritable et pérenne en Côte d’Ivoire car, rien n’est possible sans la paix dans un pays. C’est pourquoi, il est d’une importance capitale que la classe politique ivoirienne arrête cette prise en otage continuelle et destructive du peuple ivoirien à chaque rendez-vous électoral.
C’est donc un ouvrage qui relate l’histoire de la Côte d’Ivoire durant cette période sombre allant de Décembre 1993 à Avril 2011 que j’ai qualifiée de « la grande parenthèse ». Une manière pour moi d’indiquer au peuple ivoirien que nous devrions absolument nous approprier l’histoire de notre pays avec nos écrits et nos témoignages que nul ne saura mieux le faire à notre place.
Effectivement est ce que vous pensez que cette parenthèse est définitivement fermée?
Non, on ne peut pas dire que cette parenthèse est définitivement fermée aussi longtemps que les problèmes à la base de tout ce que le pays a vécu ne sont pas traités efficacement de la façon que la nation ivoirienne ne puisse rebasculer dans les mêmes erreurs du passé. Et pourtant, des solutions simples existent mais difficiles à développer et à implémenter compte tenu de certains intérêts partisans et égoïstes de la classe politique.
Prenons simplement deux (2) cas qui font partie des sources des conflits en Côte d’Ivoire à savoir le problème des cartes d’identité et le découpage des circonscriptions électorales. Comment comprendre que le politique puisse se mener à ces types de sujets au point de susciter des crispations et tensions dans un pays? Sincèrement, ces types de sujets devraient être neutres et totalement hors contrôle de la classe politique y compris la commission ou bureau chargé des élections dans le pays.
Qu’est ce qui a motivé la publication du 2ème ouvrage paru en novembre 2022 «Mon Carnet de la quarantaine – Enjeux des nombreux INCONGRUS des sociétés africaines : le cas de la Côte d’Ivoire»?
Comme indiqué un peu plus haut, le premier ouvrage était une sorte de critique qui s’apparente à une plaidoirie pour une Côte d’Ivoire Nouvelle de «Vivre ensemble» dans une paix retrouvée et durable. Ce qui nécessite des propositions au niveau de la vision qu’on se fait de cette nouvelle nation de nos aspirations.
Quelques grandes lignes de ce nouveau livre pour nos lecteurs?
Comme vous pouvez le remarquer, il est impossible qu’une seule publication puisse relever tous les « INCONGRUS » dans nos sociétés en Afrique en général avec le cas particulier de la Côte d’Ivoire. Mais à travers cet ouvrage, nous avons pu identifier quelques dysfonctionnements cruciaux dans les domaines comme l’urbanisme, l’agriculture, la vie communautaire en Afrique, le tourisme, le système éducatif, l’administration publique, la société civile et la vie politique sans oublier les valeurs et acquis de la Côte d’Ivoire depuis son indépendance en 1960. Tous ces sujets passionnants méritent que chaque ivoirien s’en approprie intensément et sincèrement pour le bon devenir de la Côte d’Ivoire Nouvelle.
Vous étiez récemment en Côte d’Ivoire pour la cérémonie de dédicace de vos livres. Que pensez-vous du nouveau visage que présente le pays avec tous les grands chantiers en cours?
L’année 2023 est une année d’élections dans le pays. Connaissant votre engagement pour la paix et la stabilité du pays, quel est votre message à l’endroit du peuple ivoirien en général et à la classe politique en particulier?
Comme je l’avais fait en Février 2021 à la veille des élections législatives, je profite de cette occasion pour réitérer le même message pour des élections pacifiques avec zéro perte en vies humaines en 2023. Il est vraiment important qu’on intègre dans nos pratiques le fait que les joutes électorales ne sauraient être des rendez-vous d’affrontements.
Comme vous pouvez déjà le constater avec les déclarations de certains partis de l’opposition, nous commençons déjà à entendre les sons des tambours de guerre avec toujours les mêmes refrains sur l’indépendance de la commission électorale indépendante et surtout l’épineux problème du découpage des circonscriptions électorales. Et pourtant ces rendez-vous devraient être simplement des moments importants de confrontations de programmes et d’idées pour qu’au final les meilleurs puissent l’emporter dans un esprit de fair-play et de convivialité.
Actualité 2023 : que pensez-vous de la libération des 46 militaires ivoiriens détenus depuis juillet 2022 au Mali?
C’est un sentiment de joie et de soulagement. Mes premiers mots de remerciements vont à l’endroit de nos autorités et surtout à l’endroit du chef de l’État qui ont œuvré jour et nuit pour aboutir à ce dénouement heureux, même s’il faut déplorer les atermoiements observés dans les premiers moments du l’éclatement de cette crise. Encore une fois, nous avons été témoins de l’importance de ce dicton du père fondateur de la Côte d’Ivoire à savoir « le dialogue est l’arme des hommes forts et non des faibles ». Vive la Côte d’Ivoire. Je vous remercie pour cet échange.
Ledebativoirien.net
par HERVE GOBOU