« …hommage au Peuple Malien », par Ahoua DON MELLO
Quel sens historique doit-on donner à cette journée de «La souveraineté retrouvée » ?
Si l’histoire de l’Afrique, encore enseignée dans de nombreuses écoles du continent cache sa gloire passée pour justifier la mission civilisatrice de l’esclavage et de la colonisation et l’animalisation de l’Africain dans des zoos lors des expositions universelles en Europe, les 8 volumes de 800 pages chacun sur l’histoire générale de l’Afrique produits par l’UNESCO, de 1963 à 2000, avec 230 chercheurs dont un tiers de non africains, sont venus restituer toute sa gloire passée, et aussi son déclin.
DE LA LUMIERE A L’OBSCURITE
L’histoire glorieuse du Mali commence par la naissance de l’Empire du Ghana qui fût fondé par le peuple Sarakolé entre le IIIe et le VIIIe siècle de notre ère. Cet Empire était à cheval sur le Mali actuel et la Mauritanie et avait pour capitale Koumbi-Saleh.
L’Empire du Ghana a tiré sa puissance de l’exportation du sel et de l’or vendus en partie en Europe et en Arabie. Grâce à ces produits, il étendit son territoire vers le Tekrour (actuel Sénégal) et vers le Manding (Est de La Guinée).
Sous sa férule, l’Empire du Mali s’étendait du Sahara à la forêt, de l’Océan Atlantique à la boucle du Niger et englobait de grandes parties des territoires actuels du Mali, de la Guinée, du Sénégal, de la Gambie, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire et de la Mauritanie.
Soundjata Kéita établit la capitale de l’Empire à Niani dans la Guinée actuelle ; Tombouctou qui a suscité l’émerveillement de René Caillé, était la capitale économique et culturelle. L’Empire du Mali réussit, dans la paix, à faire coexister diverses ethnies que sont : les Touaregs, les Wolofs, les Bambaras, les Songhaïs, les Dialonkés, les Malinkés, les Dogons etc. Toutes ces populations avaient en effet adhéré à la Charte du Mandingue.
L’économie de l’Empire du Mali reposait sur l’agriculture, l’artisanat, l’or, l’ivoire et le commerce avec le bassin méditerranéen. L’âge d’or de l’Empire fût atteint sous le règne de Kankan Moussa, vers 1312. Pendant cette période, l’Empire du Mali s’étendit de l’Adrar des Ifoghas à l’estuaire de la Gambie.
La puissance économique et militaire de l’Empire du Mali est un don du fleuve Niger. Grâce à elle, le rayonnement de Tombouctou, la capitale économique et culturelle de l’Empire et de son illustre Roi Kankan Moussa franchit toutes les frontières.
L’un des empereurs, Aboubakari II, tenta d’envoyer une expédition maritime de 200 bateaux vers l’Amérique sans y parvenir. Aboubakari II, lui-même, aurait décidé de relever le défi à la tête de 3 000 bateaux. Il n’en est jamais revenu. En revanche, là où Aboubakari II a échoué, Christophe Colomb réussit.
Essentiellement à cause de l’invention de la caravelle, un bateau adapté à l’agitation de la mer. L’échec d’Aboubakari II et la victoire de Christophe Colomb ferment la période de gloire de l’Afrique à travers l’Empire du Mali et ouvrent la période la plus sombre de son histoire qui a commencé par la déportation et la mise en esclavage des créateurs de la richesse dorée de l’Empire du Mali.
Dès lors, l’Empire français s’accapare des richesses aurifères qui ont contribué à la puissance de l’Empire du Mali et soumet la population aux travaux forcés pour la production du coton et de l’arachide. En 2018, la Banque de France possède 2437 tonnes d’or qui constituent 64% de ses réserves de change tandis que le stock d’or de la BCEAO regroupant les pays du territoire de l’Empire du Mali, reste plafonné à 36.5 tonnes (4.6 tonnes par pays) ; ce qui représente à peine 10.4% de ses réserves de change.
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DE L’OBSURITE A LA LUMIERE.
A l’issue du référendum organisé par la France sur l’Empire français, la République soudanaise est proclamée en 1958. Modibo Keita proclame l’indépendance de la République Soudanaise sous le nom de la République du Mali le 22 Septembre 1960.
En 2002, le général Amadou Toumani Touré, qui avait pris sa retraite de l’Armée pour se présenter, fut élu président de la République du Mali, et réélu en 2007. Le 22 mars 2012 Amadou Toumani Touré fut renversé par un putsch, mené par le capitaine Amadou Haya Sanogo dans un contexte de rébellion touarègue et d’attaques djihadistes.
Après une transition, Ibrahim Boubacar Keïta fut élu président de la République en septembre 2013 puis sera réélu en 2018 au terme d’une élection contestée. Le gouvernement doit faire face à une situation sécuritaire désastreuse induite par une rébellion et des attaques djihadistes.
Début 2012 est fondé Ansar Dine (les Défenseurs de la religion) avec pour objectif, l’application de la charia au Mali. Ansar Dine est allié à AQMI (Al Qaida pour le Maghreb Islamique) de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar dit le Borgne. AQMI est issu d’une scission du Groupe Islamique Armé (GIA) bras armé des islamistes pendant la guerre civile Algérienne et ayant fait allégeance à Al Qaida. En janvier 2013, les djihadistes lancent une offensive sur le sud du Mali, dont Lyad Ag Ghali est le principal initiateur. Le 9 janvier, il dirige l’assaut sur la ville de Konna qui est conquise.
Cette attaque provoque dès le lendemain une intervention militaire de l’armée française et de plusieurs pays africains. Les djihadistes d’Ansar Dine et d’AQMI abandonnent leurs positions et se réfugient dans l’Adrar des Ifoghas.
Les 5 et 19 juin 2020, à l’appel de l’imam Mahmoud Dicko, des dizaines de milliers de manifestants sortent dans les rues pour réclamer la démission d’Ibrahim Boubakar Kéita. Le 18 août 2020, vers 16 h 30, Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Boubou Cissé, sont arrêtés.
Une transition militaire dirigée par Assimi Goita et comme Premier Ministre Choguel Maiga s’ouvre après avoir renversé la transition civile. Sous la pression de la rue qui demande le départ des troupes françaises et l’arrivée de la Russie, la France annonce le 10 Juin 2021, le départ de l’opération Barkhane déployée par la France contre le terrorisme et dénonce la présence de la société privée Russe Wagner au Mali.
Arrivée en colon en 1898 et en sauveur en Janvier 2013, l’armée française quitte définitivement le Mali le 15 août 2022 et s’ouvre une période d’espoir d’une plus grande souveraineté pour le peuple Malien sous la direction d’Assimi Goita.
L’un des rares pays subsahariens à produire du blé, détenant l’une des plus grandes réserves d’hydrogène naturel au monde pour une économie décarbonée, avec 70 tonnes d’or produits par an et 50 tonnes par an à récupérer des mains des rebelles et djihadistes, le Mali a les moyens de sa prospérité, à condition d’avoir la pleine souveraineté sur son or comme Kankan Moussa et de rendre navigable en toute saison le fleuve Niger.
« Peuple du Mali, votre échec sera un échec pour tout le continent avec des conséquences semblables à l’échec d’Aboubakari II et de Samory Touré. Votre victoire, en revanche, sera un espoir pour tout le continent comme le fut la victoire de Soundjata Kéita et la prospérité du Mali de Kankan Moussa. L’espoir est permis», par Ahoua Don Mello.
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